S.M le Roi Mohammed VI effectue à partir du 23 novembre 2004, une visite officielle dans cinq pays de l'Amérique latine. Pour son premier déplacement outre-Atlantique, le Souverain veut diversifier ses alliés stratégiques pour un nouveau partenariat efficient et durable. Un signe fort de la volonté du Maroc d'aller de l'avant dans son processus d'intégration et d'ouverture sur le monde. “Historique, détermi- nante, prometteuse, très importante... Les cinq ambassadeurs des cinq pays de l'Amérique latine à Rabat n'ont pas de qualificatifs aussi élogieux et optimistes pour commenter la décision de S.M le Roi Mohammed VI de se rendre dans leurs pays respectifs, du 23 au 28 novembre courant, pour une visite officielle, point d'orgue d'un processus de réchauffement des relations bilatérales. Premier voyage officiel d'un Souverain marocain dans la région, ce grand événement fera, certainement, date dans les annales des rapports entre le Maroc, l'Argentine, le Brésil, le Pérou, le Mexique, ainsi que le Chili. Il fera d'abord la démonstration la plus éclatante du souci du Royaume de renforcer ses relations en tous genres avec ses partenaires de l'autre rive de l'Atlantique. Et ensuite, le déplacement du Souverain, tel qu'il a été annoncé en grandes pompes, traduit la volonté du Maroc d'aller de l'avant pour affermir davantage ses alliances stratégiques en matière de coopération internationale. Hautement symbolique, comme le soulignent à l'unanimité les ambassadeurs interviewés par La Gazette du Maroc, le déplacement du Souverain marque la détermination du Maroc d'intensifier ses efforts pour promouvoir les échanges, tant au niveau politique qu'économique, avec les cinq alliés avec qui le Maroc entretient des relations toutes particulières à l'instar d'autres pays d'Amérique, d'Europe, d'Afrique et d'Asie. Un partenariat qui situe la coopération avec le Maroc dans les différents espaces auxquels il appartient : “une dimension africaine, une profondeur moyen-orientale, un espace méditerranéen et un prolongement européen”. En effet, l'annonce de la visite du Souverain en Amérique latine a fait fonctionner les ambassades des pays inscrits dans l'agenda royal au rythme de l'événement. Avec tout autant d'enthousiasme et avec toutes les attentions et tous les égards dus à leur hôte de marque pour accueillir, dans leurs capitales respectives, pour la première fois pour certains pays, le chef d'Etat arabe qu'est S.M le Roi Mohammed VI. Un jeune monarque qui, depuis son intronisation en 1999, multiplie les déplacements à l'étranger, séduit par son sens politique, sa vision des choses et sa volonté d'entretenir des relations multilatérales soutenues et productives. Cette volonté n'est malheureusement pas la chose la mieux partagée dans la région. Le nom du pays maghrébin le plus concerné par cette crise autoproclamée n'est pas une énigme. L'Algérie de Bouteflika et les séparatistes du Polisario dont les efforts de lobbying déployés pour faire reconnaître la RASD par plusieurs pays d'Amérique latine se sont soldés par un échec avéré. De Brasilia du Brésil, à Buenos Aires de l'Argentine en passant par Santiago du Chili, la question du Sahara fait l'unanimité. Tous les chefs d'Etat, ou presque, n'ont pas manqué de réaffirmer leur appui aux décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour aboutir à une solution politique définitive, négociée entre les parties. Depuis bien longtemps, le Maroc ne cesse de tisser des liens solides avec les dirigeants et les hauts responsables des pays d'Amérique latine. Dernière tournée en date, celle de Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires étrangères, dépêché par le Souverain dans plusieurs capitales d'Amérique latine en avril dernier. Objectif: discuter avec ses homologues, non seulement des voies et moyens de renforcer, de développer et d'approfondir les relations économiques et commerciales de pays à pays ainsi que dans le cadre de la coopération Sud-Sud, mais aussi d'enrichir la compréhension mutuelle en faveur de la paix et de la sécurité dans le monde. Le Maroc et ses partenaires d'Amérique latine, ont déjà identifié les secteurs économiques à promouvoir pour chacun des pays, en fonction des considérations stratégiques et marketing liées à leurs spécificités respectives. Il ne reste qu'à ratifier ces accords préférentiels en perspective de la signature, en présence du Souverain et d'une importante délégation d'hommes d'affaires, des zones de libre-échange avec les dirigeants de ces pays émergeants d'Amérique du Sud, comme l'Argentine, le Brésil ou encore le Pérou. À ne citer que les accords de coopération qui ont déjà été signés entre le Maroc et le Pérou, en 2003 et en 2004, dans le secteur du tourisme, celui des exportations... Ces grands pays d'Amérique latine, de plus en plus industrialisés, sont plus que jamais amenés à faire des exportations leur modèle de croissance. Pour cela, ils cherchent à s'ouvrir sur de nouveaux marchés et aux nouvelles opportunités qu'offre le marché marocain. L'occasion est propice et le Maroc est on ne peut plus disposé à encourager les relations économiques avec ses partenaires outre-Atlantique pour combler le grand déficit dans le domaine. À titre d'exemple, comme le rappelle l'ambassadeur du Chili à Rabat, Alejandro Carvajal, les échanges commerciaux entre les deux pays ne sont en effet que de l'ordre de 10 millions de dollars par an, soit en dessous du niveau qu'elles devraient atteindre. “Notre but est d'augmenter les échanges commerciaux entre les deux pays et surmonter les difficultés du transport et de la législation pour réaliser un accord sur les tarifs préférentiels avec le Mercosur (accord de libre-échange)”. Cet appel est en parfaite harmonie avec la volonté réformatrice du Souverain. Le Maroc met également l'accent sur sa détermination de favoriser la libéralisation du commerce, les privatisations, les partenariats avec des entreprises étrangères ou encore garantir les investissements étrangers au Maroc. Ce qui tombe à point puisque le Royaume privilégie lui aussi, et de plus en plus, le renforcement de son processus d'intégration et d'ouverture sur le monde, notamment, à travers la signature d'une série d'accords de libre-échange aussi bien avec les pays développés comme les Etats-Unis ou l'Union européenne ou encore avec des pays en voie de développement comme l'Egypte, la Tunisie, la Jordanie ou tout récemment la Turquie. Fidèle aux grands principes de l'OMC, le Maroc n'en continue pas moins non seulement à coordonner ses efforts au sein du groupe des 20 (G 20) -groupe qui rassemble les pays en développement qui commencent à peser dans les négociations commerciales internationales- mais aussi à revendiquer une meilleure représentativité des pays en développement au sein des Nations Unies. En somme, l'accueil chaleureux de la décision du Souverain de se rendre en Amérique latine, démontre, si besoin est, que le Maroc est un pays convoité économiquement parlant. Les jalons d'un nouveau partenariat efficient sont bel et bien jetés.