À moins de trois mois de l'élection présidentielle, le silence de la classe politique n'augure rien de bon pour l'avenir du pays et notamment pour le courant démocratique qui n'a toujours pas réussi à unifier ses rangs pour asseoir un véritable projet de société, longtemps attendu par les Algériens. C'est maintenant officiel , ni le RCD de Saïd Sadi ni le FFS de Hocine Ait Ahmed ne prendront part à l'élection présidentielle. Il parait clairement que la révision constitutionnelle permettant à Bouteflika de briguer un troisième mandat a été fatale pour le principe de l'alternance au pouvoir et l'opposition entend se démarquer de cette «mascarade». Reste le courant islamiste qui essaye de se recomposer avec le rappel de Abdallah Djaballah qui fait figure de «perle rare», ce dernier a déjà été candidat à l'élection présidentielle et a fait de l'ombre à ses rivaux. Il est à rappeler que l'ex-leader d'El Nahda et d'El Islah s'est toujours distingué par son farouche opposition aux dirigeants de l'ex-FIS en prônant la ligne de l'Idjtihad et non pas du Djihad. Dans un entretien publié par le quotidien El Khabar, Djaballah évoque en termes subtils les tractations avec le régime en déclarant «Si on ne participe pas, cela ne veut pas dire qu'on fuit nos responsabilités nationale et islamique et notre décision évoluera en fonction des nouvelles donnes». Tout le monde connaît le Cheikh pour sa manière de tempérer, qualifié de visionnaire, il sait se montrer offensif, ses adversaires en savent quelque chose. Au mois de décembre, il annonçait déjà la couleur. Il déclarait au journal londonien EL HAYAT qu'il allait s'engager avec plusieurs personnalités nationales influentes (Abdelaziz Belkhadem et Abdelhamid Mehri ) pour la création d'un pole regroupant tous les courants politiques, qui va contribuer au changement radical de la situation politique que vit le pays. Cependant, la reconversion du champ politique n'interviendra qu'après l'échéance du 20 avril selon certaines sources crédibles. Mais pourquoi Djaballah est si courtisé par un pouvoir qui l'a dépossédé de ses deux partis (Nahda et Islah) dont il était le principal fondateur, la réponse est simple et cinglante à la fois, le cheikh prendra sa revanche et sauvera la face au système en participant à l'élection présidentielle, en retour il y a un prix à payer. Benyelles persiste et signe Le leader islamiste pourra fédérer les courants de sa mouvance et créer une troisième force avec les éléments de la Salafiya et le rappel d'une importante partie de la base de l'ex-FIS. Autant dire qu'après l'échéance d'avril, le parti de l'alliance présidentielle recevra son solde de tout compte, le MSP d'Abou Guerra Soltani ne survivra pas à la nouvelle donne politique. Le défunt Cheikh Nahnah doit se retourner dans sa tombe. Le général à la retraite revient à la charge et entend bien faire passer le message. Ne disposant d'aucune tribune politique, il fait pourtant la Une des grands tirages. Dans une contribution au journal El Watan, il revient sur les relations de Bouteflika avec les représentants de l'institution militaire, qui remontent à 1994 date à laquelle il fut sollicité pour succéder au H.C.E et c'est finalement quatre ans plus tard que les militaires le désigneront après la démission de Zeroual. Le général Benyelles apporte un éclairage sur les relations à la limite de la provocation de Bouteflika avec les Généraux. Dans certaines de ses déclarations, l'actuel locataire d'El Mouradia n'hésitait pas à décocher des flèches à l'encontre de hauts gradés pour prouver qu'il était le maitre absolu du pays, et de par sa fonction de chef suprême de l'armée, les militaires étaient ses subordonnés. Pour le général Benyelles, Bouteflika doit faire preuve d'un sursaut de clairvoyance pour renoncer non seulement à briguer un troisième mandat mais de se retirer de la vie politique, eu égard à son état de santé et de son âge. Reha Malek le président de L'ANR et ancien négociateur des accords d'Evian, vient de donner un bel exemple en se retirant définitivement de la politique en confiant la destinée de son parti à la nouvelle génération. n