Sur la trace de l'Aéropostale Chaque année, une équipe de passionnés d'aviation part sur les traces des grands aviateurs de l'Aéropostale dont les plus célèbres restent Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet…Les participants reproduisent, avec leurs appareils et selon des règles bien précises, une épopée qui se déroulait il y a près d'un siècle dans le ciel marocain… L'hôtel Hyatt de Casablanca, lundi 29 septembre, 20 heures. Aujourd'hui la réception doit faire face à l'accueil de clients un peu particuliers. Alors qu'on a plus l'habitude d'y voir pénétrer des hommes en costard-cravate, des chefs d'entreprise à attachés-case ou des touristes fortunés, ce soir on croise dans le hall toute une troupe de Français à l‘accent chantant, dont les blagues et rigolades s'entendent de loin. Certains, noirs de poussière, sont encore revêtus d'une combinaison de vol rouge et dégagent des effluves d'essence... Nous venons de faire connaissance avec les participants du rallye aérien reliant Toulouse à Saint Louis du Sénégal sur les traces de l'Aéropostale.Un événement sportif en l'honneur de grands personnages tels Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet qui ont marqué de leurs exploits l'aventure aéronautique. Ce rallye est né en 1983 sur l'initiative d'André Salas, sous le parrainage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du temps où il était encore Prince héritier et avec la participation active de la RAM. Il est organisé par l'association “ Air aventure ”, un groupe de bénévoles qui manifestent leur passion du vol en retraçant durant dix jours l'aventure qu'ont vécue en leur temps les célèbres “ chevaliers du ciel ”. Le rallye repose donc sur l'aspect historique tout en se basant sur l'idée de partage : “l'avion comme moyen de communication”. C'est à ce titre que l'événement est sponsorisé au Maroc par Siemens, toujours à la pointe dans cette sphère. L'escadrille est composée de 17 avions et de leurs équipages, principalement de nationalité française même si on peut y découvrir quand même quelques Allemands, Anglais, Italiens ou Grecs. Certains participants passionnés sont même venus depuis la Polynésie. Il y a aussi des équipages féminins et ils se montrent largement aussi motivés que leurs collègues hommes, mixité oblige ! Les équipages vont ainsi parcourir 10.000 kilomètres aller-retour à une vitesse moyenne comprise entre 200 et 300 kms / heure. Le rallye relie des étapes historiques tout en passant par de petites villes typiques. Une bonne occasion pour les pilotes de visiter et d'apprécier le Maroc, d'autant qu'ils ont le privilège de découvrir le continent africain “ vu du ciel ”. Ils s'émerveillent de la variété des paysages qu'il leur est donné de survoler tout au long de cette traversée. Plus de la moitié du parcours concerne le territoire marocain puisque 8 escales sur 14 s'y déroulent. En phase avec l'esprit des pionniers de l'aviation, l'aventure conserve une certaine part de poésie. Lors de la traversée du désert, par exemple, les équipages se branchent sur la même fréquence radio et l'un d'eux lit pour tous, dans la torpeur de la carlingue, les écrits de leurs prédécesseurs.Un esprit d'aventure Mais un rallye est aussi, ne l'oublions pas, une compétition. Malgré la bonne ambiance qui règne (nous sommes entre passionnés unis par les épreuves et les sacrifices), l'émulation demeure. Le classement est annoncé tous les soirs. Comme les avions inscrits sont de types très différents, aussi bien au niveau de l'autonomie que de la taille ou de la vitesse, les épreuves du rallye sont adaptées. Pour les avions et les pilotes, il s'agit tout d'abord de retrouver les anciennes sensations et techniques de vol et de pratiquer ce que l'on appelle le “ vol à vue” ; les épreuves sont donc de types variés. Elles concernent en partie le temps de vol : chaque équipage fixe en fonction de son appareil un temps moyen de vol qu'il doit respecter en passant à un repère précis à la seconde près ! Il y a aussi des épreuves de visualisation, de consommation, d'atterrissage et même des tests de culture générale qui donnent lieu à toutes sortes de combines pour ne pas se faire coller ! Cela nécessite une organisation attentive pour assurer le suivi et le ravitaillement des avions menés à rude épreuve (réparations, pleins d'essence) mais aussi des hommes (accueil, halte, soins d'urgence, d'où la présence permanente d'un médecin) tout aussi sollicités que leurs machines ! Les responsables ont tenu à saluer à ce propos l'aide des intervenants marocains qui les assistent. Le premier but reste donc de célébrer l'Aéropostale en tant que “ patrimoine commun entre le Maroc et la France ” selon les organisateurs.L'association insiste avant tout sur le but non lucratif et désintéressé de l'évènement. Pourtant, le rallye a pu aussi donner naissance à des initiatives d'ordre privé et personnel, à but humanitaire, comme l'acheminement de médicaments dans des zones défavorisées…Cette année, une des initiatives consiste en un échange, un partenariat entre des élèves français et une école sénégalaise. Les écoliers français ont rassemblé des cartables remplis de stylos et de cahiers destinés aux enfants défavorisés. Ils peuvent suivre, grâce à Internet, de façon pédagogique l'aventure des pilotes qui ont accepté de se charger (bien qu'ils soient limités en poids) de l'acheminement de ces fournitures scolaires. Le rallye se révèle donc à la fois une aventure technique, sportive, culturelle et humaine qui mérite d'être connue. Souhaitons-lui une longue vie, dans la passion et l'entraide, en tant que diffusion de rêve et incarnation des ailes de l'espoir…