L'invité de cette semaine, Aziz El Fadili, a fait ses premières armes dans le domaine des planches aux côtés de l'incontournable Tayeb Seddiki. Mais, lui, en plus du domaine théâtral, a tiré sur une autre ficelle artistique : celle des marionnettes. Un art dont il est l'un des précurseurs au Maroc. D'ailleurs, il n'a cessé de représenter notre pays au Festival mondial de la marionnette qui se tient à Charleville-Mezière en France et auquel prennent part des artistes de nombreux pays du monde. Si l'on vous propose un jour de choisir entre les marionnettes et le théâtre proprement dit, pour quel domaine votre coeur balancera-t-il ? Quand je prépare mes spectacles de marionnettes, je leur attribue des rôles, je les mets en scène et je les manipule. C'est comme ça mon théâtre à moi. Toujours à propos de marionnettes, on remarque que vous ne représentez plus le Maroc ces derniers temps, comme à l'accoutumée depuis la fin des années soixante-dix, au célèbre Festival mondial de Charleville-Mezière en France. Est-ce un choix délibéré de votre part ou bien les organisateurs ne vous invitent-ils plus à cette importante manifestation ? Depuis 1979, je participe régulièrement, en tant que représentant de mon pays, à toute les éditions de ce Festival. En l'an 2000, il m'a été confié par les organisateurs la responsabilité du pavillon Afrique où j'ai présenté “Le Petit Prince” d'Antoine de Saint-Exupéry. En cette année 2006, je suis invité à ce Festival qui aura lieu du 15 au 24 septembre. Malheureusement, je prépare ma participation avec le coeur serré. C'est que le Président-Fondateur de ce Festival, Jacques Félix, vient de quitter ce monde. C'était un grand ami. Le Festival lui rendra l'hommage qu'il mérite. On sait que tous vos enfants sont plus ou moins liés au domaine artistique. Ne trouvez-vous pas certaines petites difficultés à gérer ce genre de situation en famille ? Heureux sont les gens qui ont la richesse du coeur. Nous faisons partie de cette catégorie. Les difficultés font partie des règles de la vie. Il faut savoir les surmonter. C'est une question d'éducation et de volonté. Tant que l'on parle famille, franchement, vivez-vous à l'aise des rentabilités du domaine artistique. Si non, regrettez-vous aujourd'hui d'être devenu artiste et d'avoir orienté aussi vos enfants dans le domaine ? Aucune diffculté ! Je n'ai jamais imposé à mes enfants d'intégrer ce domaine. Ce sont des artistes-nés et chacun d'eux a suivi la voie où il s'est senti le mieux. Adil est réalisateur de cinéma et de télé. Il est aussi metteur en scène de théâtre. Rochdi s'occupe du son et de la lumière scènique. Lumière, fiction-télé et marionnettes; c'est mon bras droit. Hanane est humoriste, imitatrice et excellente comédienne. Enfin, Ghislaine est marionnettitse, en plus de son talent dans le domaine de la chanson. Elle accompagne aussi Hanane dans ses shows et assiste Adil dans ses réalisations des séries et des télé-films. Comment peut-on donc regretter ce magnifique cadeau divin ? La grande célébrité dont jouit votre fille Hanane, n'a-t-elle pas un peu caché ou plutôt éclipsé la vôtre ? A aucun moment, je n'ai eu le sentiment que ma modeste célébrité s'est éclipsée. Bien au contraire, il y a beaucoup de personnes qui me disent encore : nous regrettons tes animations du Bulletin-météo de jadis à la TVM. Et le plus extraordinaire, c'est quand un enfant de 9 ou 10 ans m'appelle “Baiyss”, alors que cette série-TV est passée il y a plus de 20 ans! Un certain nombre, réduit d'ailleurs, d'artistes, plus particulièrement casablancais, ne vous portent pas dans leur coeur pour des raisons qui les concernent. Avez-vous une explication à celà ? Un mot à leur dire? Les artistes (les vrais) se comptent sur le bout des doigts. Je ne me connais