Nouvelle galerie d'art contemporain de Casa, «l'Atelier 21» fondé par Aïcha Amor et Aziz Daki propose une première exposition : Mahi Binebine y présente à la fois ses dessins, sculptures, peintures et lithographies. La toute nouvelle galerie de Casa, «L'Atelier 21» invite pour son inauguration l'un des plus célèbres artistes marocains, Mahi Binebine. L'artiste y exposera ses œuvres les plus récentes, peintures, dessins, sculptures et lithographies à partir du 21 octobre et jusqu'au 10 novembre. Parcours atypique que celui du Marrakchi Mahi Binebine. Après avoir été prof de maths à Paris, Binebine quitte l'enseignement pour se consacrer à la peinture et à l'écriture. Et la côte de l'artiste monte, au Maroc mais aussi en Europe et aux Etats-Unis -sa peinture tient bonne place au Musée Guggenheim de New York-. L'artiste demeure d'ailleurs à ce jour le seul peintre marocain dont une œuvre a été adjugée à plus d'un million de DH dans une vente publique… Si Mahi a vécu à Paris, New York ou Madrid, c'est à Marrakech qu'il pose ses valises en 2002. Un artiste pas comme les autres C'est dans la ville ocre qu'il puise son inspiration et qu'il trouve la cire d'abeille et les pigments naturels qui confèrent à ses toiles cette transparence si particulière. Très vite, sa renommée dépasse les frontières du Maroc : il est l'invité des plus prestigieuses galeries en Europe et aux USA. Mais Binebine n'est pas un artiste comme les autres. Il ne se contente pas de figer ses émotions avec les couleurs de sa palette. Il dessine, il sculpte. Il écrit. On lui doit «Cannibales», traduit dans une dizaine de langues, «Pollen» qui aborde le sujet de la drogue, «Les Funérailles du lait» où il parle de l'attente d'une mère dont le fils a disparu, «Le griot de Marrakech», petites anecdotes glanées dans les ruelles de la médina… Il raconte ses blessures d'enfant, les événements qui ont marqué sa famille, les obsessions des copains qui ne rêvent que «d'ailleurs», comme s'ils vivaient une vie sans rêves et sans projets. Binebine peint le jour -pour la lumière- et écrit la nuit -pour être au calme-. Sur les toiles comme dans ses textes, se succèdent des tranches de vie, simples où se mêlent l'angoisse et l'espoir, l'ombre et la lumière, larmes et fous rires. Autant de destins qui se croisent sous son pinceau, s'éveillent sous son crayon, avec cet optimisme qui le caractérise. Des œuvres parfois drôles, qui veulent exorciser la détresse et les douleurs de la vie. Pas de logique chez l'artiste, une seule volonté, celle de témoigner de la passion. Sans fioritures. La passion à l'état brut. Une passion presque enfantine. «Justement quand j'étais enfant ,je ne voulais pas aller à l'école, dit-il en riant, je voulais être musicien. Mais il n'en n'était pas question et on m'a cloîtré dans un internat de Rabat, pour m'éloigner de l'influence de mes copains…». Musicien, il ne le sera pas. Mais en y regardant bien, que ce soit entre les lignes ou sous les traits laissés par le pinceau, on entend une étrange musique. Comme si Binebine dévoilait toutes les symphonies qui hantent son âme d'artiste. ■