Vous avez certainement entendu parler de l'hypnose, cet état de sommeil éveillé, dans lequel la personne semble totalement influençable. Démystifions une technique auréolée de mystère… Tout d'abord, il est important de savoir que l'état hypnotique est un état banal, dans lequel nous entrons spontanément plusieurs fois par jour. Il peut s'agir d'un état de rêverie : lecture passionnante, émission de télévision, voyage dans un train, etc. Le sujet se déconnecte de la réalité environnante, out en étant présent ici, mais aussi ailleurs… Ne réprimandez donc plus votre mari lorsqu'il regarde la télévision, et que vous l'appelez trois fois pour passer à table : il est tout simplement en état de " transe hypnotique " spontanée. Son temps de réaction dépend de son état de concentration à ce moment-là. C'est donc cette modification de l'état de conscience que l'on appelle "l'état hypnotique ", le terme "transe hypnotique" étant celui qui fut utilisé en premier. Ce phénomène physiologique, normal et spontané, peut être cultivé par un médecin, qui le cultivera et l'entretiendra, à la demande du patient, dans un but thérapeutique. C'est uniquement dans ce cas précis qu'une hypnose peut être tout à fait éthique. Le but d'une (ou plusieurs) séances d'hypnose ? Il s'agit, sans suggestion intrusive, et en respectant intégralement son écologie psychique, d'aider un patient à trouver des solutions à un niveau inconscient, et d'accéder à ses ressources profondes. Ce faisant, il peut alors résoudre le ou les problèmes qui le bloquent. L'hypnotiseur n'est pas tout-puissant… Auréolée d'un certain mystère, l'hypnose a longtemps évoqué, à tort, une sorte de pouvoir occulte de celui qui l'utilise. Mais ne vous inquiétez pas, son influence sur votre inconscient n'est pas toute puissante. Il y a des " sécurités " dans notre cerveau qui nous empêchent de faire quelque chose de contraire à nos valeurs. Si vous vous mettez à faire un strip-tease commandé par un hypnotiseur de foire, ce n'est pas qu'il vous contrôle, mais plutôt que vous possédez quelques pulsions exhibitionnistes ! Au départ, l'hypnose est une méthode mise au point en psychiatrie. En court-circuitant les processus mentaux, elle permet d'atteindre, théoriquement, plus facilement l'inconscient. Cela peut permettre de faire ressurgir certains problèmes ou traumatismes liés à l'enfance. Mais un amalgame grossier perdure : celui de la suggestion utilisée dans les spectacles et l'hypnose thérapeutique telle qu'elle fut toujours utilisée en médecine. Déjà, aux XVIIIe et XIXe siècles, Messmer et Braid, puis, plus près de nous, Bernheim et l'Ecole de Nancy, Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière, avaient mis au point des modes d'interventions thérapeutiques et en Chirurgie. En ce temps-là, l'hypnose était la seule psychothérapie, et Freud lui-même utilisait, comme ses contemporains, l'hypnose. Ce fut un échec thérapeutique avec une célèbre patiente, Emmy Von N., qui le conduisit à inventer la psychanalyse, tandis que ses collègues et amis, Ferenczi notamment, conservèrent l'utilisation de l'hypnose, en psychothérapie notamment. Deux écoles s'affrontent Aujourd'hui, il existe deux écoles complémentaires. La première, traditionnelle, est basée sur la suggestion. La personne face à l'hypnotiseur subit des injonctions verbales, visuelles et corporelles. Cette technique part du postulat suivant : si on suggère à un patient de guérir, il peut guérir. Aujourd'hui encore, les hypnotiseurs de spectacle qui s'amusent à endormir une salle entière, relèvent de cette école. Mais, en médecine, l'hypnose traditionnelle n'a pas de vertus thérapeutiques à long terme : ses effets s'estompent en moins de trois semaines. Le risque majeur de cette hypnose traditionnelle est qu'elle introduit des suggestions et des modes de comportements extérieurs au sujet, qui n'entrent pas dans son " répertoire de vie " habituel. Elle peut alors entraîner des conflits intra-psychiques graves : le sujet ne reconnaît pas dans cette suggestion extérieure à lui-même le produit de ses propres capacités. L'hypnose ericksonienne, quant à elle, est fondamentalement différente. La suggestion directe est exclue. Cette technique sollicite la participation active du patient. Il s'agit plus d'un état de profonde relaxation pendant lequel le patient va pouvoir s'exprimer librement. Le thérapeute utilise des métaphores, c'est-à-dire un langage symbolique, pour guider l'inconscient du sujet et l'amener à trouver lui-même les solutions à ses problèmes. Totalement respectueuse de l'intégralité du patient, elle est donc compatible avec ses propres valeurs. Et cette thérapie brève, de dix séances en moyenne, permet de résoudre un problème ou une souffrance personnelle dont les sources, parfois, peuvent remonter à l'enfance.