Ecrite et composée à Paris par Ahmed Jabrane, «Lalla fatima» finit par devenir synonyme de Hamid Zahir. Tube parmi les tubes, utilisée dans les sitcom et la publicité, elle fait partie de l'imaginaire de tout marocain. ■ Il n'y a qu'une ville au monde qui peut produire un ovni comme Hamid Zahir. C'est dans les ruelles labyrinthiques de la médina de la citée ocre qu'il vit le jour. Apprenti boucher au départ, imprégné des rythmes, des chants et de l'humour (noukta), comme tout marrakchi qui se respecte, il se donna à la chanson. Avec un groupe d'amis, les Guiir, Al Mahri, al Arbi, Salem.., il fonde une troupe unique dont le répertoire s'inspire du «folklore» de la ville et de ses environs, notamment le genre Hawzi. Au luth, accompagné de quatre garçons tapant des mains (al kaf) et de quatre filles en choristes, ses refrains, populaires et lègers, sont sur toutes les lèvres Un jour, il croise Ahmed Jabrane dans les studios d'Ain Chok à Casablanca. Ce dernier venait de composer et d'enregistrer à Paris Lalla Fatima. En l'écoutant l'interpréter, l'équipe de Hamid l'accompagne en tapant des mains. En présence du directeur de la station d'alors, Azeddine Guessous et du réalisateur Mohamed Ziani, Jabrane la lui offre pour l'adapter à sa manière. Après un mois de travail, le 45 tours sort à Casablanca. Et ce fut un succès phénoménal. Lalla Fatima, au nom de dieu un seul mot de toi Je t'ai dis bonjour et tu ne m'a pas répondu Peut-être que tu es occupé par quelqu'un d'autre Tu n'as pas pensé à moi Je te supplie, dis moi un seul mot Il refroidira le feu ardent qui me brûle «Lalla Fatima», un mot magique. Cette manière respectueuse de s'adresser à une femme est peut être à l'origine de son succès, sans oublier l'interprétation du maître et l'accompagnant d'une troupe plus qu'originale, avec son jeu, ses mimiques et ses gestes. Traversant les frontières, il devient un tube au Maghreb et au Machrek. Au cours de l'un des voyages de Hassan II en Tunisie, une grande soirée fut organisée. Le grand Ahmed Bidaoui se présente, le luth à la main. Quelqu'un du public crie «Lalla Fatima», un deuxième le suit et c'est toute la salle qui demande au maître, qui avait une réticence a tout ce qui est populaire, de chanter le morceau de Hamid Zahir, décoré par Lahbib Bourguiba par un Wissam d'Or! Le comble du scandale. Dans les pays du golf, où elle fut synonyme du Maroc et des Marocains, elle est chantée tous les soirs dans le palais d'un cheikh dont la cheikha s'appelle Fatima ! Flairant le filon, Hamid Zahir demande à ses amis auteurs , dont Abdelhak Belfaida, de lui écrire sur «Souad», «Naima», «Zhirou», «Meryem», «Saadia» et «Aouicha», toutes des succès sinon des tubes. ■