Acide phosphorique Fauji Fertilizer, un fonds de pension pakistanais très présent sur le marché des engrais, est le partenaire de l'OCP dans la construction de sa nouvelle usine d'acide phosphorique. Le montant de l'investissement est de 2 milliards de dirhams. Les retombées sont importantes. Mourad Chérif est un homme heureux. Il lui a fallu peu de temps à l'OCP qu'il dirige pour convaincre son partenaire pakistanais, Fauji Fertilizer, de monter une usine de production d'acide phosphorique au Maroc. Idem pour le montage financier du projet. Driss Jettou, le Premier ministre, qui a présidé, la semaine dernière, la cérémonie de signature du partenariat dans son bureau de Rabat, n'a pas manqué de relever “ la rapidité avec laquelle le projet a été mis en application ”. Le résultat de l'investissement sera détenu à parts égales entre les deux partenaires. Montant de l'engagement : près de 2 milliards de dirhams. Est-ce dans les cordes de l'OCP ? “ Les promesses d'engagement que nous avons des banques marocaines couvrent plusieurs fois nos besoins en fonds”, rétorque Mourad Chérif, le directeur général du groupe phosphatier. Pakistan Maroc Phosphore SA (PMP), le nom de la nouvelle entité qui sera créée, sera implantée dans le parc industriel de Jorf Lasfar, à quelques encablures de la ville d'El Jadida. Elle sera dotée d'un capital social de 800 millions de dollars détenus à parts égales. Comme pour le projet de Lafarge II ou encore de Tahaddart ; la construction des installations profitera à un tissu de petites et moyennes entreprises. “ Nous sommes convaincus que le montage de cette unité industrielle apportera de la fraîcheur à un réseau de sous-traitants que nous sommes décidés à accompagner”, notera Mourad Chérif à ce sujet. Autrement dit, avec le chantier, ce sont plusieurs milliers de journées de travail qui seront créées. Côté emploi permanent, aucun chiffre n'a été avancé, mais une source de l'OCP l'a quantifié aux environs de 800 personnes. La production annuelle de PMP tournera autour de 400.000 tonnes, lesquelles seront entièrement livrées à la firme pakistanaise Fauji Fertilizer. En effet, dans son marché d'implantation, Fauji passe pour le plus grand producteur d'engrais. Son chiffre d'affaires annuel est de l'ordre de 300 millions de dollars pour une production de 2,5 millions de tonnes. Autant dire que l'unité de PMP a été essentiellement créée dans le but de permettre à Fauji Fertilizer de subvenir à une partie de ses besoins en acide phosphorique, “40% des besoins”, selon le général Muhammad Amjad, président du groupe. Il faut dire que la firme, acteur majeur de son marché dans le monde, a été approchée de manière méticuleuse par les experts de l'OCP. Ceux-ci ont mis en œuvre tout leur savoir-faire pour convaincre les décideurs de Fauji de rouvrir une usine qui était fermée depuis le début des années 1990 et ce en promettant de couvrir ses besoins en matières premières. Les premières livraisons de PMP sont prévues pour fin 2006. Carte de visite Fauji Fertilizer (FF) est une filiale du Groupe Fauji. Il s'agit d'une société héritée de la partition avec l'Inde en tant que compagnie privée, mais qui est passée sous le giron du fonds de pension qui gère, entre autres, les caisses de retraites militaires, ce qui explique l'existence d'un général à sa tête. FF, qui a commencé sa production en 1982, est aujourd'hui de loin le premier producteur d'engrais au Pakistan avec 2,5 millions de tonnes par an dans trois sites de production. FF dispose dans son marché d'un réseau de distribution qui lui permet d'écouler annuellement plus de 500.000 tonnes d'engrais. Ses parts de marché s'établissent à plus de 60%. Par ailleurs, le partenariat avec l'OCP n'est pas le premier du genre pour FF. Depuis 1993, la firme s'est associée à une société jordanienne pour le montage d'un parc industriel en Jordanie. En 2003, FF s'est appropriée la totalité du projet suite au retrait du partenaire jordanien. Aujourd'hui, la structure industrielle réalise un chiffre d'affaires de 100 millions de dollars.