Il y a de quoi douter. Faut-il qu'il y ait autant de trouble-fête pour la plus grande fête de notre football? On s'était trop réjoui de voir enfin le complexe Mohammed V être en mesure d'abriter le Derby et de le voir pris d'assaut par des dizaines de milliers de spectateurs et que des millions de Marocains soient rivés à leur petit écran à l'occasion. Mais, malheureusement, le pire guettait au bout du duel. Tous les ingrédients étaient réunis pour que la fête soit au point. Deux équipes, les plus populaires du pays. Le Complexe qui s'était mis sur son trente et un pour être à la hauteur de l'évènement. Hélas, dans l'engouement incontrôlé qui avait précédé le match, un jeune, dix sept printemps à peine, s'est fait écraser par un bus. Des blessés aussi. On avait cherché à oublier tout cela pour ne se concentrer que sur le match et l'environnement qui allait avec, tout en vantant exagérément la folle ambiance et le comportement combien « civique et civilisé » d'un public «extraordinaire et unique». Il y en avait même qui sont allés jusqu'à évaluer le nombre des spectateurs présents à, quelque chose, comme quatre vingt dix mille pour un stade qui ne peut en supporter, dans le meilleur des cas, que soixante mille. C'est un peu vrai en quelque sens, puisque il y en avait qui étaient restés dehors avec leurs billets inutilement brandis. D'autres ont eu plus de « chance ». Ils ont accédé à l'Eldorado « derbien », mais tout en restant stationnés dans les couloirs bourrés et exigus, se contentant du seul brouhaha commis par ceux qui avaient la vraie chance d'assister d'assez près aux débats. Le jour où l'on aura droit à des places numérotées, on pourra alors parler de professionnalisme. Allez comprendre pour quelle raison, sur la centaine de milliers annoncée, il n'y en avait pas plus de cinquante mille payants. Si la resquille atteint un seuil pareil, c'est qu'il doit y avoir de la magouille dans l'air. C'est qu'il y a des intouchables qui ne se contentent pas de franchir allégrement et à l'oeil toutes les issues, mais qui traînent aussi dans leur sillage toute une smala de resquilleurs privilégiés. Il y aura plus grave au grand dam des chanteurs de louanges. Dirigeants, staff technique et joueurs du Raja en savent quelque chose. Une fois la défaite consommée, c'est le crâne du président qui s'en trouve visé et les autres sauvagement pris à partie. La fin du monde, quoi ! On était bien loin du sport, du fair-play et du fameux public si extraordinaire et si unique. Le pire, ce sera toute une ville de paisibles citoyens qui ne sont ni rouges ni verts qui allaient en pâtir. Des magasins saccagés, des vitrines fracassées, des bus et autres voitures abîmés. Et dire que certains érudits s'escriment à vouloir justifier l'injustifiable. Si les hooligans version locale, prétendent-ils, sévissent de la sorte, c'est parce qu'ils auraient quelques raisons à le faire. C'est la faute à nos stades donc qui ne leur offrent pas le confort nécessaire. C'est parce qu'ils seraient frustrés par ailleurs et que ce serait leur manière, à eux, de se défouler et donc de se comporter en vandales et en barbares. Aberrant !