Mercredi 31 octobre à Midi, tombent les verdicts tant attendus des attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Avec plus d'une vingtaine d'accusés marocains et quelques espagnols, les verdicts ont pour le moins été teintés de symbolisme et de grande surprise. 40 000 ans de prison. Un chiffre symbolique vu qu'en Espagne personne ne peut dépasser la peine de 40 ans de réclusion criminelle. Mais la justice espagnole a voulu marquer un coup. Et c'est fait, puisque trois accusés ont été «reconnus coupables d'assassinats et de tentatives d'assassinats terroristes». Ce sont là les deux Marocains Jamal Zougam, reconnu coupable d'être «l'un des poseurs de bombes» et Othman el-Gnaoui, et de l'Espagnol José Emilio Suarez Trashorras, un ancien guardia civil, ex-mineur et trafiquant de drogue. Les deux derniers ont été considérés comme «collaborateurs nécessaires aux attentats». Ce sont eux qui ont participé au pourvoi des explosifs à la cellule madrilène. Si l'on s'attendait à des peines aussi corsées à cause de l'ampleur des dégâts et le nombre des victimes, ce procès a offert son lot de surprises et de stupéfactions. En acquitant totalement l'Egyptien Rabei Ousmane Sayed Ahmed connu sous le nom jihadiste de «Mohamed l'Egyptien», pourtant présenté par l'accusation comme l'un des trois organisateurs des attentats, le parquet de Madrid jette un pavé dans la mare. Ce même Egyptien qui purge une peine en Italie pour appartenance à une cellule terroriste, cerveau présumé des attaques d'Atocha, ne passera pas une journée de plus en prison. Selon les avocats de l'Egyptien, les charges retenues contre lui «étaient minces», mais c'était aussi le cas pour les autres accusés à l'exception d'Emilio Trashorras et Rafa Zouheir. Quoi qu'il en soit deux autres accusés, considérés comme des organisateurs des attentats, les Marocains Youssef Belhadj et Hassan al-Haski ont été condamnés à des peines inférieures à 20 ans de prison «pour appartenance à un groupe terroriste.» La stupéfaction va plus loin si l'on considère les cas Jamal Zougam et Abdelmajid Abouchar, jugés pour les mêmes chefs d'inculpation, mais qui verront leurs destins prendre des voies judiciaires pour le moins incompréhensibles. Pire, le cas d'El Haski et Belhadj, poursuivis en Belgique, demandés par la France, impliqués avec le groupe de Hofstadt en Hollande, qui écopent d'une peine inférieure à celle de Zougam. Ceci pour démontrer le cafouillage des dossiers d'inculpation qui reposent chacun sur des données contradictoires permettant aux avocats d'utiliser des brèches prévisibles comme cela a été souligné par l'avocat de l'Egyptien. Ceci dit, malgré l'acquittement de sept accusés sur les vingt-huit prévenus, le procès n'est pas terminé. D'autres rounds sont à prévoir avec les groupes Nova 1 et Nova 2, ainsi que d'autres affaires liées à des groupes dormants en Europe dont les prévenus vivaient en Espagne. Ce qui fait dire à plusieurs magistrats à la clôture de la séance de ce mercredi que des appels auront lieu et pourquoi pas d'autres acquittements comme cela a été le cas pour le procès d'Al Qaïda lié à l'opération Datil.