Les islamistes tunisiens d'Al Qaïda L'arrestation de l'islamiste tunisien, Tarek Maâroufi, par la cellule anti-terroriste belge, a permis de découvrir un vaste réseau, bien structuré, qui prenait pour bases arrières les principales capitales européennes. Profitant des lois libérales de ces pays d'accueil, de la complicité de certaines ONG, également de l'alliance avec d'anciens militants de gauche maghrébine, les réseaux dormants d'Al Qaïda se sont ainsi enracinés progressivement dans le vieux continent. La télévision bruxelloise a annoncé jeudi soir que la justice a ordonné de mener une série de rafles dans les milieux islamistes, notamment tunisiens, détenteurs de la nationalité belge. Cette décision intervient dans le cadre de l'enquête portant sur l'attaque à main armée contre une fourgonnette blindée, transportant des fonds sur la piste de l'aéroport de Bruxelles le 2 octobre 2000. Sept caisses, contenant l'équivalent de 6,5 millions d'euros ont disparu. Les enquêteurs belges estiment, après de longs mois d'interrogatoires de deux islamistes tunisiens, Nizar Trabulsi et Tarek Maâroufi, que la somme volée avait vraisemblablement été utilisée pour le financement des attentats du 11 septembre. Information démentie formellement par le site Internet proche d'Al Qaïda ; également par les activistes de certaines ONG européennes, des militants des droits de l'homme, de quelques journalistes indépendants – la majorité des Tunisiens vivant entre Paris, Genève et Madrid. Ces derniers, après avoir changé leur fusil d'épaule, ont commencé à flirter avec ce courant islamiste le plus dangereux. Parmi eux, nombreux sont ceux qui se sont rendus – sur invitation des Talibans et d'Al Qaïda en Afghanistan, au Pakistan et en Tchétchénie. Ils n'ont pas tardé à revenir pour faire l'éloge de ces super-musulmans qui ont été à “ l'origine du démantèlement de l'ex-URSS et qui se lancent actuellement à l'assaut du “ fief des kouffars ”, les Etats-Unis, instrument d'“Al-Istikbar”. Néanmoins, il faut préciser que ces journalistes ont fait ce “pèlerinage” par conviction ; d'autres, dans le cadre de leur activité lucrative de renseignement et de propagande contre une rémunération payée par une antenne, présente le plus souvent à Bruxelles ou au Luxembourg. Le cas tunisien le plus significatif est celui de Slim Bagga, qui se fait passer tantôt pour un journaliste en free lance, tantôt pour un militant des droits de l'homme. Bagga : De Ghannouchi à Maâroufi Ancien démarcheur de publicité pour le magazine tunisien “ Réalités ” (de 1984 à 1990, Slim Bagga a volontairement quitté son pays. Les raisons de ce départ – qui d'ailleurs n'était aucunement lié à la politique - demeurent jusqu'à ce jour une interrogation même pour ses proches. Au début, il a travaillé comme archiviste au siège du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), parti au pouvoir en Tunisie, avant de passer à l'opposition dont il a abusé de sa “ générosité ” alors qu'il se proposait d'espionner dès son arrivée dans la capitale française. “ Il a été toujours louche, ce garçon ” s'accordent à dire quelques responsables des partis de l'opposition qui l'évitent malgré les efforts qu'il déploie pour les approcher proposant de les interviewer pour la publication pamphlétaire qu'il dirige à partir de Paris. Après un parcours restreint, assez mouvementé dans ce domaine, il a fini par être adopté – après plusieurs tests où il a montré ses preuves- par un courant du mouvement islamiste Annahda, représentée par deux figures de proue sur la scène parisienne. Il s'agit de Habib Mokni et Reda Driss. Pourtant cette adoption n'a été définitive qu'après l'aval de l'ancien patron de la sécurité de ce mouvement, Saïd Ferjani, résidant à Londres. Parmi les tests imposés à