La bataille de l'après-Johannesburg Le Sommet de Johannesburg pour le développement durable prendrait, cette année, des humeurs de va-t-en guerre. Une longue bataille devrait s'engager pour obtenir des résultats concrets contre la détérioration des écosystèmes et la dégradation des conditions de vie. BPour ce qui est du sommet mondial de Johannesburg pour le développement durable, tout porte à croire qu'on n'hésite pas à remettre les compteurs à zéro pour mieux prendre les devants face à la détérioration des écosystèmes. Cette année, les humeurs de va-t-en guerre prennent le dessus puisque du 26 août au 4 septembre les dirigeants du monde annonceront, du haut de leur tribune, les initiatives à prendre pour améliorer la condition humaine et protéger l'environnement. Tous s'accordent d'ailleurs à qualifier ce sommet d'occasion historique pour faire face à des menaces graves et croissantes au bien-être de l'homme. Au fil du temps, en effet, les points de bémol n'en finissent pas de prendre de l'ampleur: un tiers de la population mondiale vit avec un revenu de moins de deux dollars par jour, l'utilisation des combustibles fossiles augmente rapidement, les modes de production et de consommation continuent d'épuiser les ressources naturelles plus rapidement qu'elle ne peuvent se reconstituer, les trois-quarts des zones de pêche du monde sont exploitées au maximum voire au delà des limites permettant d'assurer leur viabilité, les glaciers des montagnes fondent lentement et les forêts mondiales se sont rétrécies d'une superficie plus large que le Venezuela au cours des dix dernières années. Ces tendances lourdes peuvent être inversée si on taille dans le vif pour prendre des mesures décisives. Et du coup ce sont des activités onéreuses qui risquent de pointer du nez mais le coût de l'inaction est aussi sans commune mesure. Par exemple, chaque année, la dégradation des terres et la désertification causent des dégâts estimés à 42 milliards de dollars et des pertes de revenu, alors que les mesures de prévention ne coûteraient que 2,4 milliards de dollars par an. Toutefois, aucune somme d'argent ne peut restaurer la diversité biologique perdue ni faire revivre les espèces animales une fois qu'elles ont disparu. La réunion de la communauté internationale à Johannesburg tombe à point nommé dans un contexte où l'Afrique australe est en train de déchanter face à une sécheresse qui a touché toute la région et qui agite le spectre de la famine. La pauvreté et le sida ajoutent à la confusion. Ce n'est donc pas un hasard si Kofi Annan, le Secrétaire général de l'ONU tient un disours alarmiste exhortant la communauté internationale à trouver des modèles de développement véritablement durables. Les chefs d'Etat et de gouvernement qui se renderont à Johannesburg pour forger une nouvelle trajectoire d'action rencontreront des représentants de groupes associatifs, communautaires et des milieux d'affaires, des agriculteurs, des chercheurs et universitaires, des syndicalistes, des autorités locales, des populations autochtones de tout bord, des jeunes... Bref, un sommet de toutes les rencontres qui devrait être le détonateur à la prise de mesures radicales et à la mise en place de partenariats. Résultats du Sommet Un plan d'action, telle est la marotte des organisateurs de ce sommet. Il devrait préciser les priorités et les mesures que les pays devront mettre sur les rails après Johannesburg. Une déclaration politique est également prévue à l'ordre du jour, que devront adopter les dirigeants du monde pour donner l'élan nécessaire et éviter tout désaveu politique. En somme cette rencontre servira de rampe de lancement à de nouvelles initiatives en matière de partenariat entre les gouvernements, les ONG et les entreprises en vue d'apporter des solutions particulières et sur-mesure au gré des problèmes qui se présentent. Des propositions visant à fixer des calendriers fermes pour obtenir des résultats mesurables et chiffrés sont fortement recommandées. Une longue bataille s'engage ainsi sur des questions qui méritent qu'on s'y attarde, notamment la réduction du nombre de personnes bénéficiant d'un système d'assainissement adéquat, la montée en puissance de l'utilisation de l'énergie renouvelable et l'élimination progressive des produits chimiques toxiques. D'autres questions en suspens qui ont trait au commerce et à la finance sont dans la ligne de mire de ce menu copieux : notamment l'allègement de la dette, l'accroissement des possibilités économiques pour les pays en développement, l'impact des subventions, l'augmentation de l'aide publique au développement et leur meilleur accès aux technologies.