Même si le phénomène est encore limité, le gaz subventionné utilisé par certains, les agriculteurs en particulier, à la place du gaz vendu en vrac non subventionné pourrait créer des pénuries si l'on n'y prend pas garde. Le GPL carburant (GPLC) bien que moins polluant que l'essence n'est pas rentable. Les Turcs et les Italiens qui ont tenté l'expérience font marche arrière. Le marché du GPL, ou Gaz de pétrole liquéfié à savoir le propane et le butane tel qu'il est utilisé aujourd'hui au Maroc pourrait connaître à terme des pénuries si l'on n'y prend pas garde. Et pour cause, si la rareté du GPL doit le destiner logiquement à la consommation domestique en premier lieu, cette source d'énergie commence à prendre d'autres orientations au Maroc. De plus en plus d'agriculteurs, pour pomper l'eau afin d'irriguer leurs périmètres, profitent de la subvention accordée au gaz conditionné pour raccorder leurs tuyaux aux bouteilles de gaz. «L'essence ou le fioul doivent être le carburant pour les machines à pompes», indique un professionnel dans le secteur de la distribution de carburant. Ainsi, l'Etat subventionne indirectement les besoins de ces agriculteurs en irrigation et du coup participe indirectement à la raréfaction de cette source d'énergie. On estime que cette pratique représente un petit segment qui peut tourner autour de 2 %. Pour le moment si ce phénomène est marginal, il n'est pas exclu qu'il prenne de l'ampleur. «Il ne faut surtout pas encourager l'utilisation du gaz à la place de l'essence», conseille Renzo Bee, directeur du GPL Total Maroc. Nombreux sont les opérateurs sur ce marché qui considèrent que les pouvoirs publics ne doivent pas prendre ce problème à la légère. Cette situation découle de l'action de l'Etat quand il a fixé les prix en 1995 et qui n'ont pas bougé depuis lors. Le grand défaut dans ce marché est que la bouteille de butane est prise par certains comme remplaçant de l'essence puisqu'elle coûte moitié moins cher que l'essence. «Pour résoudre ce problème, il va falloir supprimer la subvention pour stopper la surconsommation de gaz», estime le même professionnel. Ceci dit, le marché du GPL continue de connaître une évolution positive. «Sa croissance s'explique par l'augmentation du nombre des ménages au Maroc et du parc immobilier. De plus, on a constaté que de plus en plus de personnes utilisent le gaz pour le chauffage en hiver ; ce qui va augmenter la demande portée sur cette source d'énergie», souligne Renzo Bee, directeur du GPL de Total Maroc. Au Maroc, ce marché est composé du gaz vendu en vrac et en bouteilles. Celui qui est relatif à la bouteille tourne en moyenne annuellement autour de 1,3 millions de tonnes alors que celui du vrac se limite à 200.000 tonnes. Sur ces deux niches, Total Maroc détient respectivement 12 % et 25 % de parts de marché. Les compagnies de distribution qui opèrent dans ce secteur, pour accompagner la demande des consommateurs, développent toutes des stratégies pour s'accaparer plus de part de marché. Ainsi, GPL Total Maroc, fournit, installe et le maintient de façon permanente des citernes aux différents usagers. «En général, ceux qui consomment beaucoup sont les industries, mais aussi les particuliers dans le cadre du chauffage au propane», indique Renzo Bee. L'objectif de cette démarche est d'amener de plus en plus de consommateurs à avoir des stocks suffisants au lieu d'acheter des petites bouteilles qui ont une durée très limitée. Ainsi, nombreuses sont aujourd'hui les villas qui se munissent de petites citernes pour le besoin en chauffage. Pacte de distributeurs Quelles que soient les différences entre les compagnies de distribution de gaz présentes au Maroc, elles sont d'accord pour réduire leur coût au niveau de l'emplissage des bouteilles. Comme un centre d'emplissage coûte au moins 50 millions de dhs, les distributeurs ont préféré former un pacte. «Une compagnie ne va pas investir dans un centre emplisseur pour produire 1000 tonnes par exemple. Il vaudra donc mieux, si on veut abaisser les coûts, se mettre à plusieurs», explique un distributeur de la place. En terme marketing, ceci n'entame en rien la qualité du produit, comme certains l'imaginent. Chaque associé a ses propres exigences de présentation et de qualité de remplissage. Par ailleurs, en ce qui concerne l'introduction du GPL carburant (GPLC) au Maroc, un carburant moins polluant que l'essence et qui est utilisé en Turquie et en Italie, Renzo Bee estime que cela relève de la rentabilité de son utilisation par les automobilistes. D'ailleurs sur ce sujet, les Turcs et les Italiens font marche arrière. Ils ont compris que ce gaz de par son coût élevé à la production ne peut pas indéfiniment remplir le rôle de carburant nonobstant son côté écologique. En revanche, s'il y a des recommandations à faire à ce niveau, c'est de le mettre sur des flottes captives comme les taxis, les bus, etc pour baisser le niveau de pollution.