Course à la Mairie de Casablanca Le délai de dépôt des candidatures pour les 16 conseils d'arrondissement de la ville de Casablanca s'est ouvert le 15 août, pourtant l'USFP a été incapable jusqu'ici de se mettre d'accord sur les listes de candidats à présenter. Les divergences opposent principalement deux membres du Bureau politique du parti, en l'occurrence Khalid Alioua et Mohamed Karam. Une énième réunion du Bureau politique de l'USFP est programmée pour lundi 18 août pour tenter de débloquer la situation. "L'USFP vivait depuis plusieurs mois déjà de sérieux problèmes organisationnels. Et le premier secrétaire du Parti, au lieu de s'atteler à les résoudre comme le lui demandaient avec insistance les militants, a malheureusement contribué à les aggraver en cautionnant le communiqué publié dans Al Ittihad Al Ichtiraki du 4 août qui est à l'origine de l'impasse actuelle ! ", fulmine cet Ittihadi de longue date qui désespère de voir le parti qu'il porte dans son cœur menacé de perdre encore des plumes à Casablanca, lors des communales du 12 septembre prochain, à cause justement de divergences qui le minent de l'intérieur. C'est en effet le communiqué précité qui a mis le feu aux poudres. Publié en bonne place en manchette et illustré de la photo de Khalid Alioua, arborant son sourire des grands jours, le communiqué annonçait en substance que "le Secrétariat de l'USFP de la ville de Casablanca, à l'issue d'une réunion présidée le 1er août dans la capitale économique par le Premier secrétaire du parti, a décidé de choisir Khalid Alioua, membre du B.P. et député de la circonscription Casa-Anfa, pour diriger le groupe des candidats ittihadis pour le Conseil de la ville". Et pour bien montrer que cette décision était bien cautionnée par le Premier secrétaire du Parti, le communiqué soulignait que ce dernier a solennellement remis les clés de son domicile casablancais au Secrétariat de la ville pour l'utiliser comme siège lors de la campagne électorale ! Précision utile à apporter : dès le lendemain de cette réunion, c'est-à-dire le 2 août, Abderrahmane Youssoufi s'envolait pour Cannes. La version de Karam Pour Mohamed Karam, qui a de solides raisons pour se considérer comme le représentant attitré du parti dans la capitale économique depuis de longues années*, cette décision a été soigneusement préparée pour l'éliminer de la course à la mairie de la capitale économique. Il en veut pour preuve le fait que la réunion précitée du Secrétariat de la ville, dont il assurait la fonction de coordinateur, s'est tenue alors qu'il était en déplacement à l'étranger pendant une dizaine de jours pour des raisons familiales. Mais ce n'est pas là l'unique raison qui a conduit le député Usfpéiste de Hay Hassani à écrire, dès son retour de voyage, une lettre de protestation au Bureau politique proclamant son opposition au contenu du communiqué du 4 août. En effet, dans leur précipitation à vouloir coûte que coûte déblayer le terrain de la mairie de Casablanca au candidat Khalid Alioua, les partisans de ce dernier semblent avoir poussé le bouchon trop loin. Ils ont ainsi carrément supprimé le nom de Mohamed Karam de la liste des candidats du parti aux communales de la circonscription de Hay Hassani dont il est pourtant le représentant au Parlement. Le nom de Karam ne figure donc ni en tête ni en queue de la liste des candidatures transmise par le Secrétaire de la section du parti à Hay Hassani. C'est surtout cette "gaffe", beaucoup plus que la question de la mairie de Casablanca, qui allait faire sortir Karam de ses gonds. Ce dernier en attribue la responsabilité au seul Mohamed El Amri, le secrétaire de la section Usfp de Hay Hassani. Pour justifier son geste, El Amri a d'abord tenté d'expliquer que Karam n'avait pas présenté sa candidature. Mais quand ce dernier a démenti, notamment sur les colonnes d'Ashrak Al Awsat et devant les instances du parti, Mohamed El Amri a alors invoqué le prétexte que le nom de Karam aurait été éliminé par les militants du parti de la section qu'il dirige. Ce que dément catégoriquement Mohamed Karam qui en veut pour preuve le fait qu'il a récolté plus de 20.000 voix lors des législatives du 27 septembre dernier, justement à Hay Hassani. Ainsi, pour Mohamed Karam, ni les organes