Être séropositif au Maroc Devant les prouesses scientifiques, les efforts déployés au niveau de la lutte contre le sida demeurent insignifiants. Cependant, les personnes séropositives-conscientes de leur maladie- sont la cible des discours moraux. Sachant très bien que le VIH diminue leur chance de survie, ces individus s'amoindrissent en attendant leur agonie. Susciter la pitié parce qu'on est atteint d'une maladie contagieuse est une chose. Être porteur d'un virus sexuellement transmissible en est une autre. Au Maroc, comme dans toute autre société conservatrice, les personnes séropositives seraient négligées, rejetées, voire dangereuses. Quand la santé des séronégatifs est en jeu, la méfiance est une nécessité, mais lorsqu'elle touche à la dignité des porteurs du VIH, elle devient une preuve d'égoïsme. Certains croient en la magie des exploits scientifiques, d'autres restent encore sceptiques quant à l'avenir des porteurs du virus du siècle. Ces malades qui se rendent chez des associations telle l'Association de lutte contre le sida (ALCS) ne sont pas toujours majeurs. Les personnes mineures n'étant pas à l'abri du fléau, elles doivent opter pour le dépistage précoce pour qu'elles puissent maintenir des comportements propres à éviter la transmission du virus, de même qu'elles doivent -en cas de résultat positif – accéder le plus tôt possible à un soutien approprié à leur cas. Ceci pourrait, en partie, prolonger leurs chances de survie. Dans les jardins publics, les cafés, les jeunes n'ignorent pas les moyens de transmission du virus. Ils sont très bien renseignés sur les moyens contraceptifs, l'importance du dépistage précoce, et ils connaissent même le remède : la prévention. Sanaa, la vingtaine, pense avec amertume à ces bébés qui naissent séropositifs : “nous pensons rarement à ceux qui sont condamnés à mourir dès leur naissance“ et d'ajouter après réflexion : “les bébés sont les premières victimes de ce fléau, ce sont eux qui ont besoin de toute notre réflexion”. Ces bébés ont été contaminés par leurs parents. L'infidélité conjugale commise à la recherche du plaisir charnel et l'argent facile en sont les principales causes. Pour payer le prix de leur indifférence, les parents doivent traiter leurs nouveau-nés séropositifs avec des thérapies anti-rétrovirales les deux premiers mois de leurs vies, pour une progression virale moins élevée. Jalil, la trentaine, nous parle de ces séropositifs qui ont besoin d'être traités avec un peu plus de sympathie et de respect. Pour lui, “un séropositif est un malade qui ne doit pas être traité comme un criminel, c'est avant tout une personne qui n'a pas su protéger sa santé et elle en paye le prix”. Sans oublier que la transmission se fait à deux, Jalil nous rappelle que “les deux partenaires étant concernés, les médias doivent insister sur la nécessité de se munir des moyens contraceptifs pour lutter contre les MST”... Toutefois, certains jeunes restent indifférents à l'égard des campagnes de sensibilisation organisées par quelques associations qui se donnent corps et âme pour faire face au fléau. Lequel désintérêt serait dû à la durée des campagnes “pas suffisantes”. Selon Sanaa, “une seule campagne de sensibilisation par an, qui ne dure que quelques jours, ne suffit pas pour sensibiliser la population, il faut encore plus d'efforts …” La maladie communément appelée “épidémie du siècle” reste le fléau le plus dangereux. Elle tue dix fois plus que les guerres et ses porteurs sont les êtres les plus vulnérables et les plus fragiles de la planète. A quand un vrai remède, et du respect pour ces personnes ?