Majorité. Jamais, depuis l'alternance, une majorité n'a donné l'impression de vivre dans l'attente des lendemains peu enthousiastes, que l'actuelle majorité. Pourtant, sa naissance n'a pas été que douleur ! «J'ai fait un tour d'horizon avec nos amis de la majorité sortante dont ceux de la Koutla (bloc) démocratique. Mes impressions sont bonnes et je suis optimiste » : ce sentiment initial de Abbas El Fassi, exprimé lors de sa nomination, est-il toujours de mise ? Un tour d'horizon maintenant, peut rendre hypothétique tout enthousiasme. Mais la question a ceci d'évident qu'elle survient à un moment où la Koutla est presque en berne. Aussi, est-il notable que ses composantes vivent des temps aussi politiques qu'intrinsèques différents ! De prime abord, le bloc démocratique, regroupant l'Istiqlal, l'USFP, le PPS n'évolue plus au rythme de préoccupations communes : chacun a ses propres calculs et ses propres démons. Désenchantés depuis le 7 septembre, les socialistes sont en proie à une réelle mise en examen. Et tout y passe : la succession d'Elyazghi, la participation au gouvernement, aussi et surtout, les alliances politiques. Autrement dit, le devenir de cette même koutla qui sert de socle d'entraînement pour la majorité, sinon sa colonne vertébrale !. Il est, effectivement de notoriété publique que des positions prennent corps, au sein du parti socialiste sur la base des éventuels contrats politiques : qui défend une reconstruction en profondeur, fondée sur une appartenance claire à la gauche, qui prône la continuité de l'action au sein de ladite koutla, en attendant des jours meilleurs pour une gauche actuellement dans un état végétatif ! Entre les deux, le sentiment collectif que le parti doit s'atteler sur sa propre refondation interne pour sauver les meubles, marque les esprits plus que n'importe quelle autre priorité chez un grand nombre d'Usfpeistes. Le PI, lui, a son propre agenda. Prévu pour fin octobre, son congrès doit tenir compte des évolutions possibles chez les alliés. Rien ne filtre, toutefois des débats internes sur le sujet : «il est une règle en politique qu'il ne faut jamais s'immiscer dans les affaires des alliés», note un membre de la direction. Risque de frustrer un parti en crise ouverte ? Pas seulement : «au point où en sont les débats et les états d'âme, il n'est pas exclu que les congressistes prennent ceci pour un coup bas, voire un acte d'irrespect», poursuit la même source. D'autant plus que le parti socialiste, de tous les partis de la koutla, est celui qui est sorti perdant de la constitution du gouvernement. «Un seul siège a fait la différence politique entre le RNI et l'USFP», ne cesse de répéter Driss Lachgar. Conclusion : les amis de Mustapha Mansouri ont eu droit à plus de ministres que ceux d'Elyazghi, plus les deux présidences du Parlement bicaméral ! Cet état des lieux sera forcément pris en compte dans la grille de lecture des congressistes socialistes. En attendant, leurs alliés istiqlaliens doivent prévoir tous les scenarii possibles. C'est dire combien la situation est hypothétique pour la koutla. À gauche, les rencontres se suivent et se ressemblent. Dernière en date, une réunion chez Thami Khiari des directions de cinq partis de gauche, l'USFP, le PPS, le PSU, le parti socialiste, le Travailliste et le FFD bien évidemment. Au menu : «le dépérissement de la politique au Maroc». Pas moins. Il y a lieu donc de prévoir un lifting politique qui changera les priorités du PI, sur la base des nouvelles orientations de l'USFP.