Un portrait aérien de la planète, en forme de diagnostic implacable que cette belle collection de photos prises sur une période de 20 ans, que le reporter-photographe et militant écologiste propose aux Casaouis. C e diagnostic n'est pas toujours gai, regrette-t-il, dans ses déclarations à la presse lors du vernissage de cette exposition, présidée par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, présidente de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l'Environnement. Quelque 120 photographies géantes (dont certaines du Maroc) remarquables par leur qualité esthétique, se dressent au milieu des palmiers du Parc de la Ligue arabe que Yann Arthus-Bertrand trouve tout simplement “magnifique”. Dans le parc, aménagé pour l'occasion avec élégance, la photo et l'environnement sont à l'honneur pour deux mois. Le temps pour les visiteurs d'apprécier le travail de cet artiste-écologiste. «J'aime de pareils endroits… surtout que l'exposition soit ouverte à tout le monde et gratuite, plutôt que dans des galeries ou des musées». Se déclarant fier d'être au Maroc et que son exposition soit montée au cœur de Casablanca. Estimant important de « faire bouger l'opinion publique », pour « changer notre comportement» et «vivre mieux mais sans gâcher», Arthus-Bertrand invite les familles marocaines à venir au Parc de la Ligue arabe «voir des photos qui, j'espère, amènent de l'émotion» avec « un texte qui fait réfléchir sur un sujet qui n'est pas toujours très gai». Il y a des solutions, «parce qu'on peut changer», martèle ce militant écologiste, né à Paris et pourtant passionné de nature dès son enfance. Après avoir dirigé une réserve naturelle en France, il part au Kenya étudier le comportement des lions. Séjour couronné en 1981 par la parution de son premier livre intitulé « Lions » et qui lui a donné l'opportunité de découvrir à bord d'une montgolfière, le monde vu du ciel. Il découvre, à cette occasion, l'importance et l'impact de la photo par rapport au texte en même temps que le « truc » de photographier la terre vue du ciel. Poursuivant cette idée simple de départ, c'est en 1994, qu'il entame sa plus grande aventure, avec le soutien de l'UNESCO : un inventaire des plus beaux paysages du monde, vus d'en haut. En 2005, Yann Arthur-Bertrand crée l'association écologiste internationale « GoodPlanet » et met en place « Action carbone », un programme de financement de projets notamment sur les énergies renouvelables et le reboisement destiné à compenser les émissions de gaz à effet de serre engendrées par ses propres activités photographiques aériennes… « La Terre vue du ciel, est aussi une exposition qui offre de la beauté et de la connaissance et, en même temps, exprime de l'inquiétude », a-t-il confié. En effet, il y a de quoi s'inquiéter, (même si le Maroc n'est pas le pire, les pays industrialisés étant les premiers interpellés) à regarder s'éteindre des merveilles d'équilibre comme la lagune de Oualidia ou les arganiers du Souss. Pour la palmeraie de Marrakech qui constituait un microclimat unique au monde, c'est fait ; elle est morte et ensevelie sous le béton et les golfs ! ■