Feu le Roi Hassan II a ouvert Al Akhawayn en 1995 à Ifrane, pour y former une génération de leaders marocains d'élite. Aujourd'hui, grâce à son mode d'enseignement à l'américaine, les 1400 étudiants de cette université sont à la pointe de l'ouverture du Maroc sur le monde et de sa quête de mondialisation. Le décor est une forêt de cèdres, les constructions ressemblent à des chalets alpins et la langue qui perce l'air vif de l'hiver est l'anglais. Et pourtant, nous sommes à l'université Al Akhawayn, en plein cœur du Maroc. Feu le Roi Hassan II a ouvert Al Akhawayn en 1995 à Ifrane, pour y former une génération de leaders marocains d'élite. Aujourd'hui, grâce à son mode d'enseignement à l'américaine, ses cours en anglais, et à une bonne dose d'indépendance, les 1400 étudiants de cette université sont à la pointe de l'ouverture du Maroc sur le monde et de sa quête de mondialisation. La Maroc bénéficie d'accords de libre-échange avec les Etats-Unis et s'est vu accorder un statut privilégié avec l'Union européenne. Mais les pays désireux d'intégrer le marché mondial doivent aussi offrir à leurs diplômés les outils pour se faire une place dans ce monde. Et c'est là que les pays arabes sont à la traîne. La clé du succès, l'autonomie Selon Mourad Ezzine, de la Banque mondiale, les gouvernements arabes déversent de l'argent dans l'éducation, mais les systèmes universitaires restent rigides et les diplômes ont peu de valeur à l'étranger. Parallèlement, c'est toute une génération de jeunes arabes qui se perd, d'après Mme Boubekeur, de la Fondation Carnegie pour la Paix internationale. «Dans les années 1960 et 70, les étudiants étaient au premier plan des projets politiques et sociaux; aujourd'hui, ils sont marginalisés». Al Akhawayn espère renverser cette tendance, selon Driss Ouaouicha, président de l'université. Les étudiants sont choisis pour leurs qualités de leaders, ainsi que pour leurs résultats académiques, et une aide financière est accordée aux 40% d'entre eux qui ne peuvent payer les 18.360 DH de frais scolaires trimestriels. Les jeunes d'Al Akhawayn étudient la technologie de l'information, la gestion, mais aussi l'histoire, les religions et tout sujet encourageant une ouverture complète sur le monde. Tous doivent prendre part à la vie en communauté et sont incités à s'inscrire dans les nombreux clubs de l'établissement. La clé du succès est l'autonomie, selon le président: «Nous sommes indépendants du ministère de l'Education, et il n'y a aucune interférence dans ce que font nos étudiants». Toutefois, selon Tajeddine El Houssaini, professeur d'économie à l'Université Mohammed V de Rabat, l'urgence pour le pays est de mettre en adéquation la formation universitaire et les besoins du marché de l'emploi. Le chômage au Maroc, estimé à 14 pour cent, est très élevé parmi les jeunes diplômés. ■