pas d'ennemis et s'il en existe, je leur dis tout simplement que la méchanceté gratuite se retourne toujours contre son auteur. Comment se portent aujourd'hui vos relations avec Tayeb Seddiki ? Actuellement, nous ne nous voyons pas beaucoup. Chacun est pris par ses préoccupations. Mais il est et demeure pour ma famille et pour moi-même un grand ami. Il est à mes yeux le grand Maître pour qui nous avons un grand respect. On ne vous voit plus à la télévision, est-ce un choix délibéré de votre part ? Eh bien, pour vous faire plaisir, cela va se faire bientôt “incha-allah”. Je tourne actuellement dans une série policière intitulée “La brigade”, réalisée par Adil El Fadili pour la SNRT. J'espère ainsi un grand retour. Pour cela, je fais entièrement confiance à mon fils. Si vous devenez subitement milliardaire, par quel geste artistique allez-vous commencer ? Merci pour ce bref moment de rêve ! Je commencerai d'abord par l'achat d'une maison pour ne pas rester locataire et pour que l'artiste que je suis puisse vivre à l'aise. J'équiperai ma troupe d'un matériel qui me permettra de me déplacer à travers les petits villages les plus éloignés du pays afin d'approcher les enfants les plus démunis. Sans oublier bien sûr un petit coup de main à mon ami Tayeb Seddiki qui se bat pour son projet de Théâtre. Quand vous découvrez que l'on vous met les bâtons dans les roues, est-ce que vous restez calme en faisant semblant de ne rien savoir ou bien vous vous révoltez énergiquement contre une telle situation? Le calme et la patience sont des éléments essentiels pour l'être humain. Ils font ainsi sa force. Si la vie était à refaire, pour quel autre métier auriez-vous opté ? Et pour quelle (s) raison (s) ? Mon métier, c'est de distraire les enfants, les faire sourire et les rendre heureux. C'est tellement beau quand l'innocence vous remercie à travers les applaudissements de petites mains sincères. Si un élément perturbateur, parmi le public, vous dérange dans l'enceinte d'un Théâtre ou dans la rue, comment affrontez-vous la situation ? Heureusement, je n'ai jamais été dérangé ni au Théâtre ni ailleurs. Loin du domaine artistique, comment et où passez-vous votre temps libre ?/ Chez moi, à lire ou devant le poste-télé pour suivre les infos ou les films. De quelle manière réagissez-vous en découvrant une critique gratuite et injuste à votre encontre dans la presse ? Cela m'arrive rarement. Et comme ça a été une fois le cas, j'ai contacté le journal concerné, je me suis expliqué d'une manière professionnelle et surtout très sincère. Est-ce qu'il vous est facile de renouer avec un confrère (ou un ami) qui vous a trompé une fois auparavant ? Pour moi, l'amitié est très sacrée. C'est tout ou rien ! Etes-vous du genre qui donne beaucoup d'importance aux apparences vestimentaires d'un artiste célèbre ? Un artiste doit respecter son public. Il est tenu de ne pas le décevoir en lui présentant une image négligée de soi-même... Avez-vous une définition personnelle à donner à ces quatre mots : Fidélité -- Divorce -- Jalousie -- Injustice. La Fidélité : c'est un grand respect vis-à-vis de l'autre. Le divorce : C'est le massacre d'un foyer. La jalousie : c'est le manque d'assurance en soi. L'injustice : c'est juger l'autre sans le connaître ! Approximativement, combien de temps par jour, vous postez-vous devant le petit écran ? Beaucoup de temps. Je dévore des yeux toutes les images qui défilent et qui m'intéressent. En dehors des artistes, fréquentez-vous beaucoup les gens ? Uniquement les membres de ma famille. A votre avis, quelle est la question la plus stupide que vous n'aimeriez pas qu'un journaliste vous pose ? Si, par exemple, quelqu'un me demande, après 40 ans de métier : “S'il vous plaît, racontez-nous vos débuts !” Alors, là...