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Croyez-vous en la politique ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 16 - 12 - 2002


Enquête sur les jeunes et les valeurs politiques
Une enquête sociologique auprès de 36 jeunes Marocains révèle, curieusement, l'enracinement de valeurs politiques fondamentales dans les constructions et les représentations politiques des jeunes.
Une valeur, c'est ce qui vaut, ce qui mérite d'être recherché, une fin à atteindre. Les valeurs sont multiples quoique très peu connues. Elles se caractérisent par leur polarité (le bien et le mal) et par la difficulté qu'il y a à les hiérarchiser.
Ainsi, faut-il préférer la justice à la liberté, le droit au devoir, le pluralisme à l'intégration... etc. C'est surtout le problème de leur objectivité et même de leur transcendance qui se pose : les valeurs ont-elles une réalité ou sont-elles le fruit de notre subjectivité ?
Sont-elles extérieures à nous-mêmes ou intégrées à nos actes ? Les attaques des maîtres du soupçon (Marx, Nietzsche, Freud) invitent à considérer les valeurs comme des illusions (arbitraire culturel, création humaine, convention etc...)
D'un autre côté, l'approche individualiste de Weber montre plutôt que le sens que l'individu donne à ses actions se réfère souvent à des choix entre valeurs multiples. Convaincus par la pertinence de cette conception, nous avons tenté de dégager les valeurs politiques qui nourrissent les représentations politiques des jeunes. Dans ce sens, nous avons effectué une enquête sociologique indépendante, après les élections législatives du 27septembre, dans l'objectif de savoir comment nos jeunes se représentent le monde politique, sachant qu'ils formeront l'électorat dans les années à venir. Notre échantillon aléatoire a été constitué de 36 jeunes étudiant(e)s, âgé(e)s entre 18 et 22 ans et résidant dans la ville de Casablanca. Les enquêtés étaient appelés à se prononcer sur des valeurs politiques qui constituent le socle de l'univers politique : la citoyenneté, la modernité, la démocratie, la justice sociale, les droits de l'Homme, la tolérance... Voici leurs réactions exprimées souvent avec une grande spontanéité et autant de franchise.
Haut degré de citoyenneté
D'après les résultats de l'enquête, il semble établi que les jeunes sont plus ou moins “engagés” à prendre part à la vie politique. En effet, la majorité parmi eux se dit favorable à entreprendre des actions politiques à condition qu'elles respectent la légalité et ne sèment pas le trouble dans la société. Pour exemple, 70% se disent prêts à prendre part à une manifestation autorisée. Alors que 97 % des jeunes rejettent l'idée de participer à une grève sauvage ou à occuper des bureaux ou des usines. Ce comportement responsable atteste positivement d'un haut degré de citoyenneté et d'une éducation civique qui rejette la violence sous toutes ses formes.
Si on se base sur les résultats de l'enquête, il apparaît que la majorité des jeunes privilégient la voie des réformes réfléchies à celle du changement radical et brutal de la société. En effet, les jeunes n'accordent pas une grande importance à la recrudescence de “forces subversives”, toutes tendances confondues. Ainsi, seulement 14% estiment qu'il faut combattre l'intégrisme sous toutes ses formes. Par contre, ils affichent des attitudes fondamentales positives, voire exemplaires, qui vont de concert avec les grandes orientations et choix du système politique. D'une certaine manière, les jeunes enquêtés croient à la nécessité de renforcer le processus de transition démocratique. En revanche, une grande partie des jeunes se dit réservée quant aux valeurs fondatrices du libéralisme. Par exemple près de 60% des enquêtés pensent que les revenus doivent être plus égalitaires, que la nationalisation des entreprises devrait être encouragée, que la concurrence est dangereuse. Alors que seulement 40% parmi eux appellent à l'encouragement de la propriété privée
et à la concurrence. Ceci s'explique logiquement par l'effet dévastateur que va engendrer la mondialisation. Donc, il est tout à fait compréhensible que les jeunes affichent des réserves à l'égard de la libéralisation qui appelle à la démission de l'Etat.
Innover le personnel politique
D'après les résultats de l'enquête, il semble que la majorité des jeunes (90%) s'exprime en faveur du rajeunissement du personnel politique. À ce niveau, l'effet générationnel est indéniable. En effet, les jeunes ne s'identifient nullement aux renards de la politique qui appartiennent à la vieille génération. Cette position constitue un indicateur de marque sur la détermination du comportement électoral de la jeunesse, et par conséquent, sur la recomposition structurelle de la classe politique. Plus, cette attitude reflète sans aucun doute l'engagement politique des jeunes dans le processus de modernisation et d'innovation politique.
