Tous les grands partis politiques vivent, dans certaines circonscriptions, une réelle crise pour le choix des têtes de listes, pour les prochaines élections. Inéluctablement, il y aura des mécontents. Donc des hémorragies de militants. Les élections approchent à pas de géant et les partis politiques, surtout les plus grands d'entre eux, n'ont pas encore tranché de manière définitive, dans le choix de toutes les têtes de listes. En fait, seuls quelques cas, sont d'ores et déjà connus, mais dans plusieurs circonscriptions électorales les bras de fer sont rudes entre deux ou même trois candidats du même parti politique. Prenons le cas du parti de l'Istiqlal, tout d'abord. L'un des poids lourds du parti, en l'occurrence Abdelhamid Aouad, également président du groupe à la Chambre des Représentants, ne s'est pas encore adjugé la circonscription de Rabat-Océan, où il est régulièrement élu. Et pour cause, devant lui se trouve d'autres noms et pas des moindres. C'est le cas de Hassan Khourani, membre du comité central. Celui-ci ne jouit pas forcément d'une même aura que l'ancien ministre de la Planification, mais sa candidature pose un sérieux problème à la direction du parti de l'Istiqlal. Dans l'autre circonscription de la Capitale, en l'occurrence Rabat-Chellah, deux grosses pointures de l'Istiqlal se disputent la tête de liste. Il s'agit de Saâd Benmbarek, président de l'arrondissement de Hassan et de Hassan Cherkaoui, premier vice-président du conseil de la ville de Rabat. La partie est serrée. Le même scénario, ou presque, se retrouve à Marrakech, dans la circonscription de Guéliz, où un ponte de l'Istiqlal et ancien ministre de la Fonction publique puis de l'Artisanat, Moulay M'hamed El Khalifa, est confronté à la candidature d'un autre militant istiqlalien, Réda Taârji, président de la commune d'Oulad Hassoune, située à 16 Km de Marrakech. Selon des sources concordantes, c'est Abdelatif Abdouh, parlementaire istiqlalien et président de l'arrondissement de Ménara-Guéliz, qui soutient Réda Taârji contre son rival El Khalifa. L'Istiqlal doit donc gérer ces deux affaires, où deux de ses membres siègent depuis belle lurette dans le comité exécutif, l'instance suprême du parti. Luttes intestines La procédure établie par le PI exige le retour aux bases en cas de désaccord entre deux ou plusieurs têtes de liste. Mais là encore, les choses ne sont pas aussi simples qu'elles ne le paraissent. Un candidat comme Moulay M'hamed El Khalifa, n'est pas contre le passage par l'assemblée provinciale de Marrakech pour départager entre les deux prétendants à la tête de liste istiqlalien à Guéliz. Toutefois, les élections au sein de l'assemblée provinciale, n'ont pas été réalisées. Elle ne peut donc pas se prononcer. Nous sommes donc dans une impasse. Pour en sortir, une idée commence à circuler au sein de l'Istiqlal : le comité exécutif voudrait décréter que ses propres membres-candidats aux élections, peuvent bénéficier d'une «priorité». Une option clairement antidémocratique, qui mettra inéluctablement Aouad et El Khalifa à l'abri de tout souci. Mais Moulay M'hamed, un dur à cuire, semble déjà préférer la voix de la base pour éviter qu'on dise, demain, qu'il fût imposé par le comité exécutif. Ce genre de dissensions existe dans tous les grands partis politiques. Dans l'Union des Mouvements Populaires (MP), Mohamed Moubdie, parlementaire et président de la «prestigieuse» Commission de l'Intérieur à la Chambre des Représentants, a pratiquement été écarté dans sa circonscription traditionnelle de Fkhih Ben Salah-Beni Amir. Face à lui, Mohamed Fadli, fils d'un grand agriculteur et propriétaire terrien de cette région. Selon des sources proches du MP, c'est le propre Mohand Laenser qui soutient la candidature du fils Fadli. Chez l'USFP, la bataille est rude à Tanger entre Omar Elyazghi, le propre fils de Mohamed Elyazghi, Premier secrétaire du parti, et Abdelatif Bernoussi, un expert comptable soutenu par l'Usfpéiste, le maire de la ville du Détroit, Dahmane Darhame. Le premier, est quasiment sûr de décrocher l'accréditation de l'USFP, même si des «rumeurs infondées» ont fait état, il y a quelques jours, du retrait de sa candidature. Toujours à l'USFP, et plus précisément à Taza, le député et ancien président de la Commission des secteurs sociaux, Abdeljalil Bouqetassa, qui est également secrétaire régional de l'USFP, se dispute la tête de liste avec un autre Usfpéiste, Ali Mozazi, président de la commune rurale de Bouchfaâ. En fait, cette liste n'est pas exhaustive. D'autres circonscriptions connaissent des luttes intestines au sein des partis de la majorité. Et même dans l'opposition, notamment au PJD, où des ténors comme Abdellah Baha (ancien président du groupe parlementaire) et le tonitruant Abdelilah Benkirane, n'ont pas encore trouvé de circonscriptions où se présenter. L'ensemble de ces mécontents, tous partis confondus, risquent de se retrouver, le 7 septembre 2007, candidats sous une autre couleur. Cela affaiblira les grands partis, au grand bonheur des petites formations. D'ailleurs, dans ces dernières il y a très peu, pour ne pas dire pas du tout, de bras de fer. C'est le patron du parti qui distribue les accréditations. Et basta. Moralité de l'histoire : moins il y a de démocratie interne, moins il y a de tracas pour les accréditations. Et vice versa. Le cas Chaâbi à Rabat-Chellah Faouzi Chaâbi, qui prépare son entrée aux élections législatives de 2007 sous les couleurs du PPS dans la circonscription de Rabat-Chellah, risque d'être profondément déçu. Et pour cause, il serait victime d'un deal électoraliste, entre le PPS et l'USFP. En effet, selon des sources dignes de foi, Nabil Benabdellah, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, aurait sollicité le soutien de l'USFP dans la circonscription de Témara. Jusque là rien de grave. Toutefois, en contrepartie de cette aide, un autre poids lourd de l'USFP, en l'occurrence Driss Lachgar, exige qu'aucun candidat PPS ne se présente contre lui dans la circonscription de… Rabat-Chellah. En clair, «Otez Chaâbi pour que je soutienne Benabdellah». Les jeux sont quasiment faits. Et Chaâbi risque gros dans ce deal.