Pour la première fois depuis la création de l'UNIM en 1971, les islamistes sont favoris pour diriger leur bureau. La présidence de l'UNIM elle même, peut facilement basculer du côté des islamistes du PJD et d'Al Adl Wal Ihssan. Le 6ème congrès de l'UNIM (Union nationale des ingénieurs du Maroc) qui s'est tenu du 28 février au 2 mars à l'EMI, a élu un comité administratif composé de 75 membres. Pour la première fois depuis la création de l'UNIM en 1971, les islamistes sont favoris pour diriger leur bureau. La présidence de l'UNIM, elle même, peut facilement basculer du côté des islamistes, lors de la réunion du 22 mars courant, où sera élu le bureau qui va diriger l'Union des ingénieurs du Maroc. À l'issu des quatre jours du congrès, les délégués des ingénieurs ont élu les membres du comité administratif. Les résultats ont donné les islamistes favoris avec 35 sièges dont 29 à l'association Al Adl Wal Ihssane et 8 sièges pour le PJD. Par contre, la gauche a réussi à récolter 38 sièges dont 17 siéges pour l'UMT-Annahj Addimocrati, 7 sièges pour l'USFP, 6 sièges pour le PPS, 5 sièges pour la CDT et enfin 3 sièges pour l'Istiqlal. Ce qui apparaît comme un résultat équilibré cache un vrai malaise au sein de la profession d'ingénieur au Maroc. Les alliances au sein du deuxième groupe peuvent facilement basculer de l'autre coté. Après 13 ans de léthargie, le 6e congrès de l'UNIM a pu enfin renouveler les instances. Mais ces résultats inquiètent les partis de la gauche qui regardent leur organisation d'habitude d'obéissance de gauche, leur filer entre les mains et s'installer du côté du PJD et d'Al Adl Wal Ihssane. Selon une source au sein du congrès, le bon résultat des islamistes se justifie par leur persévérance et leur discipline, en plus du recrutement de certains ingénieurs indépendants. Pour sa part, la gauche était allée en rang dispersé au sixième congrès de l'UNIM. des divergences politiques avaient plané sur le déroulement du congrès entre les radicaux de gauche d'Annahj Addimocratie ( ex-Ila Al Amam), le PSU, la CDT d'une part et l'USFP et le PPS d'autre part. L'organisation des ingénieurs istiqlaliens, avait même dénoncé les irrégularités du congrès. Pourtant, les islamistes ne représentent que 160 congressistes parmi les 661 qui ont participé au congrès, 775 étaient inscrits au début pour y assister. L'abstention a aussi ses adeptes chez les ingénieurs marocains, puisqu'une centaine d'entre eux se sont absentés pendant le congrès. Selon une source bien informée, il serait exclu que l'Association Al Adl Wal Ihssan vise la présidence de la plus prestigieuse instance représentative des ingénieurs au Maroc. Les pouvoirs publics pourront refuser d'ouvrir un dialogue avec un président issu de l'organisation non reconnue par l'Etat, Al Adl Wal Ihssan. Camp islamiste Ce qui va bloquer le travail de l'instance élue. Mais si les 17 voix de l'UMT et Annahj vont vers le camp islamiste, les représentants des diverses gauches pourront dire adieu à l'UNIM, qui a été dirigé pendant 13 ans par l'Usfpeiste, Ahmed Guitaae, ingénieur en statistique et ancien directeur de la planification au MEN. Guitaae occupe actuellement le poste de Secrétaire générale du ministère de la Culture. Fait nouveau, le 6ème congrès de l'UNIM, vient d'amender une décision qui stipule que les ingénieurs assimilés comme ceux de l'INSEA, ne pourront plus avoir la possibilité d'être représentés au sein de l'UNIM. Les ingénieurs assimilés devront constituer leur propre organisation représentative qui risquera elle-même d'être reprise par les islamistes. Selon un cadre dirigeant d'Annahj Addimocaratie au comité administratif de l'UNIM : «actuellement l'Etat récolte le fruit de ce qu'il avait semé il y a des années. Les islamistes étaient encouragés par le pouvoir à prendre le contrôle des Universités et des Grandes écoles d'ingénieurs». Selon les dernières nouvelles, au cas où les islamistes emporteraient la partie, c'est un représentant du PJD qui sera propulsé au poste de président. Dans le cas contraire, un président issu des rangs d'Annahj Addimocrati pourra faire office de compromis entre les deux camps. Le 6ème congrès qui s'est tenu sous le thème «l'ingénieur citoyen au service du développement» intervient plus de treize ans après le 5ème congrès qui s'est tenu en 1994. Selon l'ancienne direction de l'UNIM, le dossier revendicatif des ingénieurs n'a été régularisé par le gouvernement qu'en 2003, ce qui a retardé le renouvellement des instances. Entre temps, des tentatives de création d'autres organisations avaient vu le jour, notamment en 2000 où la Commission Nationale des Ingénieurs, affiliée à l'UMT est née. Une action initiée par les ingénieurs du secteur agricole, affiliés à l'UMT. De l'ingénieur marxiste à l'ingénieur kamikaze Hicham Doukkali, le Kamikaze de Meknès était ingénieur de formation. Né le 13 août 1977 à Khénifra et diplômé de l'Ecole Hassania des Travaux Publics, il avait travaillé dans une société de bâtiment à Kénitra, avant de rejoindre la Sous-direction régionale des Impôts de Meknès en 2003. Depuis mars 2006, il avait été affecté au service de la TVA à la Direction des Impôts de la même ville. Il était classé à l'échelle 11 avec un salaire moyen de 10.000 DH par mois. L'homme faisait office de privilégié si on compare sa situation à d'autres catégories sociales. Comment cet ingénieur a pu facilement basculer vers le sommet de l'extrémisme ? C'est la question à laquelle devraient répondre les décideurs politiques. Longtemps restées le fief des progressistes, aujourd'hui les filières techniques sont devenues la chasse gardée des islamistes. À titre anecdotique, Mustapha Moatassim et Amine Regala détenus dans le cadre de la cellule Belliraj étaient tous deux professeurs à l'ENES en géologie et biochimie.