Immeuble historique à plus d'un titre, l'immeuble Liberté est reconnaissable à son élégante silhouette aux lignes de paquebot. Aujourd'hui, il demeure un exemple d'architecture indéniable. Il fut aussi en quelque sorte et malgré lui, un des acteurs de l'indépendance du Maroc et porte donc un nom plus que mérité. L'immeuble Liberté, conçu par l'architecte Léonard Morandi, place Lemaigre Dubreuil, plane littéralement au-dessus des boulevards de la Liberté, Zerktouni… Telle une passerelle de navire, il fait office de tour de contrôle. D'un côté, il observe les îlots denses du centre - ville, de l'autre, les villas et les jardins du quartier Mers-Sultan (2Mars, Habbous…). Fierté des Casablancais lors de sa construction en 1950, il reste un repère fondamental dans la ville. Ce nouvel édifice symbolise à son époque, la modernisation de Casablanca et du Maroc. Il est un aussi un prélude à la rénovation du quartier Benjdia (où le marché actuel, avait déjà été construit 20 ans plus tôt). Lors de son inauguration, un bidonville s'étendait encore à ses pieds. Avec ses superstructures navales, L'immeuble Liberté a figuré sur la couverture du numéro spécial “d'Architecture d'aujourd'hui” consacré au Maroc en 1951. Lors de sa construction, il est considéré comme “la première expérience africaine à grande hauteur, pour immeuble à appartements”. La presse locale se pose la question sur cette tour de 17 étages et de 78 mètres de hauteur : “peut-on vivre avec plaisir aussi haut, en ayant autant de voisins ?”. Les Casablancais sont à l'époque, certes, fiers d'habiter une ville possédant l'immeuble le plus élevé du continent, mais cela ne suffit pas à lever le doute de certains sur la qualité de vie dans une tour aussi haute. Son confort est très élaboré. La forme en V du terrain, dont la pointe est orientée sud, permet une excellente orientation du bâtiment; ce qui réduit considérablement le budget du chauffage. Les pièces principales, toutes en façades et donnant sur la place, sont abritées des brises marines, souvent chargées d'humidité. Sa superbe silhouette est allégée par la ligne détachée de son brise-soleil. Ce bateau immobile, s'ancre dans son terrain par de robustes piliers en V. Un immeuble d'une souplesse étonnante La modernité de cet immeuble ne s'arrête pas à sa façade. Léonard Morandi a exploré le thème de la mixité. Son souci principal fut la souplesse des espaces intérieurs. Il est possible de rassembler à la fois plusieurs appartements en un seul ; ou de transformer leur distribution au gré des souhaits des habitants. Les services et leurs couloirs sont séparés des pièces principales. Celles-ci peuvent donc aussi, être affectées à un appartement contigu, si l'on souhaite agrandir ou diminuer la surface de logements mitoyens. Les locaux de services sont nombreux : lingerie, office, vestiaire, lavabos, placards. Chaque chambre est équipée d'une salle de bains ou d'un cabinet de toilette. Et si certaines pièces sont petites, elles sont servies par des annexes.Tout est bien pensé pour offrir un réel niveau de confort à une clientèle bourgeoise. L'isolation thermique et acoustique est excellente (déjà, à l'époque…), ce qui n'est pas le cas pour bon nombre de bâtiments actuels. Même les vides- ordures particuliers aboutissaient à des incinérateurs, avec gaines aseptisées.