Quand la hantise de la quête de l'être pèse de tout son poids, elle ne peut qu'accoucher d'une œuvre artistique voluptueuse et opulente. Les toiles d'Adam Abduallah, artiste peintre soudanais, en sont la parfaite illustration. Lauréat des beaux-arts en 1997, peintre des silhouettes et d'icônes pittoresques abstraites, Adam s'est tissé, d'une main de maître, un parcours riche d'expériences et d'expositions picturales. Sa tournée à travers les pays arabes a connu un succès considérable. Abritée par l'Institut culturel français de Rabat, depuis le 5, et jusqu'au 28 avril, l'exposition a séduit les amoureux d'arts plastiques par la magnificence expressive des toiles. Esprit libre, Adam, en s'inscrivant dans le courant abstrait, entend s'affranchir des règles reproductrices du réel, conférant ainsi à l'image une symbolique hermétique aux multiples représentations. Derrière ce regard de l'artiste, se dresse une vision ésotérique des choses, mêlée à une tension dont cette quête identitaire omniprésente est à l'origine. Moyen de locution de cette quintessence spirituelle, cette expression picturale, riche en symboles et en représentations, traduit l'interrogation erratique de l'artiste sur le morcellement de ses origines arabo-africaines. Ramification où la culture africaine tranche, en définitive. A travers cette liberté expressive et inspiratrice, qui confère à l'œuvre un lyrisme envoûtant, ces toiles se détachent des conventions de l'optique perspectiviste et tachiste, relatant, par la même, des images irréfléchies. Associées, ces couleurs d'encre vives, aquatiques mais surtout chaudes, comme l'aridité et la chaleur du climat africain, raffermissent l'appartenance à cette terre chérie et s'épousent harmonieusement et intensément, alternant le clair et l'obscur et illuminant ces toiles d'éclat et d'écho captivants. De cette quête découle un art pictural qui, s'il se ressource de l'éternelle problématique existentialiste propre à l'artiste, tend vers l'universel par le biais d'une approche artistique utopique. Libérée de toute forme conventionnelle, la spontanéité de ces effigies se déchaîne en pulsions féeriques. Invitation au rêve ésotérique et mystique, l'œuvre d'Adam Abduallah, au-delà de sa dimension métaphorique, ensorcelle en termes plastiques et esthétiques, débouchant sur une interprétation large de l'usage culturel des objets de réflexion individuels ou partagés. Cet apprivoisement de l'art, Adam le transcrit en images émotionnelles ou gestuelles, comme expression consciente ou inconsciente de cette quête de sens et de vie.