Continuité D'une année à l'autre, les signes perceptibles d'une évolution silencieuse mais ambitieuse apparaissent dans les paysages politique, économique et social du Maroc. Même s'il est irrévérencieux de faire le bilan de l'activité royale, qui s'inscrit dans le cours de tout un règne, l'évaluation,à l'occasion de la fête du Trône demeure néanmoins opportune. Et pour cause! Trois images fortes. Quoique indissociables de tout l'élan pris sur la voie de la modernité, elles incarnent, toutefois, l'esprit avec lequel Sa Majesté le Roi Mohammed VI gère l'espace du pays. De sa nomination de Driss Jettou au poste de Premier ministre, à l'issue du scrutin du 27 septembre 2002, à la cérémonie d'accueil officiel du Président pakistanais Pervez Mucharraf, en passant par l'important discours prononcé le 29 mai dernier en réponse aux attentats terroristes de Casablanca, les indices d'une démarche résolument tournée vers la dynamisation sociale sont plus qu'apparents. Déblocage Qu'on s'en souvienne. Durant l'été dernier, le Maroc était totalement absorbé par un processus électoral des plus prometteurs. En effet, les premières élections législatives du nouveau règne devaient constituer un grand pas en avant sur la voie de la consolidation des acquis démocratiques. La volonté royale était claire: faire de ces élections une étape qui romprait définitivement avec toutes les expériences passées et néanmoins décriées depuis le début des années soixante.Un défi énorme pour le Maroc, d'autant plus que la conjoncture internationale et les engagements du Maroc vis-à-vis de l'Union européenne et de ses alliés, notamment les Etats-Unis d'Amérique, ne permettaient plus aucun écart de conduite. Mais le pari a été gagné. Les élections du 27 septembre 2002 ont été transparentes, libres et conformes aux vœux de Sa Majesté le Roi de doter le pays d'institutions crédibles. D'ailleurs, les différents milieux politiques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays ont exprimé leur satisfaction quant au déroulement du scrutin, qui a permis au Maroc d'être répertorié comme un Etat démocratique. Les résultats annoncés, les tractations pour la formation d'un nouveau gouvernement allaient partir sur des chapeaux de roue. Les ébauches d'alliances tant à droite, qu'à gauche ou encore au centre ont failli déboucher sur un blocage politique. D'un côté, l'USFP qui se positionnait comme le premier parti au vu du nombre de sièges et de voix obtenus, rassemblait autour d'elle, l'alliance socialiste, le RNI et l'Union démocratique tout en évitant d'approcher l'allié traditionnel qu'est l'Istiqlal. Celui-ci, craignant d'être écarté de la course aux portefeuilles, se tourna vers le PJD, le MP et le MNP. Il n'en fallait pas moins pour casser les maillons de l'engrenage. Mais, l'Etat a horreur du blocage tout comme la nature a horreur du vide.Or, la Constitution marocaine, dans son article 24, stipule que le Roi désigne le Premier ministre. Dans le cadre de la monarchie exécutive, Sa Majesté le Roi débloque la situation en nommant comme Premier ministre un technocrate rompu aux affaires politiques, puisque Driss Jettou n'est autre que celui qui avait conduit, du début à la fin, le processus électoral, ayant été sous l'alternance le ministre de l'Intérieur. Cette même expérience allait voir sa fin sonner, bien que bon nombre de partis l'ayant conduite ont rempilé. USFP, Istiqlal, MP, MNP, PPS et RNI devaient, alors, siéger côte à côte pour se voir définir d'autres priorités gouvernementales. En effet, le discours prononcé par sa Majesté le Roi à l'ouverture de la session d'automne de la Chambre des représentants devait tracer une ligne plus pragmatique de l'action de l'exécutif.A l'opposé de l'approche de Youssoufi qui pêchait par un embrouillage de dossiers à traiter, les nouveaux objectifs tracés pour le gouvernement Jettou sont, désormais, de quatre ordres: l'éducation, l'emploi, l'habitat et la santé. Et toute l'action doit obéir à une règle fondamentale qu'est la proximité. Sur ce registre et au bout de huit mois d'exercice, Driss Jettou avait tenu à présenter un premier bilan devant les représentants de la Nation.Un bilan conjugué à la continuité de l'action sociale de Sa Majesté le Roi, dénotent une clarification des choix axés sur le développement économique et social. Confirmation Mais, ceci ne veut aucunement signifier que le développement économique se fera sur l'autel de la démocratie, tel préconisé par les théories ayant eu cours à l'époque de la décolonisation. Sa Majesté le Roi Mohammed VI n'a eu cesse de répéter que le progrès du pays est tributaire de ses choix démocratiques, dans le cadre du projet de société démocratique et moderniste. Même aux pires moments, comme ce fut le cas lors de la période post-attentats terroristes du 16 mai 2003.Le Souverain avait tenu à souligner haut et fort que le Maroc et ses forces vives n'ont d'autre alternative que de consolider le projet démocratique.Une réponse cinglante à toutes ces forces obscurantistes et rétrogrades qui essaient de prendre en otage la société marocaine et lui dresser des embûches sur la voie de l'ouverture et de la tolérance. Le Souverain n'y est pas allé par quatre chemins, pour dire à son peuple qu'il se mettra toujours à l'avant-garde de la lutte pour les idéaux de la liberté et de la démocratie, insistant, dans ce sillage, que le temps du laxisme vis-à-vis de ceux qui essaient de freiner l'élan de l'Etat était, désormais révolu.Quelle belle assurance pour un peuple qui n'a jamais imaginé que la pieuvre obscurantiste et terroriste puisse un jour étendre ses tentacules pour ébranler les fondements sociaux, culturels et religieux d'un Maroc attaché à son identité, mais ouvert aux réalités de son temps. Sur ce volet, le Roi du Maroc, Amir Al Mouminine, n'a pas de leçon à recevoir de ces pseudo-érudits qui ont osé interférer dans un champ qui lui est propre en suggérant, à l'instar de Raïssouni, des formules inacceptables pour la gestion de l'espace religieux. La suite est connue, et les promoteurs de telles thèses aussi farfelues que populistes en ont eu pour leur compte. Tout comme, ceux qui croyaient voir un relâchement de l'Etat, allant même jusqu'à prédire les pires des scénarios. C'est en tout cas, une ignorance manifeste des règles qui régissent le Maroc depuis plus d'un millénaire et qui ont fait de ce pays un havre de paix et de stabilité que lui envient maladivement ses adversaires du pourtour régional. Et l'action royale, discontinue, dans le sens de la sauvegarde de l'intégrité territoriale n'est qu'une autre démonstration de l'attachement, par le Souverain, au pacte sacré qui le lie au peuple marocaindans son ensemble dans le cadre constitutionnel en tant que garant de l'unité et de l'intégrité de la Nation. Et pour mieux couronner tout le processus, n'y a t-il pas meilleure concrétisation des principes de la modernité que cette image inédite de la première sortie officielle de Son Altesse Royale Lalla Salma qui, aux côtés de Sa Majesté le Roi, accueillait les hôtes du Royaume, le Président pakistanais Pervez Musharraf et son épouse. Une image qui vient enrichir cet illustre album des noces royales où, pour la première fois dans l'histoire du Maroc, l'épouse du Souverain devenait une personnalité publique.Un autre signal fort adressé au monde entier et qui signifie que le Maroc et son Roi ne feront aucune concession sur la modernité et le progrès.