Pendant tout le mois d'août, nous vous présenterons des portraits de chefs de Cabinets de différents ministères. L'occasion de faire sortir de l'ombre ces hommes et femmes qui secondent nos ministres. Zahra Maafiri, chef de Cabinet du ministre du Commerce extérieur Du commerce au féminin Derrière sa douceur féminine se cache une grande technocrate. L'une des rares femmes chef de Cabinet au Maroc, Zahra Maafiri aux apparences très jeunes s'amuse à raconter qu' “en arrivant au Cabinet, les gens qui viennent voir “Madame la chef de Cabinet” me prennent souvent pour la secrétaire”. Un Bac sciences maths et physiques et une licence en économétrie à Rabat en poche, cette Rbatia démarre sa carrière à la Cour des comptes en tant que magistrat. Elle ne le restera pas longtemps. Ce métier l'ennuyait et Zahra Maafiri a besoin de mouvement. En intégrant le 16 octobre 1991 le ministère du Commerce extérieur elle était servie. “Avec tous les programmes qui se présentaient en cette période en matière de libéralisation, d'ajustement de l'économie marocaine, etc, il était essentiel d'avoir un département fort (...) J'ai donc eu la chance de démarrer avec une équipe forte et très dynamique”, se rappelle-t-elle avec une pointe de nostalgie. Maafiri ne cache pas avoir intégré l'administration “avec l'idée que c'est un endroit où les femmes tricotent et les hommes jouent aux mots fléchés”. Il n'en était rien pour elle : “dès le départ je suis tombée dans une administration qui fonctionnait à mille à l'heure, jour et nuit et week-ends”. Pendant ses premières années, Maafiri a bénéficié avec ses collègues de l'époque de plusieurs cycles de formation et dit-elle “de la grande attention de nos supérieurs et tous les cadres du ministère. On s'est vu confier de grands dossiers”. Un travail qui lui aura valu une parfaite maîtrise de l'anglais, sa langue de travail. Après 5 ans de travail, Zahra Maafiri décide de reprendre les études. Grâce à son niveau d'anglais, elle avait le mérite d'obtenir une bourse du gouvernement britannique. Direction l'Angleterre où elle décroche en 12 mois un MBA en finance internationale. “J'avais provisoirement quitté mon poste au sein du ministère au risque de ne plus le récupérer à mon retour”, mais rentrée au Maroc, elle reprend tout de suite ses mêmes fonctions. Par la suite, M. Bouhlal, alors S.G du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, lui propose de s'occuper du dossier de la diplomatie économique au sein de son ministère. Offre qu'elle ne décline pas. Elle a fait ce travail jusqu'à ce qu'on lui ait proposé en novembre 2002 de joindre le Cabinet de Mostapha Mechahouri en tant que chef de Cabinet. “M. Mechahouri cherchait quelqu'un qui maîtrise le Commerce extérieur tout en étant en dehors du ministère du Commerce extérieur. Je remplissais cette condition”. Elle qui ne connaissait pas du tout Mechahouri aura découvert “un grand homme”. “Il est perfectionniste avec un esprit de gestion d'un établissement privé, ce qui rend le travail au sein de son ministère encore plus dynamique (...) Très ouvert sur son personnel, il communique beaucoup et laisse convaincre...”. Driss Zine-Eddine El-Idrissi, chef de Cabinet du ministre de la Santé L'économie de la santé Né en 1966 à Oued Zem dans une famille de fonctionnaires, Driss Zine-Eddine El-Idrissi a habité plusieurs régions du Maroc grâce au travail de son père qui devait se déplacer régulièrement. À Beni Mellal il décroche un Bac en sciences économiques et à Marrakech une licence dans la même branche. Ensuite démarre l'aventure française. El-Idrissi s'envole pour Rennes où il obtient un diplôme en Relations internationales et un deuxième en économie, puis un doctorat en sciences économiques. Pendant les deux dernières années de ses 9 ans passés en France, El-Idrissi a travaillé en tant qu'enseignant chercheur à l'université de haute Bretagne. Economiste de formation, il rentre au pays en février 1997 lorsqu'on lui propose de s'occuper au sein du ministère de la Santé de l'unité de l'économie de la santé. Fonction qu'il assurera 6 ans durant lesquels il a réalisé avec son équipe des études sur l'assurance maladie obligatoire, le régime d'assistance médicale, etc. Plus tard, il s'occupera au sein du même ministère de la division de la planification des études. En parallèle avec ces fonctions, El-Idrissi n'avait pas le temps de souffler : “j'étais en même temps enseignant à la faculté de médecine de Marrakech, à l'Institut national d'administration sanitaire, à la faculté de droit et d'économie d'Agdal à Rabat et dans une école d'infirmiers. J'étais également vice-président d'une association maghrébine sur la santé et consultant international”. C'est en cette période que le contact s'est déclenché avec Mohamed Cheikh Biadillah. Les deux hommes travaillaient ensemble sur le dossier de l'assurance maladie. Le courant serait passé, Biadillah ne tardera pas de lui proposer de s'occuper de son Cabinet. “C'était en septembre 2003. Avec tout le respect que j'avais pour M. le ministre je n'ai pas refusé, toujours est-il que c'était une personne que je ne connaissais pas assez bien”. L'idée d'être chef de Cabinet n'était pas pour lui déplaire, mais le prix était d'annuler la totalité de ses activités parallèles. “Actuellement, je m'occupe à plein temps de mon travail de chef de Cabinet qui est très intense. C'est un travail physiquement fatiguant”. Driss Zine-Eddine El-Idrissi se rappelle avec le sourire toutes “les bêtises” qu'il a faites au début de ses fonctions. “C'était surtout que je ne maîtrisais pas les règles du protocole...” précise-t-il. Au bout de 11 mois dans le bain il aura vite appris. “Maintenant je commence à bien connaître le ministre. Je sais par exemple que pour lui annoncer un problème sur un grand dossier, il faut le faire le matin à la première heure au bureau ou chez lui à la maison. Jamais lorsqu'il est débordé”. “On travaille souvent chez lui à la maison lorsqu'on doit avancer sur un dossier. Souvent le soir, pendant le Ramadan et actuellement en été avec l'horaire continu”, ceci n'empêche que ses rapports avec le ministre restent très professionnels. Ce qui l'étonne chez son ministre c'est sa capacité de lecture et d'assimilation. “M. Biadillah est quelqu'un d'extrêmement cultivé. Il lit de la poésie en arabe, français, espagnol, anglais et latin. Il n'arrête pas de lire. N'importe quoi, le moindre document... Même chez lui, il regarde les journaux télévisés nationaux. Ensuite c'est la lecture”.