décisionnels de la section du parti ni les militants de Hay Hassani n'auraient été consultés lors de l'établissement de la liste de candidats de cette circonscription. Seul le Secrétaire de la section en aurait pris l'initiative. Le même problème aggravé par l'épineuse question du classement des candidats sur la liste de chaque arrondissement se pose d'ailleurs avec plus ou moins d'acuité dans les autres sections du parti, en particulier à Sidi Othman dont les militants sont allés jusqu'à organiser un sit-in de protestation devant le siège du parti à Rabat. Des remous qui bloquent l'établissement des listes définitives des candidatures. Pour revenir à l'affaire Alioua/Karam, il est de notre devoir de préciser qu'il ne nous a pas été possible de récolter l'avis de Khalid Alioua, malgré notre insistance deux semaines durant. Par contre, Mohamed Karam s'est expliqué dans sa lettre de protestation adressée au B.P. du parti, où il affirme que le Secrétariat de la ville de Casablanca a dépassé ses prérogatives en publiant le communiqué rédigé à l'issue de sa réunion du 1er août arguant que le contenu est du ressort du seul Bureau politique du Parti. En outre, insiste-t-il, la circulaire du B.P. datée du 23 juillet 2003 adressée aux organes décisionnels du parti à Casablanca précise que les noms des 131 candidats au Conseil de la ville, à choisir parmi les 385 membres des 16 conseils d'arrondissement, sont de la compétence du Secrétariat de la ville et non de celui des sections. Enfin, les têtes de liste des 16 arrondissements casablancais doivent êtres approuvées par le B.P., ce qui ne semble pas avoir été le cas. Autre argument de taille invoqué dans sa missive par Mohamed Karam, qui exerce -rappelons-le- la profession d'avocat : pourquoi a-t-on senti la nécessité de désigner quelqu'un pour diriger le groupe des candidats ittihadis à Casablanca, alors que le nouveau découpage administratif fait que cinq autres villes connaîtront le même statut. C'est notamment le cas à Rabat où trois membres du Bureau politique sont dans la course à la mairie de la capitale en tant que têtes de liste : Abdelkader Baïna dans la circonscription d'Agdal, Driss Lachgar dans celle de Youssoufia, et Abdelhadi Khaïrat à Yaâcoub El Mansour. Alioua part favori L'attitude ferme de Mohamed Karam semble avoir ébranlé le Bureau politique de l'USFP qui n'arrive pas à trancher dans ce litige en l'absence -rappelons-le-- de son Premier secrétaire actuellement en vacances à Cannes. Karam semble avoir jusqu'ici gagné une première manche en réussissant à bloquer le dépôt des listes des candidats dont le délai a commencé à courir à partir du 15 août. Il se poursuivra jusqu'au 26 août. D'ici là, la direction de l'USFP devrait dégager un compromis pour tourner la page de ses dissensions internes casablancaises. D'autant plus qu'avec un candidat de l'envergure de Khalid Alioua, les chances du parti pour remporter la mairie semblent cette fois bien réelles. Notamment dans la foulée des conséquences des évènements du 16 mai qui vont éliminer de la course le PJD, qui s'était pourtant classé premier en nombre de voix et de candidats dans la capitale économique lors des législatives du 27 septembre. Des sources proches du parti des islamistes affirment, en effet, que le PJD a décidé de ne se présenter que dans 50 % des 16 arrondissements de Casablanca. Une opportunité pour l'USFP qui s'était placée au deuxième rang lors des dernières législatives. Autre argument en faveur de la candidature de Khalid Alioua : ses dernières déclarations où il a habillement manœuvré pour ménager les Islamistes en s'opposant aux "éradicateurs" au sein même de son propre parti. Une position qui a beaucoup été appréciée par le PJD qui aurait en conséquence donné des consignes à ses sympathisants pour soutenir Khalid Alioua dans les arrondissements où leur parti ne se présente pas. Quant à Mohamed Karam, l'autre membre du Bureau politique de l'USFP, il se contenterait aux dernières nouvelles de la tête de liste à Hay Hassani, moyennant un droit de regard sur le classement des autres membres de la liste. En tout cas, on devrait en savoir un peu plus sur le dénouement de cette affaire à l'issue de la réunion de son B.P. programmée pour ce lundi 18 août.