D ans une ville du Nord de la France, un jeune couple avait contracté mariage. Rien que du banal. Sauf que le jeune homme avait demandé à sa future épouse si elle était innocente. Elle avait répondu par l'affirmative, ce qui l'avait rassuré et en jeune homme bien élevé, n'avait pas cherché à vérifier. Mal lui en prit car, la nuit de noces, alors qu'il était seul avec son épouse, puisque l'acte était fait alors que les invités et les deux familles festoyaient et poussaient des youyous, le mari avait été saisi par la fièvre de la consommation et avait entrepris une épouse peu farouche et guère inquiète. C'est en consommant qu'il s'était rendu compte que son épouse lui avait menti. Elle n'était pas innocente. En revanche, lui l'était, innocent. Et peutêtre un peu de mauvaise foi ou victime de pulsions naturelles. N'ayant pas rencontré d'obstacle, il aurait dû aussitôt reprendre sa parole. Or, il semble qu'il ne s'était rendu compte du mensonge de sa femme qu'après coup. D'où sa fureur. Le nigaud avait été berné. C'est un coureur de fond novice manquant d'expérience qui se croyait le premier, parce qu'il était seul sur la ligne d'arrivée, alors que d'autres avaient fait plusieurs tours de piste avant lui. Malgré toutes les réclamations, on lui répondait qu'il n'y a pas photo. On imagine la dame chargée de recueillir le drap tâché, preuve de l'innocence de l'épouse, repoussée par le mari sortant de la chambre et poussant un cri à fendre le cœur le plus dur. Tout le monde avait compris. Les invités s'étaient retirés, non sans avoir proféré quolibets et injures à l'adresse de la jeunesse d'aujourd'hui. Ne restaient plus que les deux familles, l'une avec son jeune homme blessé dans son orgueil, l'autre avec son innocente menteuse. Il fallait bien des insultes. Ils en ont échangées. Après avoir échangé aussi des considérations sur l'honneur. La réalité a repris l'avantage. L'époux avait versé une dot. L'adversaire acceptait de rembourser. Les bijoux, les vêtements et autres cadeaux étaient rendus. Les autres frais étaient partagés en deux, compensation décidée, puisque le mensonge de l'épouse était devenu public. Décision suprême, les deux parties avaient accepté de s'adresser à la Justice en vue de l'annulation du mariage. Cela vient d'être décidé, il y a peu, le mariage est annulé. Sans que l'on sache si cela a été le procès du mensonge ou de l'innocence perdue. Ce jugement a provoqué la colère des Français indigènes, au point que le ministère francais de la Justice a demandé au parquet de faire appel. Par ailleurs, on laisse entendre que l'association féministe «Ni putes ni soumises», deviendrait «Ni innocentes ni soumises».Il y a donc un fait nouveau si le jugement est cassé. Il y aurait à coup sûr un nouveau procès pour juger d'un mariage forcé. Et c'est l'Etat français qui en serait l'auteur. On imagine déjà la réaction de toutes les associations féministes avec en tête «Les chiennes de garde». En vérité, la justice n'avait rien à faire dans ce fait divers. Ces deux innocents, chacun à sa manière, étaient faits pour vivre et vieillir ensemble.●