1 million d'années à travers des vestiges rares pour retracer l'Histoire de Casablanca. Autant de vestiges exposés jusqu'au 25 avril 2007 à la Cathédrale Sacré-Coeur de Casablanca. Il s'agit là, d'un retour amont. Un long périple dans la mémoire du temps. C'est là, d'ailleurs, le but de l'exposition conçue autour du thème «Casablanca, il y a un million d'années» qui se tient depuis le 30 mars dernier à la Cathédrale Sacré-Coeur, de Casablanca. Le grand intérêt d'une telle exposition est de faire le lien entre l'histoire récente de la ville et son enracinement dans l'Histoire humaine. Et c'est par le biais d'une myriade de vestiges archéologiques, qui sont autant de richesses inestimables, fruits des fouilles réalisées dans divers sites préhistoriques dont certains sont mondialement connus. C'est notamment le cas des sites de Sidi Abderrahmane (classé patrimoine national en 1951), Oulad Hamida1 et la carrière Thomas1, que le public marocain, et surtout Casablancais peut remonter dans le temps et dans l'espace pour un voyage initiatique. Sites du patrimoine humain Pour nous, il est question des sites qui ont livré de nombreux restes humains. Résultats de grandes fouilles archéologiques, tout ce qui a été déblayé et remonté à la surface, témoigne d'une présence très ancienne dans la région. Et le tout est bien conservé grâce, entre autres, aux conditions géologiques particulières, qui marquent cette partie du littoral atlantique. Selon les plus grands spécialistes comme Yves Coppens, auteur d'une magnifique série sur l'Odyssée de l'Espèce et le Roman de l'Homme, l'importance anthropologique de ces sites est indéniable, d'autant plus qu'ils permettent aux archéologues de comprendre «l'origine et l'évolution des peuplements humains de l'Afrique du Nord et des échanges avec l'Europe méridionale». Et pour mesurer le poids d'une telle exposition, il faut revenir aux vestiges qui remontent à 400.000, voire 600.000 ans. Des restes que les scientifiques ont rattaché «à l'homo erectus évolué, responsable de la culture acheuléenne, par exemple». L'importance est tout aussi pédagogique et didactique. Comme le souligne Fethi Amani, chercheur à l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine de Rabat, «Elle permet au grand public et notamment aux étudiants d'apprécier le riche patrimoine archéologique que recèle la ville de Casablanca». Des objets rares Nous sommes de plain-pied plongés dans l'histoire, grâce à quelques pièces et objets provenant tous des sites casablancais. Avec d'autres objets, qui nous viennent de villes comme Rabat ou Safi où d'autres fouilles ont été réalisées avec beaucoup de succès. Ce sont là des témoignages à vif sur une période particulièrement riche d'enseignements. Il faut surtout s'arrêter devant le crâne d'homo sapiens (Dar es Soltan II, Rabat), le crâne d'homo sapiens archaïque (Jbel Irhoud, région de Safi), un fragment de mandibule d'homo erectus (Carrière Thomas, culture acheuléenne) et quelques outils comme des bifaces venus des grottes des Rhinocéros (quartzite, culture acheuléenne).On peut également, admirer des vestiges d'animaux comme la corne d'un mâle de Pamularius anguisticornis (antilope, fossile proche du Rubale) et Ceratotheriuum mauritanicum (proche du rhinocéros) ou la mandibule d'un Hipporium. Et cette exposition apporte un plus dans la démonstration, ce qui confirme son sens pédagogique, puisque l'on peut apprécier des images de synthèses qui illustrent les techniques employées, pour façonner les outils sur pierre par l'homo sapiens ou l'homo erectus. Il faut aussi ajouter à cela qu'une telle exposition vient mettre en évidence les grandes lignes du projet du parc archéologique de Casablanca. Un ambitieux projet initié par le ministère de la Culture et dont l'objectif principal est de sauvegarder une partie du patrimoine marocain encore gisant dans le sous-sol de la ville.