Plus qu'une coopération au sens classique, le partenariat entre le Maroc et le sénégal s'est mû en une authentique école de développement et de solidarité partagés. La nouvelle visite Royale à Dakar est venue conforter cette tendance durable érigeant le partenariat entre les deux pays en modèle tendant vers l'excellence. Avec en filigrane, l'émergence d'un axe structurant Rabat-Dakar-Noukchott en prélude à l'avènement de l'Afrique nouvelle. Incontestablement, et de l'avis unanime des opinions publiques des deux pays, le partenariat entre le Maroc et le Sénégal force l'admiration générale pour s'ériger en un modèle tendant sûrement vers l'excellence en matière de partenariat Sud-Sud. Et jamais, dans les annales politiques au plus haut niveau, les promesses de chefs d'Etat n'ont été aussi bien suivies d'effets et tellement traduites dans les faits, à telle enseigne que le duo Mohammed VI-Abdoulaye Wade est devenu la référence sur l'exemplarité de la coopération bilatérale. Un binôme de dirigeants soudé dans la communauté d'intérêts et solidement adepte d'un partage des expériences, des expertises et de ressources pour le développement économique et la solidarité sociale. Mieux encore, cette très forte volonté politique commune et réciproque des deux chefs d'Etat africains se prolonge au-delà des frontières nationales et bilatérales pour stimuler une approche partage et solidaire des positions sur les grands dossiers intéressant les questions régionales et internationales. Cette remarquable évolution a vite fait de faire le tour des chancelleries de ce monde pour qualifier une coopération Sud-Sud par «Deux pays, une seule voix». Promesses africaines A ceux qui s'empressaient de cataloguer les «promesses» africaines de «tam-tam» à résonnance vide, ou ceux qui ont succombé à la tentation hâtive de n'y voir que de la «blagologie», restent étrangement muets. Il faut dire que nombreux étaient les partisans d'un scepticisme récurrent qui qualifiaient les relations entre le Royaume et le Sénégal de «diplomatie de façade» ou de «poudre à la perlimpinpin». Et force est de reconnaître que les résultats, à l'issue de la cinquième, oui la cinquième visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Dakar, sont plus que probants à tous les niveaux. Et que l'implication totale de notre pays n'est pas avare des moyens à consentir. En témoigne le lancement du grand projet pilote agricole REVA (pour un retour vers l'agriculture) entièrement financé et expertisé par le Royaume destiné à multiplier la création d'activités génératrices de richesses et créatrices d'emplois au bénéfice de centaines de milliers de Sénégalais auxquels est promis le désenclavement rural. C'est une magistrale leçon de solidarité africaine que notre pays vient, encore une fois, de donner sans compter et dont les objectifs humanitaires priment sur les calculs étroits économiques. En effet, REVA, considéré comme «un pôle d'émergence économique du type de l'excellence», est aussi le premier projet concrètement mis en œuvre dans l'objectif de freiner l'exode rural qui asphyxie les villes d'une part, et surtout de limiter l'émigration clandestine vers l'Europe en transitant par le Maroc. C'est aussi un exemple d'engagement bilatéral Sud-Sud qui contraste fortement avec la frilosité du bloc communautaire qui se focalise sur les mesures sécuritaires en négligeant l'aide au développement pour lutter contre l'émigration clandestine. Ces vérités ne relèguent pas pour autant les autres efforts consentis par ces deux pays dans leur volonté persévérante d'édifier un modèle de coopération Sud-Sud tendant vers l'excellence. Déjà, le Maroc a transféré son expertise des technologies provoquant les pluies artificielles adaptées à la climatologie du Sénégal qui, depuis, arrive à atténuer substantiellement les effets dévastateurs de la sécheresse. Tout comme le Royaume a multiplié les partenariats win win au plan économique avec la filialisation gagnante au Groupe RAM d'Air Sénégal International. Celle-ci d'ailleurs a fait l'objet au cours de la visite Royale , d'une convention sous forme d'avenant mettant en chantier un plan de progrès et d'amélioration de la société sénégalaise. Ou à la COMANAV pour les transports fluviaux avec la création de sa filiale SONAT, la formation des cadres douaniers et gestionnaires en eau potable, ou encore dans l'entretien des réseaux routiers. Ce n'est pas tout puisqu'il a été également convenu d'intensifier l'assistance technique dans le domaine des BTP, la protection civile, le contrôle alimentaire avec le laboratoire dédié à cet effet, ainsi que la protection réciproque des investissements. D'autres projets dans les infrastructures et d'autres secteurs économiques sont sur le point de s'élancer et le mieux reste à venir pour entendre des témoignages à chaud de sources diplomatiques n'hésitant pas à qualifier ce partenariat de «modèle réussi de coopération Sud-Sud reconnu par le monde entier». Coopération L'exemplarité de cette coopération arabo-africaine est appelée à s'intensifier davantage avec l'émergence d'un axe de partenariat Sud-Sud reliant Rabat et Dakar via Nouakchott. C'est ce qui est apparu avec la signature d'accords portant sur la réalisation de réseaux routiers desservant la Mauritanie et le Sénégal à partir de Tanger. Un engagement de taille qui fera date en intégrant les infrastructures tripartites sachant que l'axe routier mis en service en juin dernier relie Dakar via Nouadhibou et Nouakchott. Dans ce même registre tripartite, la visite Royale a permis d'autres accords, notamment au volet du transport maritime avec le projet de création d'une compagnie maroco-sénégalo-mauritanienne. Et par dessus-tout, ce qu'il faut bien retenir, c'est que les composantes agissantes de ce modèle d'excellence, Mauritanie comprise bien entendu, n'en connaissent pas moins, au plan domestique, des avancées décisives sur la voie de la démocratie, de l'Etat de droit et du respect des droits de l'homme. Si le Sénégal et le Maroc sont déjà des références régionales et continentales en la matière, il faut bien le dire aussi, la Mauritanie a traversé des étapes transitoires significatives dans cette direction. Et force est de reconnaître que le président Ely Ould Mohamed Vall a tenu toutes ses promesses pour restituer le pouvoir aux civils un peu plus d'une année après son arrivée au pouvoir en août 2005. D'ailleurs, hier ce pays frère maghrébin et africain a vécu son premier scrutin général où le peuple mauritanien a élu ses conseils municipaux et ses représentants à l'Assemblée nationale dissoute. Avec la garantie de la transparence électorale supervisée par une commission nationale indépendante et la présence d'observateurs internationaux. Si l'Afrique semble résolue à prendre le train en marche de la démocratie et du développement solidaire, la coopération exemplaire entre le Maroc et le Sénégal aura pesé de tout son poids et l'Axe émergent Rabat-Dakar-Nouakchott en consacrera l'avènement définitif. Un axe fort et dynamique qui ne saurait être longtemps ignoré par L'Union africaine.