On ne voit guère ces Moukatilates sillonner, dans l'impunité, les ruelles d'Oujda. Cependant, le sentiment d'insécurité chez le commun des mortels est encore renforcé en raison de certains drames routiers, que continuent à causer ces engins spécialisés dans le transport de carburants de contrebande en provenance d'Algérie. Le dernier drame a coûté la vie à un policier, père de famille. Tout récemment une Peugeot 505, chargée de jerricanes, a violemment percuté un taxi. Le taximan souffre à ce jour de graves blessures alors que le flic, hospitalisé à Rabat, a succombé suite à ses blessures, selon des sources policières. Au fait, ces Moukatilates constituent une menace réelle, un danger permanent nonobstant les efforts considérables déployés. Rien qu'en rase campagne, à l'échelle du commandement de la gendarmerie royale d'Oujda qui englobe la préfecture Oujda-Angad, les provinces de Taourirt, Berkane et Jerrada, ces véhicules ont provoqué 13 accidents corporels depuis le début de l'année jusqu'au 30 octobre 2008, selon des sources proches du dossier. Selon un bilan établi par la gendarmerie royale, on déplore, au terme de ces accidents, 4 tués, 11 blessés graves et 5 blessés légers. Le bilan des services des accidents de circulation d'Oujda concernant la même période, fait état de 13 accidents causés par 11 Moukatilates et 2 motos de contrebandiers. Lutte sans merci De ce fait, on déplore 1 mort, 1 blessé grave et 4 blessés légers. Les dégâts matériels sont considérables, précisent ces sources policières. Comparés à l'exercice 2007, ces bilans concernant les Moukatilates révèlent une tendance à la baisse, et ce, grâce à une main de plus en plus lourde de tous les services concernés. «Nous menons une lutte sans merci contre le trafic des carburants de contrebande», nous déclare Abdelaziz Mokhfi, chef de la PJ à Oujda. Et de préciser: «un diagnostic géographique nous a permis d'identifier toutes les zones d'infiltrations les plus fréquentées par les contrebandiers au niveau du tracé frontalier, et nous avons instauré en conséquence 3 dispositifs de sécurité à hauteur de la route de Sidi Yahya pour barrer le passage aux Moukatilates». En effet, 4 barrages policiers fixes sont dressés sur les principales routes venant de la frontière vers la ville. Au niveau des pistes, la police a installé des véhicules blindés renforcés d'importantes logistiques d'intervention. Ce dispositif visible et musclé est prêt à affronter les Moukatilates qui ne craignaient aucun barrage. Pour serrer davantage l'étau et éviter toute poursuite en ville à conséquences fâcheuses, les services de RG ont identifié des dépôts de contrebandiers dans la ville et surtout sa zone périurbaine. Le troisième dispositif, explique le chef de la PJ, a concerné les motocyclistes qui ont suppléé les Moukatilates muselées. Une opération de contrôle de grande envergure d'engins à deux roues, a abouti à des résultats concluants. Depuis le début de 2008, plus de 450 motos ont été arrêtées et confisquées pour diverses infractions. Aussi, la police a-t-elle ouvert une enquête pour déterminer l'origine de ces engins en grande partie consacrés au transport de jerricanes d'essence et de mazout. Si ces mesures répressives confèrent plus de quiétude et de sécurité, elles demeurent somme toute insuffisantes. Outre le renforcement de l'appareil policier et la valorisation du statut du corps policier surtout à la base, il importe aussi de mener de front des mesures préventives, à même de dissuader ces contrebandiers, auteurs de drames. ■