Le grand rendez-vous de l'automobile aux Etats-Unis ne s'annonce pas cette année sous de beaux auspices, mais plutôt dans un climat des plus tendus. Figure historique et emblématique du secteur automobile américain, Détroit donne aujourd'hui un triste reflet de crise à tous ses visiteurs. La «Motor city» a perdu de sa superbe d'antan. La fin de l'année dernière a connu la plus grosse baisse de ventes avec un marché total de 13, 2 millions de véhicules, soit son plus bas niveau depuis seize ans. Cela représente tout de même une chute de trois millions de véhicules par rapport à 2007 ce qui représente la production annuelle d'une vingtaine d'usines. Malgré ce climat ombrageux, 58 nouveaux modèles vont être présentés dont 44 en première mondiale. Face à ce contexte, les constructeurs ont adopté plusieurs stratégies. Mises à part les tentatives de garder le sourire, un tant soit peu crispé, chacun essaye de tirer son épingle du jeu. Le traditionnel Big Three (Général motors, Chrysler et Ford) présente sur le marché des véhicules hybrides ou à faibles consommations en carburant et propose donc une ribambelle de prototypes. C'est bien là le point central, la consommation en carburant sur fond de crise pétrolière qui revient dans les discussions des constructeurs. Voitures moins consommatrices, véhicules plus propres, une nouvelle ère s'annonce pour le parc automobile américain. Les constructeurs ne jurent plus que sur des modèles plus petits et certains voient même l'occasion de vendre sur le sol américain des véhicules initialement prévus pour le marché européen. Seul hic, ces prototypes ne verront pas le jour tout de suite alors que l'heure n'est plus aux petits bobos mais bien à la grande hémorragie. Rappelons que General motors et Chrysler avaient demandé une aide de 13,4 milliards de dollars au gouvernement américain et que le Big Three prévoit une grande campagne de restructuration de ses effectifs. Le PDG de Chrysler, Bob Nardelli a décrit 2009 comme «un vrai défi» et Rick Wagoner, PDG de General Motors a annoncé que le groupe «va accélérer considérablement son plan de restructuration». D'ailleurs, plusieurs constructeurs n'ont pas répondu présents au salon, tel que Land Rover, Porsche, Suzuki, Mitsubishi, Ferrari, Rolls-Royce et Nissan. Si l'on pouvait croire que ces derniers seraient peu exposés par la crise, notamment les constructeurs de luxe, il n'en est rien. Cette année, les hôtesses des différents stands de constructeurs voient une nouvelle concurrence, elles aussi, les salariés des usines américaines qui défilent devant les portes du salon avec des slogans pour le moins explicites… le marché de l'automobile serait-il en passe de caler ? Suite du salon la semaine prochaine...