Le rôle de l'ONU après la guerre contre l'Irak L'éclipse de l'ONU, pendant la guerre du Golfe, rend l'avenir de l'organisation de plus en plus incertain. Apparemment, l'Organisation des Nations Unies peut être considérée comme le plus grand perdant dans la guerre du Golfe. Après avoir été humiliée par les Etats-Unis, qui avaient déclaré la guerre sans l'aval du Conseil de sécurité, l'ONU tente difficilement de se repositionner sur la scène politique internationale. Mission quasi-impossible. Car, en pratique, le risque que l'organisation se transforme en parapluie politique, pour valider des actions hors la loi, est plus que probable, voire inévitable. L'unilatéralisme texan… Le jeudi 20 mars a été un jour noir dans l'histoire de l'Organisation des NationsUnies. C'était le jour où la coalition américano-britanique a déclenché la guerre contre l'Irak, sans l'aval du Conseil de sécurité. A l'époque, la communauté internationale était divisée sur la question : les USA et la Grande Bretagne représentaient les partisans de la solution militaire. Alors que la France, l'Allemagne et la Russie défendaient la solution diplomatique. Finalement, la “ real politik ” américaine avait fini par prendre le dessus sur le marchandage politique européen. A ce moment-là, tout le monde avait décrié le dénigrement de l'ONU, considérée comme étant le garant de la paix et la sécurité internationale. Pour les Etats-Unis, le recours à la guerre contre l'Irak était inévitable pour déposséder Saddam des armes de destruction massive !! Mais, en réalité, la manœuvre américaine visait principalement la validation des frappes militaires, par le Conseil de sécurité. Bien plus, d'après la déclaration du Général Tommy Francs, responsable du commandement central américain, la guerre contre l'Irak a été programmée par l'Administration américaine depuis déjà un an. Mieux, il était hors de question que les Etats-Unis renoncent à la guerre, sachant que c'est le moyen le plus sûr pour atteindre les gisements pétrolifères de l'Irak. Un observateur passif Après le déclenchement des hostilités, l'ONU s'est trouvée dans l'incapacité d'agir sur le cours des évènements. Le secrétaire général de l'Organisation, Kofi Annan, s'est contenté, lui, d'exprimer ses regrets pour le recours à la solution militaire. D'un autre côté, les pays membres de l'Organisation n'ont pas résisté à la pression politique considérable, exercée par les Etats-Unis, allant parfois jusqu'aux menaces ? Donc, l'infléchissement de la position de l'ONU était attendue, vu la passivité qui avait frappé subitement la communauté internationale. En outre, devant la démission de cette institution internationale, il était temps que le secrétaire général prenne l'initiative pour repositionner l'ONU sur l'échiquier international, comme étant le gardien de la paix internationale. Mais, face à l'unilatéralisme américain, l'ONU s'est transformée en observateur passif, incapable de persuader les USA de l'illégalité de la guerre. Et malencontreusement, la machine de guerre ne pouvait pas faire marche-arrière, comme l'avait, ironiquement, dit Colin Powell, 24 heures après le début de la guerre : “ mes amis, les jeux sont faits” !! Réhabilitation ou instrumentalisation ? D'après les déclarations de spécialistes militaires américains, la guerre contre l'Irak avait pris une mauvaise tournure, suite à la résistance farouche du régime irakien. Donc, les forces de la coalition étaient acculées à prolonger la guerre, d'où le risque de contrarier l'opinion publique internationale, mais surtout américaine. En plus, il fallait à tout prix donner une couverture légale à une action militaire désapprouvée par la communauté internationale. C'est là que l'ONU était appelée à la rescousse. D'une part, par les forces de la coalition, qui cherchaient à légitimer la guerre, par l'implication de l'Organisation dans le processus de “reconstruction” de l'Irak. Cette proposition, initiée par le Premier ministre britannique, Tony Blair, a été saluée par Kofi Annan. Ce dernier a trouvé dans ce geste une occasion désespérée pour réhabiliter l'ONU sur la scène politique internationale. D'autre part, l'ONU est actuellement très sollicitée par les pays “ anti-guerre ”, qui redoutent une marginalisation arbitraire de la part des Etats-Unis. Surtout après que la France et la Russie eurent menacé les USA d'utiliser le droit de veto pour repousser le recours à la guerre. De fait, l'ONU représente un allié incontournable, capable d'appuyer la réconciliation politique entre l'Europe et les Etats-Unis. Mais, également, d'empêcher la coalition de monopoliser l'exploitation des richesses pétrolières irakiennes. Le jeu est très simple : si la France, la Russie et l'Allemagne réussissent à internationaliser la gestion de l'Irak de l'après-guerre, elles seront en mesure de décrocher des contrats de reconstruction de l'Irak. Difficile à admettre. Car, l'Administration américaine ne partage pas le même avis. Dans une déclaration à la chaîne de T.V américaine Fox News, le ministre américain de la Défense était catégorique : “ il est inconcevable que les Etats-Unis fassent le sale boulot, pour que les autres viennent récolter les fruits d'un travail qu'ils n'ont cessé de dénoncer… ! ” C'est d'ailleurs l'avis du président G.W Bush, qui a dû accepter, après des entretiens avec Tony Blair, d'attribuer à l'ONU un rôle “ vital ” dans la reconstruction de l'Irak. Alors qu'au sein de l'Union européenne, les politiques parlent d'un rôle “ prépondérant ” ! En somme, il n'est pas exagéré d'affirmer que l'ONU a changé son rôle d'acteur international de premier plan à celui d'un assistant, dont la tâche principale sera réduite au travail humanitaire. Plus grave, certaines têtes pensantes de l'Administration américaine commencent à qualifier l'ONU de “petit partenaire” ( junior partner). Incroyable mais américain. Relégué au second plan par les USA, le rôle de l'ONU, en Irak de l'après-guerre, sera probablement réduit à l'assistanat humanitaire.