Ihssane Mounir, directeur commercial à Boeing Lors d'une conférence de presse organisée jeudi 13 mars 2003 à Casablanca par la compagnie américaine Boeing, nous avons rencontré Ihssane Mounir, récemment nommé directeur commercial pour l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique de l'Est, l'Indonésie et le Maroc. Nous lui avons posé quelques questions en rapport avec la RAM, l'engagement de Boeing au Maroc et sa vision sur le développement du tourisme au Maroc. La Gazette du Maroc : Vous avez été récemment nommé directeur commercial pour l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique de l'Est, l'Indonésie et le Maroc. Quel bilan dressez-vous déjà à propos de votre nouvelle mission ? Ihssane Mounir : Ma nomination en fait dans la position actuelle s'est produite au mois d'avril dernier. Mais, pour le Maroc, c'est depuis janvier que j'ai pris en charge ce pays. Et je crois qu'il serait plus adéquat de poser cette question à mon patron. Il pourrait vous répondre quant au pourquoi de mon choix et au déroulement de ma mission. Aujourd'hui, quel est le niveau de l'engagement de Boeing au Maroc ? On est très engagé sur plusieurs niveaux en fait. Que ce soit avec la compagnie nationale Royal Air Maroc ou avec les nouvelles compagnies charter. Nous sommes en train de travailler avec elles pour assurer le bon service des 737 qu'elles ont loués aujourd'hui. Parce qu'en ce qui nous concerne, que ce soit des locataires ou des acheteurs, ça reste un avion Boeing. Nous assumons le support et les responsabilités pour assurer le bon fonctionnement de l'opération sur le plan technique, sur le plan maintenance et sur le plan suivi. En termes d'implications avec Royal Air Maroc, nous sommes très engagés. Nous avons encore un contrat qui est en cours de négociation pour 20 avions dont le premier sera livré la première semaine de juillet 2003. Et c'est en fait le contrat qu'on a signé en 2001. Donc, il y a beaucoup à faire. Notre engagement au Maroc est encore plus fort. Outre le plan commercial, Boeing a contribué à plusieurs œuvres caritatives ici au Maroc. Nous contribuons à des évènements sportifs. Sur le plan du lobbying aux Etats-Unis, nous faisons de notre mieux. Comme vous le savez, nous sommes les premiers exportateurs américains, nous avons un poids considérable en termes de politique commerciale aux Etats-Unis. Et nous avons beaucoup poussé pour accélérer l'accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis. Est-ce que la façon dont on procède aujourd'hui pour libéraliser le transport aérien au Maroc pourrait permettre à Boeing de “ booster ” ses ventes ? La croissance qui va se produire au Maroc est une croissance qui va se conformer à la croissance mondiale. L'objectif de 10 millions de touristes, bien sûr, ça va faire un apport qui engendrera une demande pour les avions pour une croissance d'à peu près 50, 60, 70 avions d'ici 2010. Quant à la libéralisation du ciel, c'est un point très intéressant. Quand on regarde le modèle turc, c'est un cas d'école qu'il faut prendre en compte, car à part le transport aérien, les responsables turcs, ont décidé de miser sur le tourisme pour le développement économique du pays. Donc, ils ont établi un programme touristique qu'ils ont suivi à la lettre et tout le monde s'est mobilisé pour le réaliser effectivement. Aujourd'hui, on voit que S.M le Roi a fait de même avec le gouvernement marocain. Il y a un programme touristique qui existe aujourd'hui au Maroc. Et c'est un programme qui a tenu compte de l'expérience turque avec ses bonnes et ses mauvaises choses. Donc, la politique est là. En termes de libéralisation, ce que je trouve de très intéressant dans le modèle turc, qui a très bien marché, c'est le fait qu'il y a une compagnie nationale sur laquelle s'appuient tous les charters que ce soit pour leurs besoins d'information, leurs besoins de soutien au sol, leurs besoins de maintenance, pour les aider à établir leur stratégie. Et c'est la seule compagnie qui fait du régulier dans le pays, et tout autour, il y une dizaine ou une quinzaine de compagnies qui font du charter et elles se basent sur leurs compétences professionnelles. Donc, c'est un mariage qui marche à merveille et qui pourrait marcher au Maroc aussi. Air Atlas Express et Mondair sont en train de le faire avec la RAM aujourd'hui. Est-ce que ces compagnies charters ont déjà commandé des avions Boeing ? Non, généralement, quand vous regardez les charters, ce qu'ils font, c'est du leasing. Il y en a très peu qui achètent. La plupart font du leasing. Peut-on avoir un premier bilan du partenariat technique, réalisé avec la RAM, en ce qui concerne la récente création de Matis Aérospace? Je crois qu'il est encore trop tôt pour parler d'un bilan. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a établi un partenariat avec la RAM dont nous sommes très fiers. C'est un modèle à suivre pour plusieurs raisons. Le cap est très bon. Les résultats sont mieux encore que ce qu'on espérait. Ils dépassent de très loin ce qu'on prévoyait. On vient de nous apprendre que vous venez de signer deux contrats fermes. L'un avec Kenya Airways et l'autre avec Ethiopian Air Lines. Quel est votre sentiment là-dessus ? Le contrat avec Kenya Airways, ce n'était pas moi en fait. C'est un collègue qui a fait de même. Moi, c'était plutôt Ethiopian Air Lines. J'ai en fait toute l'Afrique de l'Est sauf le Kenya. Ehiopian Air Lines est un autre partenaire de Boeing avec lequel on a un historique qui dure depuis 50 ans. C'est une flotte qui a été équipée par Boeing depuis toujours. La bataille sur ce marché était énorme. On a travaillé très étroitement avec desEthiopiens. Ces gens sont d'une compétence incroyable. Ils sont très méticuleux. Ils nous ont mis en concurrence parfaite. Je suis très fier de dire qu'ils sont très contents de nos avions et de leurs performances. Bio-Express Depuis 2002, Ihssane Mounir est directeur des ventes de Boeing Aviation Commerciale pour le Maroc, l'Afrique de l'Ouest, Centrale et de l'Est. A 31 ans, il est le plus jeune cadre de Boeing à occuper cette fonction. Avec son équipe, il a pour mission d'assister ses clients dans leur choix de flotte et les accompagne dans un partenariat étroit dans une multitude de projets, les faisant bénéficier de tout le champ d'expérience acquis par Boeing à travers le monde. Ayant évolué sous la tutelle de Seddik Belyamani et d'autres dirigeants de Boeing, Ihssane Mounir a contribué au renforcement des rapports avec des opérateurs aériens majeurs de la région, notamment Royal Air Maroc, pour qui il a été l'un des personnages clés de l'appel d'offres remporté par Boeing en 2000. Ihssane Mounir a débuté sa carrière à Boeing en 1997. Il a occupé la fonction d'ingénieur aérodynamicien avant d'être promu directeur de projets spéciaux en 1998. En 1999, il est nommé directeur régional d'analyse marketing pour la Turquie, le Turkmenistan, le Maghreb et l'Arabie Saoudite, poste qu'il occupera jusqu'à sa récente nomination. Diplômé en génie aérospatiale, Ihssane Mounir est titulaire également d'un Master's degree en aéronautique ainsi qu'un MBA en Finances. Originaire du Maroc, natif de Rabat, il a grandi à Salé avant de partir poursuivre ses études supérieures aux Etats-Unis. Parlant couramment quatre langues, il est marié et père d'une petite fille de 10 mois.