Programme national de lutte contre la cécité D'aucuns avaient hâtivement conclu à la disparition prématurée du trachome cécitant qui avait ravagé le territoire national dans les années 50 et auparavant. C'était crier victoire trop tôt en condamnant “une maladie oubliée”, cantonnée dans des “régions éloignées”. Le Département de la Santé a décidé de changer de stratégie en ciblant l'éradication du fléau à l'échéance 2005. Ce mal fait encore très mal en de nombreuses contrées du globe. Le trachome est encore responsable de 15% des causes de cécité dont souffrent 6 millions d'individus. Et la menace prend de l'ampleur avec 146 millions de personnes porteuses du trachome actif et 540 millions d'individus directement exposés au développement de la maladie. Au Maroc, même si le mal a disparu dans la plupart des régions du Royaume, le fléau continue de sévir dans cinq provinces du sud-est que sont Zagora, Errachidia, Ouarzazate, Tata et Figuig. Au bas mot, plus de 390.000 personnes sont recensées porteuses dénombrées en 1993 dont 265 000 souffrant du trachome actif. Près de 1% de la population de ces contrées était déjà condamné à être aveugle. Le credo de la “CH.A.N.CE” Le trachome est une maladie oculaire d'origine infectieuse qui atteint la conjonctive dans l'œil (conjonctivite subaiguë)et qui se transmet dans le milieu familial par le canal de la relation mère-enfants et enfants-mère. Cette maladie transmissible prospère en espace insalubre, par manque d'eau, la promiscuité, le partage des linges souillés, la mauvaise gestion des ordures et des excréments, le pullulement d'insectes… En fait, ce mal est “l'attribut” du dénuement et est catalogué “maladie du pauvre”. Foi du Dr Youssef Chami El Khazraji, chef de la Division des maladies transmissibles au ministère de la Santé : “le trachome n'est cependant pas un problème strictement médical, c'est essentiellement et surtout le reflet d'un grave problème socio-économique. En fait, le facteur essentiel est la pauvreté”. Pour y faire face, le Département gouvernemental coiffé par M. Biadillah a adopté le choix d'une stratégie inspirée par les partenaires nord-américains d'ITI (International Trachome Initiative) en conformité avec l'OMS. La déclinaison de celle-ci porte un sigle-concept de bon augure : CH.A.N.CE. Fondée sur une approche de prévention et de traitement d'une plus grande proximité, notamment à l'occasion de la fourniture des “Soins de Première Santé”, ce nom de code signifie en substance: • CH : chirurgie du Trichiasis complication précécitante du trachome, • CH A : traitement des formes actives par les antibiotiques, • CH N : nettoyage des mains et du visage, • CH CE : changement de l'environnement. Cette action est accompagnée par une formation appropriée des ressources humaines (plus de 400 professionnels de la santé s'activent dans ce créneau) et l'évaluation des méthodes d'intervention. Un partenariat actif, entamé depuis une décennie, coordonne les actions du Programme national de lutte contre le trachome entre nos pouvoirs publics et l'ONG nord-américaine ITI siégeant à New York. La mission de cette dernière vise à “élargir le contrôle et les mesures qui concourront à la suppression définitive du trachome cécitant, principale cause mondiale d'une cécité susceptible d'être prévenue”. Le groupe de pays pilotes choisis par ITI, outre le Maroc, comprend le Ghana, le Mali, la Tanzanie et le Viêt Nam. En partenariat avec l'OMS, cette ONG caresse l'ambition de l'élimination globale du trachome sur la planète à l'horizon 2020.