La Médina de Tétouan est considérée comme la seule cité au Maroc qui garde jusqu'à nos jours le cachet authentique andalou, ce qui lui confère une place de choix dans le patrimoine culturel de l'humanité. Elle est d'ailleurs inscrite sur la liste du patrimoine culturel mondial de l'UNESCO depuis le 7 décembre 1997. Comparée à d'autres villes comme Salé, Tanger, Ksar Kebir, Larache ou Chefchaouen, elle paraît aussi la mieux conservée. C'est l'une des plus petites médinas marocaines, mais aussi la plus complète, présentant toutes les caractéristiques de la haute culture andalouse. Celle-ci a exercé une grande influence sur le goût artistique des Tétouanais, leur mode d'aménagement et d'organisation de l'espace, et d'une manière générale sur leur mode de vie social et culturel. La trame urbaine et l'architecture des édifices de Tétouan reflètent une notion de tolérance religieuse et culturelle, parmi les plus grandes au Maroc. Elles représentent un héritage qui conjugue des structures socio-économiques et des modes d'organisation de l'espace, puisant leurs références dans la cité islamique traditionnelle, de l'Occident musulman et surtout, de l'Andalousie musulmane. Mais cette Médina de Tétouan est aussi le résultat d'une fusion de différentes cultures autochtone, ottomane, européenne et andalouse. Elle s'étend sur une superficie de 50 hectares et se ferme à l'intérieur d'une muraille de 5000m2. Cette enceinte ne compte pas moins de sept portes ouvragées. L'une des plus belles et des plus fréquentées est Bab Okla. À quelques mètres, se trouvent le musée ethnographique Sqala et le quartier Souika, où vécut le général Franco durant son séjour à Tétouan. La Médina abrite aussi la mosquée de Lalla Fariya qui est la plus ancienne de toutes (1170). Plusieurs rues sont couvertes et forment de véritables souterrains. Les balcons en fer forgé des maisons blanches sont typiquement espagnols. Pour signaler que la famille était de Grenade, on ferrait un motif en forme de grenade sur la porte. Le lieu compte aussi, un nombre important, de grandes demeures traditionnelles qui traduisent le degré de développement, de l'architecture domestique de la ville. On peut citer la maison du Pacha Lebbadi, située dans le plus vieux noyau de la Médina. Une renaissance maroco-andalouse Mais si Tétouan est une des Médinas les mieux conservées au Maroc, elle souffre toutefois de problèmes qui affectent son cadre bâti et ses monuments historiques. Un projet de sauvegarde de la Médina est entamé, en partenariat avec la ville de Barcelone, qui le finance à hauteur de 11 millions de DH. L'opération porte, sur la réhabilitation de cinq places au centre-ville et l'organisation d'un circuit touristique. Celui-ci sera dédié au peintre Bertuchi. Un projet de requalification du centre colonial de la ville, a été lancé. Le reclassement et la restauration des façades sont en cours. Au sein de la Médina, la synagogue Bengualid a été restaurée et ses installations réhabilitées, grâce à la coopération andalouse et la participation, de la fondation du patrimoine maroco-judaïque. Un musée d'art moderne est également prévu. Il sera installé sur l'ancien site de la gare ferroviaire de Tétouan et financé conjointement, par le gouvernement andalou et le ministère de la Culture marocain. Pourquoi une si grande valeur universelle ? Le fait que cette Médina constitue un patrimoine culturel et architectural d'une grande valeur universelle s'explique par plusieurs raisons. Le site de Tétouan est membre du programme des 100 sites historiques méditerranéens d'intérêt commun. Tétouan fut fondée, à une époque très particulière de l'histoire du Maroc, où toutes les villes du littoral méditerranéen étaient occupées, les unes, par les Portugais, les autres par les Espagnols… Elle a donc joué le rôle d'une cité refuge et d'un poste d'avant-garde de Dar As Salam. Par sa position stratégique, cette ville historique était un point de jonction important et de transition, entre deux civilisations et deux continents. Edifiée par des hommes, héritiers de la grande civilisation andalouse, la Médina de Tétouan présente des particularités urbanistiques et architecturales, ayant exercé une influence, sur le développement architectural et artistique ultérieur, de tout le Maroc, surtout à l'époque du protectorat espagnol.