ça gaze dans l'air Quand la loi n'est plus ce qu'elle est censée être, le cow-boy est dans l'air ! Chez Royal Air Maroc, il peut même se targuer du titre de directeur. Des ressources humaines, de surcroît. A croire le ras-le-bol général des travailleurs, la compagnie aérienne est devenue l'air natal de toutes les aberrations : on peut tirer sur tout ce qui bouge : salaire, prêt, liberté… Et même sur une ambulance s'il arrive au chauffeur, par mégarde ou par sens du devoir, de transporter un employé malade ! C'est incroyable, anachronique, surrané… mais c'est proprement DRH. N'en déplaise aux employés, la RAM, c'est le ciel ! Le logement, pour ce bon jeune père de famille de directeur, en sera de trop. Récit. Depuis un certain temps, personnel et direction des Ressources humaines ne volent plus des mêmes ailes. Pratiques arbitraires, manœuvres dilatoires, décisions illégales, clientélisme… la liste est loin d'être exhaustive. Mais c'est tout ce qui reste du dialogue social et du management au sein de la RAM. A croire le syndicat des travailleurs, affilié à la CDT, "certains membres" du comité permanent de dialogue social ont substitué les "pratiques incantatoires” (sic) à la motivation du personnel, et les "méthodes policières" à la discipline et à la rigueur. Ni réglementation, ni libertés, ni respect de la dignité des individus. Pourtant, on espérait mieux du CPDS. "Après l'avènement du nouveau président et la constitution d'un Comité permanent de dialogue social (CPDS), nous avons espéré, disent les travailleurs, que la vie sociale au sein de la RAM se stabiliserait et que les conditions propices seront créées pour réactiver les travaux des grands chantiers qui intéressent l'ensemble du personnel". Notamment la convention collective, la retraite, la mutuelle… etc. Tel n'a pas été le cas, et le doute de s'installer. A l'adresse des hommes et des femmes de la RAM, la DRH oppose un bras de fer que seule semble motiver la volonté de nuisance. Tenir rigueur au personnel et l'asservir - le mot est craché - est la seule devise dont la DRH a fait sienne. En clair, son "souci n'est pas de savoir comment développer une nouvelle approche dans les relations avec les collaborateurs ou employés, mais plutôt- s'insurge le syndicat- comment renforcer le contrôle et multiplier les procédures contraignantes pour en faire de bons exécutants avec le minimum de marge de liberté ou de créativité". On croit lire “Germinal” d'Emile Zola, ou un réquisitoire ouvrier du 19ème siècle. Pourtant il est loin, très loin, le temps où le souci majeur était de bâtir une administration "cléricale" au sein des entreprises. Le chargé de la DRH est hélas de ces responsables peut-être le meilleur élève de cette classe-là. Surtout ne lui dites pas que les employés sont des êtres humains susceptibles de tomber malades. D'abord, il est presque impossible de l'être à la RAM. Ensuite, il en fera sûrement une maladie ! Effectivement, s'il est des prérogatives de la DRH de déclencher la contre-visite médicale à la demande des services concernés, "ces derniers temps, note le syndicat, on a remarqué une recrudescence de rapports de contre-visite selon lesquels les certificats médicaux délivrés sont injustifiés". Exemple parmi d'autres : "le médecin traitant prescrit 4 jours et le médecin contrôleur décide que seuls 2 jours sont justifiés ou bien que la maladie est imaginaire". L'employé malade peut-être aussi. Tant il est vrai que le fantastique et le burlesque servent de lois à la RAM. Conclusion : "ou bien ces médecins font de l'excès de zèle, ou bien ils exécutent des directives bien précises !". Ou mieux encore: c'est la maladie qui nous tuera, ou ce sera le médecin!!" C'est presque des caprices (devinez le qualificatif!) en guise de mesure rigoureuse. Autrement, "un médecin a-t-il le droit de juger la décision d'un confrère", s'enquérit, à juste titre, le personnel. Surtout que "seul un médecin expert assermenté près les tribunaux a ce droit… Certes, la direction des Ressources humaines en fait trop. Mais il ne suffit pas d'une propension un tantinet paranoïaque pour faire d'un responsable un cow-boy à la RAM. Si la DRH n'en fait qu'à sa guise, cela est dû, entre autres, à l'absence de convention collective, ou de toute réglementation au sein de la compagnie". L'affaire est entendue, la DRH n'en rajoute pas moins du sien. Notamment sur le plan des prêts de logements. Sans préavis - l'arbitraire, toujours, cette même DRH a "décrété que seuls les agents ayant au moins 10 ans d'ancienneté peuvent bénéficier d'un prêt de logement". Pour les autres - c'est-à-dire ceux qui ont passé 4 à 10 ans, "l'accord préalable de la hiérarchie est exigé". Fruit d'un élan mégalo, il ne fait pas qu'un seul malheur. Car - attachez vos ceintures ! - "cette décision va à l'encontre de la note de service n°16 du 04/03/96 signée - maintenant on va décoller - par le responsable de la DRH lui-même !" Une note qui avait "réduit l'ancienneté de 5 à 4 ans pour l'octroi des prêts de logement!". Les techniciens de la RAM, on s'en doute, y trouveraient un vrai bloque-note ! On devine la suite : favoritisme, clientélisme et discrimination syndicale. Dans, leur désarroi, les cadres employés et autres travailleurs nouvellement "atterris", ne savent plus où donner de la tête. Quand en outre, ces mesures sont prises par des responsables dont la ferveur malsaine s'apparente à un auto-encensement, le spectacle devient encore plus inadmissible. C'est à contre-cœur, cependant qu'il faut admettre une chose : un cow-boy à la RAM, fait de notre chère compagnie aérienne nationale, un réel OVNI (Objet volant non identifié, pour les fans de l'ufologie).Très terre-à-terre, hélas. Fin de l'histoire : la nouvelle culture entreprenariale, certains s'y entendent comme à RAMer des choux. A qui le tour ?