Négligence médicale Nos hôpitaux ne sont pas les meilleurs du monde, on le savait. Mais quand la négligence du corps médical va jusqu'à jouer avec la vie des gens, il y a de quoi révolter les familles des victimes de l'erreur médicale… Un samedi à 17h. Cinq bonnes femmes qui respirent un peu d'air sur le gazon d'un jardin public de la ville de Rabat, finissent leur journée à l'hôpital Avicenne. En une fraction de secondes, une voiture venue de nulle part les renverse. Le conducteur ayant complètement perdu le contrôle de son engin les écrase toutes les cinq en plus d'une mendiante les ayant approché pour demander de la charité. Les six femmes sont toutes touchées. L'une d'entre elles seulement est très légèrement blessée. Les cinq autres ont dû être transportées d'urgence à l'hôpital Avicenne à Rabat. Jusque-là, il s'agit d'une histoire ordinaire d'un accident de la route. Un seul détail cependant aurait changé la donne, selon les familles des victimes. "Le conducteur est médecin de profession. Il a bien sûr tout de suite été arrêté par la police… Une fois aux urgences, les médecins internes ont fait preuve de solidarité en liquidant les victimes leur faisant croire qu'il ne s'agissait que de blessures mineures sans importance. C'est pour éviter que sa détention ne dure longtemps…", lance le fils de l'une des victimes. Conclusions trop hâtives ou coup de gueule de familles pleines de rancœur, il y a de quoi en tout cas. Et pour cause, en arrivant à l'hôpital, les six femmes ont dû avaler calmants après antidouleur. L'une d'entre elles, Yamna El Khir était la seule souffrant d'une fracture au bras. Diabétique, on lui a fait subir une anesthésie locale sans se soucier de s'assurer si son corps pouvait supporter de telles injections. Quelques heures plus tard, Yamna El Khir est morte d'une crise cardiaque. Une autre victime, Fatima El Fihri, qu'on aurait sorti de l'hôpital le jour même de l'accident en expliquant à sa famille qu'elle ne souffrait que de blessures mineures lui causant naturellement des maux de tête, est tombée dès le lendemain dans le coma. A ce jour, elle est encore en salle de réanimation à l'hôpital Avicenne à Rabat. Ces deux incidents n'ont pas manqué de provoquer la panique parmi le personnel de l'hôpital. Ayant intervenu auprès de ces femmes faisant preuve d'une négligence et d'une irresponsabilité qui n'étonnent finalement plus beaucoup de monde. Mal de conscience, ou peur de tomber dans le piège de l'erreur médicale, les mêmes médecins ayant intervenu ce jour-là, sont partis à la recherche des 3 femmes, encore en vie, dont ils avaient l'adresse. La mendiante, sans domicile fixe, étant à ce jour perdue de vue. Ahuries par la nouvelle de la mort de Yamna El Khir et le coma de Fatima El Fihri, les familles des 3 autres femmes auraient catégoriquement refusé de retourner à l'hôpital préférant leur hospitalisation dans des cliniques privées. Révoltées, les familles des victimes ont envoyé des plaintes pour "négligence médicale" aux ministères de la Justice et de la Santé et même à l'association marocaine pour les droits de l'homme (AMDH).