A quelques jours seulement des élections, Al Adl, de son côté, part pour un retour en force. Election du successeur et révélations. Les chefs de la Jamaâ de Yassine ont brisé deux tabous : les tractations avec les autorités depuis le règne de Feu Hassan II et la succession du prochain chef ! Le déballage, fait sur invitation de la direction d'Al Adl chez Fathallah Arsalan, date de la semaine dernière. On apprend par exemple, que les premiers contacts entre l'Etat et la Jamaâ remontent aux années quatre vingt dix. A l'époque, l'émissaire du souverain défunt, Alaoui Mdaghri en l'occurrence, avait présenté une offre politique au nom de feu Hassan II. Ses termes ? «Légalisme contre modération ». En clair : «l'Etat, a déclaré Fathallah Arsalane, offrait la reconnaissance de notre mouvement contre une participation politique qui ne met pas en cause les fondements de la monarchie». Protocole Plus, la démarche a beaucoup avancé, selon les mêmes sources. Et rendez-vous a été pris pour une rencontre entre le conseil d'orientation et le souverain défunt. Seulement voilà : la Jamaâ a « bravé » le protocole et demandé un contact à « pied égal ». S'ensuit un échec qui a frappé de son sceau les relations entre l'Etat et le Mouvement. Jusqu'à la fin de la même décennie et l'avènement de la nouvelle ère. Entrent en lice Hassan Aourid, alors porte- parole du palais royal et Ahmed Herzenni. Résultat : la levée de l'assignation à résidence qui frappait le chef politique et spirituel, Cheikh Yassine. La Jamaâ voulait en tirer le maximum : l'élargissement de tous ses détenus et la normalisation de son statut. Or, Aourid a fait savoir à son clergé politique que de tels « desseins ne relèvent pas de son ressort » et requièrent du temps. Encore du temps. Timing Le hic ? La Jamaâ n'en a pas à revendre actuellement : après le flop de la vision 2006, sa léthargie qui dure, elle fait ses calculs : d'une part, elle est impérativement appelée à trouver un successeur au chef, et d'autre part, elle doit se replacer sur l'échiquier en cours de formation. Signe révélateur : pour régler la question de la succession du chef, Al Adl est « prête à aller au vote ». Et le porte-parole et chef du cercle politique de la Jamaâ, Fathallah Arsalane l'affirme. Selon la presse, Fathallah a explicitement fait référence aux suffrages pour élire le prochain guide. « En cas d'absence du Cheikh Yassine, des élections seront organisées pour la désignation de son successeur ». Pour une organisation ésotérique, cela a l'allure d'une révolution. Habituée à une tradition d'obéissance et de crédulité sans bornes, la Jamaâ a fait le choix qui lui assure l'unité qui risque de souffrir les appétits des uns et des autres. Le message est aussi externe : pour faire oublier les approximations supranaturelles qui ont cadré la vision 2006, elle recourt à un mode politique des plus usés. Manière de dire qu'elle est prête pour l'épreuve du vote. n