Denrées alimentaires soutenues par l'Etat Les filières de la contrebande L'office marocain de Commercialisation et d'Exportation (OCE) basé à Laâyoune, réserve annuellement une dotation de grandes quantités de denrées essentielles soutenues par la Caisse de compensation et destinées à la commercialisation dans les provinces sahariennes. Une mesure gouvernementale qui ne date pas d'aujourd'hui et dont l'objectif est d'alléger le fardeau social et économique sur nos concitoyens sahraouis, en particulier les familles à faibles revenus. Selon les dernières statistiques officielles de l'OCE : 375.000 tonnes de farine, 81.000 tonnes de sucre et 900.000 litres d'huiles sont commercialisées à des prix soutenus par les fonds de l'Etat. Ces quantités destinées en principe aux fours modernes, pâtisseries des provinces sahariennes. Une marchandise qui hélas se volatilise avant d'arriver à destination et disparaît brusquement pour se transformer en marchandise de contrebande écoulée sur les marchés mauritaniens. On pointe du doigt plusieurs hauts dignitaires des provinces sahariennes: des parlementaires, des conseillers communaux dont beaucoup sont propriétaires de magasins, de commerces et d'établissements (fours modernes, pâtisseries) auxquels ces denrées sont destinées et aussi certains busnismans. De nombreux fours modernes, pâtisseries ne servent que de façade. La plupart sont fermés et c'est eux qui bénéficient paradoxalement de ces denrées essentielles. La population concernée, constituée essentiellement de citoyens vivant au seuil de la pauvreté Pourquoi ces denrées n'arrivent pas à temps ? Pourquoi vend-t-on à bas prix la farine de mauvaise qualité obligeant les citoyens à aller chercher ailleurs et plus chère ? Pourquoi ces produits ne sont pas commercialisés au vu et au su de tout le monde ? Pourquoi enfin les fours modernes ne fabriquent plus de pain, leur mission essentielle et où vont dans ce cas, les quantités de sacs de farine, dont ils ont bénéficié ? Autre fait qui alimente les rumeurs. La prolifération des autorisations d'ouvrir des fours modernes que l'on constate dans la plupart des provinces sahariennes et qui est sans doute l'une des causes de cette anarchie qui bat son plein. Si l'on croit un citoyen sahraoui bien informé sur cette filière que «Une caisse de farine vendue' en détails dans le circuit normal, ne peut pas rapporter gros. Par contre plusieurs caisses écouleés d'un seul coup à des contrebandiers peut rapporter plus de bénéfices et vaudra plus de 65 DH». Les villes de Tan Tan, Guelmim et Agadir sont souvent traversées de véhicules transportant ces marchandises vers d'autres villes marocaines du nord. De même, de la capitale de Oued Eddahab, la ville de Dakhla, «ces produits marocains sont également acheminés en camions vers le territoire mauritanien», nous confirme un jeune citoyen habitué à effectuer le trajet entre la capitale économique mauritanienne Nouadhibou, son grand port de commerce et de pêche, et les principales cités de la région de Oued Eddahab.