L'UNESCO a inscrit le site de Volubilis, sur la liste du patrimoine mondial en tant qu'exemple exceptionnellement bien préservé d'une grande ville coloniale romaine, située à la limite de l'empire. Aujourd'hui, ce site fait l'objet d'une restauration hors pair et c'est heureux. Une seule interrogation demeure : mais, où est donc passé Bacchus ? Le mot Volubilis dérive du mot berbère " Oualili " qui désigne le laurier-rose, plante qui pousse en abondance à proximité de l'oued Khoumane (au sud-ouest de Volubilis). Dans les sources arabes et sur les monnaies Idrissides, ce nom s'est transformé en "Walila ". La ville antique de Volubilis se trouve à trois kilomètres de Moulay Driss Zerhoun, à trente kilomètres de Meknès, et à une soixantaine de Fès. Plusieurs facteurs y ont favorisé l'établissement de l'homme dès l'époque néolithique : une position facilement défendable, l'abondance de l'eau, un climat favorable et un territoire propice à l'agriculture. Au IIe siècle av. J.-C., elle fait partie du royaume "maurétanien" qui se forma en Afrique du Nord et devint l'une des résidences royales de Juba II, roi maurétanien allié à Rome pour contrôler la région nord-africaine. La ville connaît deux siècles de romanisation. Les Romains n'y étaient représentés que par des hauts fonctionnaires, gouverneurs et officiers installés provisoirement dans la cité, et par quelques hommes d'affaires. Certains de ses habitants étaient originaires des provinces voisines d'Afrique du Nord. On y trouvait également une forte colonie d'Orientaux, des Grecs d'Asie Mineure, des Juifs de Palestine, des négociants syriens… Les Européens furent peu nombreux (Espagnols, Gaulois et Italiens). La ville connaît deux siècles de romanisation avant d'être abandonnée au IIIe siècle, lors de la chute de l'empire romain. Le mode de vie romain est peu à peu abandonné : le plan des maisons, est remanié, le tracé des rues, modifié. Conquise par les Arabes au VIIe siècle, la cité devient musulmane sous le règne de Moulay Driss, fondateur de la première dynastie marocaine (les Berbères christianisés qui l'habitaient, l'accueillirent et se convertirent à l'Islam). Son fils, proclamé à son tour souverain, réside un temps dans la cité avant de créer sa propre capitale : Fès. En 818, des Andalous s'installent en bordure de l'oued Khoumane. Habitée jusqu'au XIIe siècle, Volubilis tombe ensuite dans l'oubli. C'est dans l'imaginaire des populations locales que le site a survécu jusqu'à nos jours sous le nom de « Ksar Pharaon ». (*) Buste en bronze de Juba II, découvert à Volubilis. Musée archéologique, Rabat.