Chaque semaine qui passe nous apporte son lot de suspensions et d'arrestations des fonctionnaires dans le cadre des affaires de trafic de drogue. Le week-end dernier, une dizaine de fonctionnaires ont été déchargés de leurs fonctions par le parquet général de la Casablanca. Décidément, l'opération «mains propres» déclenchée par la justice va mettre à jour des implications et des ramifications très graves. Sale temps pour les fonctionnaires de la région du Nord qui s'acoquinaient avec les barons de drogue. Après l'éclatement de l'affaire dite « Chrif Bin Louidane », qui a fait tomber plusieurs têtes dans l'administration, voici qu'un autre dossier similaire explose, mettant ainsi au grand jour les connexions très dangereuses que peuvent entretenir les barons de drogue avec les pouvoirs publics. Vendredi 29 septembre 2006, tard dans la soirée, une dizaine de fonctionnaires, présumés complices dans un vaste réseau international de trafic de drogue, ont été déchargés de leurs fonctions par le parquet général de la ville de Casablanca. C'est l'arrestation, le mercredi 27 septembre dernier, d'Ahmed Chouli, dit « Hmidou », un baron de drogue connu dans le bataillon longtemps recherché par les services de la police, qui dévoilera au grand jour les liens suspects de certains hauts fonctionnaires de la région du Nord avec les milieux de la drogue. Aux enquêteurs de la BNPJ, à qui l'on a confié l'affaire, Ahmed Chouli, n'a pas hésité, après avoir reconnu les faits qui lui sont reprochés, de balancer les noms de ses anciens protecteurs. Confrontations des prévenus Il s'agirait, selon un communiqué du procureur général près la Cour d'appel de Casablanca, de Boubker El Mounzil, colonel-major des Forces auxiliaires, Allal Mourchid, lieutenant-colonel des Forces auxiliaires, Abdelhaq Mouilah, commandant des Forces auxiliaires à Mdiq-Fnideq, Hassan Bojji, capitaine des Forces auxiliaires à Tétouan, Mohamed Iqraoune, lieutenant des Forces auxiliaires à Oued Laou, Abdelkader Toumi, sous-lieutenant de la Gendarmerie Royale à Tétouan, Mohamed Naciri, adjudant de la Gendarmerie Royale à M'diq et Abdelaziz Tahlaoui, adjudant de la douane à M'diq. Suspendus provisoirement de leurs fonctions, en attendant les résultats de l'enquête, les fonctionnaires cités par le narcotrafiquant Ahmed Chouli sont soumis presque au quotidien à la question par les enquêteurs de la BNPJ qui procèdent aux confrontations des accusés et au recoupement des informations recueillies. Le baron de drogue Ahmed Chouli a cité également, au cours de son interrogatoire, une quinzaine de narcotrafiquants activement recherchés et un certain Karim Saâdi, capitaine des Forces auxiliaires à Tétouan de son état, qui servait d'intermédiaire entre les trafiquants et les éléments des Forces de l'ordre en contrepartie de quelques millions de dhs en espèces sonnantes et trébuchantes. Il est notamment soupçonné d'avoir mis en contact certains trafiquants comme Ahmed Chouli et les fonctionnaires. Décidément, l'opération «mains propres» déclenchée par la justice va mettre à jour des implications et des ramifications très graves dans diverses administrations au nord du pays. Des arrestations en perspective.