Slim Bagga : rencontrer publiquement des islamistes maghrébins, des pays du Moyen-Orient dont Abou Anass Al-Libi et l'Egyptien Yasser Al-Serri. Enfin pour boucler la boucle, accorder des interviews presque régulières au leader du mouvement Annahda Rached Ghannouchi ; et consacrer des pages entières à l'idéologue politique, Saleh Karkar. Depuis, les islamistes tunisiens financent la publication “L'Audace” de Slim Bagga, qui par la suite, a réussi à s'introduire dans les milieux intégristes. C'est lors de ses multiples navettes à Londres qu'il a connu Tarek Maâroufi dont il a pris fait et cause. Les dissidents de la Jama'a Islamia qui ont quitté l'Afghanistan il y a plus d'un an, affirment que Bagga roule pour le réseau tunisien d'Al Qaïda contre argent. Les partisans d'Annahda tentent de prouver le contraire, en montrant des photos de ce dernier en train de prier dans différentes mosquées de Paris et de Bruxelles. Quoi qu'il en soit, Slim Bagga qui a mis sur pied une cellule de propagande formée de membres des d'ONG européennes, de journalistes indépendants, ne cesse de défendre la cause de Tarek Maâroufi, aujourd'hui derrière les barreaux en raison de son implication dans l'assassinat du commandant Messaoud, deux jours avant les attentats du 11 septembre. Pour les enquêteurs belges, “Maâroufi est avec d'autres Islamistes tunisiens et libyens l'une des pièces maîtresses du réseau Oussama Ben Laden en Europe” ; et d'ajouter : c'est grâce à ce dernier, que les frères saoudiens Moutabakani – lieutenants de Ben Laden- ont pu échapper au piège qu'il leur avait été tendu à Anvers en juin 2001 et qu'ils ont fini par atteindre la Somalie. Le divorce annoncé Les aveux de Tarek Maaroufi du 29 novembre 2001, notamment après le compte rendu des écoutes téléphoniques, présenté par la police anti-terroriste italienne le compromettant dans l'assassinat du commandant Massaoud, Slim Bagga a commencé à prendre peu à peu ses distances envers ceux qu'ils appelait dans ses papiers “ mes amis ” ; c'est-à-dire Tarek Maâroufi et Walid Bennani, tous deux accusés et relaxés en janvier 2001 par la justice belge de l'assassinat du ministre socialiste André Cools. De sources arabes spécialisées dans ce domaine de l'anti-terrorisme, on apprend que Slim Bagga – disant avoir infiltré la mouvance tunisienne d'Al Qaïda- a récemment proposé d'aider les services d'un des pays du Golfe. Les contacts ont été pris par l'intermédiaire d'un ancien haut responsable maghrébin qui, à maintes reprises, a reporté son retour dans son pays à la dernière minute. Affirmation d'autant plus invérifiable que Slim Bagga est connu pour ses divagations et le brouillage des pistes chaque fois qu'il se sentait sur le point d'être lâché par ses alliés de circonstance. À l'heure actuelle, le “journaliste, le militant” des droits de l'homme, l'ami des “terroristes” déplume certains anciens ministres tunisiens en exil, rackette astucieusement à la fois ses “garants” du mouvement Annahda en tendant la main à un homme d'affaires de l'extrême gauche tunisien. En tout état de cause il faut signaler que le réseau tunisien de Ben Laden en Europe est le plus puissant logistiquement et aussi le plus dangereux. Car il a ses ramifications notamment dans les milieux qui ne sont guère soupçonnés par les cellules anti-terroristes européennes tels : les ONG, les députés européens, le plus souvent infiltrés par des universitaires tunisiens et aussi les petites structures liées à des Associations régionales des droits de l'homme, basées au Pays-bas, en Allemagne ou en Suède. A cela s'ajoute une panoplie de journalistes indépendants comme par exemple, Slim Bagga qui a un jour dédié un des numéros de sa publication à Maâroufi, n'hésitant pas à se laisser prendre en photo avec lui.