Toutefois, on remarque que les jeunes interviewés n'accordent pas une grande crédibilité au personnel politique qui gère les affaires du pays. Autrement dit, les jeunes ne font pas tellement confiance aux institutions politiques. Ainsi, la majorité écrasante des interviewés, 84%, se dit “assez insatisfaite” de la manière dont les personnes au gouvernement conduisent les affaires du Maroc.
Pis, une grande partie d'entre eux pense que le Maroc est dirigé par des groupes d'intérêts et non au profit de tous les citoyens. En d'autres termes, les jeunes affichent un sentiment d'injustice sociale qui se caractérise notamment par des inégalités sociales frappantes.
En fait, la majorité écrasante des jeunes ne dispose pas de repères politiques lui permettant de s'identifier à telle ou telle tendance politique. Ainsi, près de 90% des enquêtés n'arrivent pas à se positionner sur le continuum : gauche – centre – droite. D'où la démission des partis politiques dans la socialisation politique des jeunes qui ne se reconnaissent pas en eux.
La démocratie, encore et toujours
En général, les jeunes interviewés se sont prononcés favorablement à l'égard de quelques composantes constitutives du credo démocratique comme le système démocratique et le principe des droits de l'Homme. Dans un premier lieu, les résultats de l'enquête révèlent que la majorité des jeunes (79%) confirme son adhésion au “credo démocratique” Seulement une minorité s'exprime en faveur d'un système politique totalitaire ou pour un régime militaire.
Dans un deuxième lieu, les résultats de l'investigation dévoilent un ancrage démocratique perceptible dans les attitudes politiques des jeunes. En fait, 60% des enquêtés font confiance à la démocratie comme étant la meilleure forme de gouvernement malgré ses problèmes. Alors que seulement 18% estiment qu'en démocratie, les décisions sont difficiles à prendre et provoquent des querelles. Le clan des anti-démocrates ne représente que 9 %, qui pensent que les démocraties n'arrivent pas à maintenir l'ordre.
Dans un dernier lieu, les résultats obtenus attestent positivement de l'implantation inébranlable de la culture des droits de l'Homme dans les représentations politiques des jeunes. Ainsi, une partie non négligeable des enquêtés est convaincue que le Maroc doit fournir plus d'efforts dans la consécration des droits de l'Homme. À titre illustratif, près de 60% des jeunes estiment que les droits de l'Homme au Maroc ne sont que peu respectés. En somme, cela s'explique par l'enracinement des valeurs démo-cratiques dans les représentations politiques des jeunes. Mieux, c'est là une preuve irréfutable qui traduit les aspirations politiques des jeunes à la démocratisation et à la modernisation du royaume.
La paix passe par l'ONU
Selon les résultats de l'enquête, la majorité des jeunes croit à la nécessité d'établir une coopération durable avec la communauté internationale, notamment sur le plan politique, économique et social. Ainsi, 78 % des enquêtés pensent qu'il faut consolider l'aide internationale aux pays en voie de développement. Plus, 85 % parmi eux estiment que seule l'ONU est habilitée à résoudre les problèmes liés à l'immigration clandestine et au conflit saharien. Cela atteste d'un haut degré d'ouverture politique des jeunes à l'environnement international. La croyance aux principes de coopération avec l'Occident démontre l'implantation
d'un discours de tolérance dans les représentations des jeunes qui acceptent “l'autre” dans toute sa différence.
Ils croient à la politique, mais...
En résumé, il ne serait pas exagéré d'affirmer l'enracinement de valeurs politiques fondamentales dans la construction des représentations politiques des jeunes. De fait, l'enquête sociologique s'est révélée pleine d'enseignements : primo, les jeunes affichent un haut degré de citoyenneté qui rejette la violence sous toutes ses formes, bien qu'ils ne disposent pas de repères politiques leur permettant de s'identifier à telle ou telle tendance politique.
Secundo, les jeunes croient à la nécessité de renforcer le processus de modernisation politique en procédant au rajeunissement du personnel politique. Même si une grande partie d'entre eux n'accorde pas une grande crédibilité au personnel politique qui
gère les affaires du pays et redoute vraisemblablement les effets négatifs du libéralisme.
Tertio, les jeunes se sont prononcés favorablement à l'égard de quelques composantes constitutives du “credo démocratique” tels que le système démocratique et le principe des droits de l'Homme. Même s'ils pensent que le Maroc est dirigé par des groupes d'intérêts minoritaires. Enfin, les jeunes enquêtés affichent un degré d'intolérance zéro, dans la mesure où ils croient à la nécessité de consolider la coopération avec la communauté internationale, notamment l'ONU, pour résoudre les problèmes qui enveniment les relations du Maroc avec ses voisins.


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