Les hépatites tuent parfois. Plus souvent, elles affligent le malade de séquelles lourdes à gérer. Comment s'en prémunir et quelle discipline ou hygiène de santé faut-il observer ? Eclairage sur un vrai fléau. Le foie, avec son 1,5 kg chez l'adulte, est la plus grande glande de l'organisme. Il assure plusieurs fonctions essentielles de l'organisme. L'une d'elles est relative à la digestion et à la production d'enzymes digestives. Le foie aide l'organisme à digérer les graisses en sécrétant de la bile. Il détruit aussi les globules rouges, contribue au processus de coagulation du sang, intervient dans le métabolisme et dans le stockage des vitamines. C'est lui qui rend inoffensives les toxines auxquelles nous sommes exposés en mangeant, en buvant ou en respirant. On imagine donc que les affections pouvant nuire à son bon fonctionnement peuvent présenter une extrême gravité. Parmi elles, on compte de nombreux virus, notamment les hépatites. On distingue les hépatites A, B et C. Passage en revue de ces envahisseurs. Hépatite A : limiter les risques C'est la plus fréquente des hépatites virales. Elle peut être longue et épuisante, mais, sauf exception, la guérison est complète. Dans des cas très rares, elle peut être très grave (forme fulminante). Elle se traduit alors par des troubles de conscience pour aboutir à un coma. Pour éviter de la contracter, il faut respecter quelques règles d'hygiène. La contamination se fait par les mains, par les aliments ou par les selles d'un sujet atteint. En pratique, elle se fait par l'eau ou les aliments contaminés (mollusques, crustacés, fruits, légumes…). Elle ne se transmet que très rarement par voie sexuelle ou sanguine. Certaines hépatites A passent inaperçues. Peu spécifiques, les symptômes sont variés : fatigue, maux de tête, douleurs abdominales ou articulaires, nausées, anorexie et urticaire. Puis, 15 à 45 jours après le contact avec le virus, survient l'ictère (jaunisse) : le patient a la peau et les yeux jaunes, des urines peu abondantes et foncées. Le diagnostic est affirmé par les examens biologiques. La jaunisse dure généralement 2 à 6 semaines pendant lesquelles la fatigue et les nausées persistent. Puis, progressivement, le patient retrouve ses couleurs habituelles et l'appétit revient. Dans certains cas, la maladie se prolonge quelques mois, mais elle ne devient jamais chronique. Il n'y a pas de traitement. Le repos est conseillé. Une alimentation normale peut être maintenue, mais l'alcool est prohibé. Il faut aussi éviter les médicaments toxiques pour le foie. L'hépatite B : un virus très contagieux C'est une maladie grave qui peut évoluer vers une infection chronique. La contamination se fait surtout par voie sexuelle, mais aussi par voie sanguine. Le virus est très contagieux. D'après l'OMS, il y aurait 350 millions de porteurs du virus dans le monde. Les zones de forte endémie sont principalement l'Afrique et l'Asie du Sud-Est. La vaccination est recommandée chez les nourrissons avant un an et chez les personnes à risques. Dans deux tiers des cas, l'hépatite B passe inaperçue. Le diagnostic est fait à l'occasion d'un test systématique ou d'une fatigue inexpliquée. Les symptômes regroupent la fatigue, les maux de tête, les douleurs abdominales, les nausées, l'anorexie, puis un ictère, deux mois environ après le contact avec le virus. Dans ce cas, le patient a la peau et les yeux jaunes, des urines abondantes et foncées. L'amaigrissement peut être important. Dans moins d'1 cas sur 100, le début est beaucoup plus brutal : c'est l'hépatite fulminante qui se traduit par des troubles de conscience puis un coma. Que l'hépatite se soit manifestée ou non, 9 patients sur 10 guérissent spontanément, tandis que 1 sur 10 évolue vers une hépatite chronique. Dans ce cas, le risque est l'apparition à long terme d'une cirrhose, puis d'une insuffisance hépatique ou d'un cancer du foie. De plus, le patient reste porteur du virus. Il est donc contagieux pour ses proches, qui doivent prendre des précautions. L'hépatite aiguë B n'a pas de traitement spécifique. Le patient doit arrêter la consommation d'alcool et de médicaments toxiques pour le foie. Le traitement de l'hépatite B chronique active repose sur l'interféron alpha, des analogues nucléosidiques et des analogues nucléotidiques. Ceux-ci peuvent stabiliser l'infection. Mais actuellement, la guérison reste impossible. L'hépatite C : épidémie silencieuse ! L'hépatite C est due à un virus à ARN. Environ 3 % de la population mondiale seraient touchés. Ce virus se transmet principalement par voie sanguine. La transmission sexuelle existe, mais demeure exceptionnelle, car liée au contact sanguin. Elle ne peut donc a priori avoir lieu qu'en cas de lésions génitales ou pendant les règles. Il y a aussi un risque de transmission de la mère à l'enfant. Les précautions concernent surtout les toxicomanes aux drogues injectables. L'infection débute par une période d'incubation de 2 mois en moyenne. Puis, elle se manifeste par une hépatite aiguë dans 10 à 20 % des cas. Celle-ci dure environ 3 mois et entraîne de la fatigue, des troubles digestifs, une douleur au foie et, parfois, une jaunisse. Le médecin prescrira alors des examens biologiques. La fréquence d'évolution vers une hépatite chronique qui pourra se terminer en cirrhose et en cancer du foie est élevée (70 à 80 % des cas). De plus, l'hépatite C évolue silencieusement pendant 15 à 20 ans avant de se manifester. À terme, la cirrhose qui découle de l'hépatite C peut évoluer en cancer de sombre pronostic. Lors de la phase aiguë, le repos, l'arrêt de certains médicaments et l'arrêt de toute boisson alcoolisée sont les seules mesures à prendre. En cas d'hépatite chronique active, le traitement repose sur la prise d'interférons et d'un antiviral. Cette bi-thérapie n'est néanmoins pas la panacée puisqu'elle est inefficace chez 50 % des patients.