Ainsi donc, on s'achemine vers un scénario à la syrienne et cela, avec un semblant de suspense, puisque le président en exercice tout en annonçant la révision de la constitution dans les prochains jours, observe toujours le silence sur sa candidature. Si les détails de la révision de la constitution ne sont pas encore connus (du moins officiellement), aucun doute ne subsiste sur les ambitions politiques du président de la république, qui veut prolonger son règne pour égaler au moins celui de Boumedienne. Pour parer au plus pressé, le texte du projet est déjà fin prêt, et selon Ouyahya «le dauphin», les travaux préparatoires pour permettre au projet d'atterrir au parlement «ne demandent pas beaucoup de temps», le chef du gouvernement affiche une totale assurance «que tout sera réglé en un mois», a-t-il déclaré à la presse sur un ton triomphant, qui en dit long sur les ambitions du futur n° 2 du pouvoir(en attendant son heure de gloire lui aussi). Connu pour ses déclarations qui frisent le cynisme et parfois la provocation, le Secrétaire général du R.N.D tente désespérément de faire croire à l'opinion publique, que tout se passera dans la légalité, en faisant même croire que la bataille sera rude «il faudra cravacher dur pour gagner la bataille». L'opposition qualifie ces déclarations de ridicule, mais de quelle bataille s'agit-il ? Le champ est libre pour l'intronisation de Bouteflika non pas pour un troisième mandat, mais pour une présidence à vie… sauf si le quatuor des généraux décide une fin de mission, comme cela a été signifié au président Zeroual, contraint à la démission. On peut même avancer que la décision du président de recourir à la révision de la constitution pour l'amendement de l'article 74 n'est pas un évènement, la messe a été dite depuis fort longtemps. La réaction des partis politiques, et notamment ceux de l'opposition, expriment à la fois colère et désillusion. La déclaration d'un ancien ministre de la Communication, en l'occurrence Abdelaziz Rahabi, résume à elle seule le marasme politique et l'état des lieux. Mépris pour l'intelligence des Algériens L'ex-ministre, dans un point de vue, publié dans la presse indépendante déclare « les Algériens étaient en droit d'espérer que la grande révolution de novembre enfante des Mandela, elle a accouché d'un Mugabe». Rahabi parle de «mépris pour l'intelligence des Algériens et de contre vérité historique, après dix ans de pouvoir et de revenus pétroliers jamais égalés depuis l'indépendance, des contres pouvoir institutionnels anesthésiés par la rente ; une opposition réduite au silence, le président de la république estime que la solution à la crise réside dans la constitutionnalisation d'un pouvoir à vie». Toutefois, si les députés se feront une joie d'applaudir la nouvelle mouture constitutionnelle, en guise de reconnaissance au président qui, pendant le ramadan, leur a fait vivre «leïlat el kadr» en augmentant leurs salaires de 30 fois le SMIC,la prochaine élection est un gros risque pour le pouvoir, car il aura du mal à trouver de bons lièvres pour la course à El Mouradia. Un ancien responsable politique ayant choisi l'exil, nous fit cette remarque sur un ton amer «violer une constitution est semblable à un coup d'état et on est mal placé pour donner des leçons aux putshistes Mauritaniens». n