Le cerveau humain est une merveilleuse machine… qui peut se tromper. Parfois, des choses, des êtres ou des faits peuvent être perçus sans stimulus extérieur. C'est une hallucination. Explications. L'hallucination psychiatrique est une perception sans objet, une sensation pathologique en l'absence de tout stimulus. C'est donc un trouble de la perception, qui s'impose à la conscience du malade et qui s'accompagne d'une conviction inébranlable. Le patient, réticent, se confie difficilement au médecin. Cependant, il existe des maladies neurologiques qui conduisent à avoir des hallucinations. Mais dans ce cas, le malade a une personnalité et une structure mentale normales : critique, il s'étonne ou se plaint spontanément de ses hallucinations. En psychiatrie, au contraire, l'hallucination appartient au domaine de la conviction délirante inébranlable qui échappe à toute logique et à toute attitude critique. Elle s'impose à la conscience du sujet et modifie son comportement. Classification Si nous pouvons nous prévaloir de la supériorité de notre cerveau, merveilleuse machine aux performances exceptionnelles, nous devons, en revanche, reconnaître la puissance limitée de nos appareils sensoriels. Ce sont des « fenêtres étroites » qui n'explorent qu'une partie de la réalité. Lorsque des choses, des êtres ou encore des faits sont vus, entendus, sentis en l'absence de tout stimulus extérieur, il y a hallucination. Dans les hallucinations, les centres sensoriels du cerveau fonctionnent seuls, alors que les récepteurs et les voies sensorielles ne leur transmettent aucune stimulation. C'est ce qui fait la différence d'avec l'illusion qui a pour point de départ une impression réelle. L'hallucination est caractérisée par la force de conviction qui l'accompagne. Des causes très nombreuses sont à l'origine des hallucinations. Elles sont les plus souvent l'expression d'une lésion organique. Il en est toutefois qui apparaissent dans des conditions qu'on peut appeler physiologiques. Il en est d'autres, difficiles à classer, qui sont mystiques. Celles dont la nature pathologique est évidente se répartissent en trois grands groupes : • Les hallucinations de nature psychiatrique ; • Les hallucinations des affections neurologiques ; • Les hallucinations d'origine toxique : drogues ou alcool. Ces trois causes sont d'ailleurs parfois réunies chez le même sujet, dans le cas, par exemple, d'un psychopathe épileptique, qui est alcoolique et/ou drogué. La psychose hallucinatoire chronique débute chez l'homme entre 30 et 40 ans et chez la femme plus tard vers 50 ans. Dans les mois qui précèdent, on retrouve souvent un événement déclenchant : difficultés professionnelles, économiques, maladies, divorce, deuil ... De différentes natures Les hallucinations sont très fréquentes lors des poussées délirantes des syndromes schizophréniques, en particulier paranoïdes. Il existe différentes natures d'hallucinations : *Les hallucinations visuelles Elles surviennent généralement en plein jour, mais l'obscurité ou la semi obscurité les favorisent. Elles ont les qualités essentielles de la perception visuelle : forme, relief, couleur et mouvement. Parfois, elles représentent des scènes étranges, jamais vues par le sujet, des paysages surréalistes, des allégories, ou même des incohérences de formes et de couleurs. Les hallucinations dites lilliputiennes correspondent à des scènes jouées par de petits personnages brillamment vêtus ou des animaux miniatures qui se poursuivent sur les étagères, les tables, le lit, dans un jeu rapide et chatoyant. Ce type d'hallucination est commun au cours des intoxications exogènes, spécialement de l'alcoolisme subaigu, et chez des sujets imaginatifs émotifs. Les malades réagissent différemment : quelques-uns assistent inquiets, amusés ou terrifiés. D'autres participent et, pris au jeu, se jettent sur l'assaillant imaginaire, lancent ce qui se trouve à leur portée, poursuivent ou tentent de fuir, au risque de se précipiter par la fenêtre. * Les hallucinations auditives Elles peuvent être simples et faites de bruits divers : sons musicaux, bourdonnements moteurs, sifflets, ronflements brefs et épisodiques. Elles peuvent être complexes et verbales : l'halluciné entend parler des voix, dont il peut préciser la tonalité, la hauteur et le timbre. En général, il s'agit de phrases courtes ou de mots, exceptionnellement de longs discours. La voix est entendue très clairement au point que certains hallucinés disent qu'elle pourrait être enregistrée. Elle est parfois reconnue comme celle d'homme, de femme, de « un tel », d'un parent, d'un ami, d'un voisin, mais avant tout ce n'est par la sienne. Il n'y a pas de secret entre lui et l'autrui « hallucinatoire ». L'halluciné est parfois en posture d'écoute, attentif, captivé, yeux mi-clos, les mains en cornet aux oreilles, la mimique expressive, comme quelqu'un qui est au téléphone. Certains ont des réactions vives. D'autres opposent le mépris, ou bien sont très affectés. Moins souvent, la réaction est joyeuse ou moqueuse. * Les hallucinations du goût et de l'odorat Elles surviennent en continu ou plus souvent par bouffées et sont rarement agréables. Ce sont généralement des odeurs repoussantes : pétrole, ammoniaque, puanteurs fétides, parfois inconnues. La perception anormale peut s'accompagner de grimaces, de nausées ou de vomissements. Les hallucinations gustatives, elles, sont généralement faites de goûts désagréables : salé, pourri, amer, acide, etc., et sont perçues en dehors de toute alimentation et rapportées parfois à la salive. *Les hallucinations tactiles et sexuelles Elles sont faites de sensations d'attouchements perçus sur diverses parties du corps, de fourmillements, picotements, de froid ou de chaleur, de piqûres, de brûlures, de courants électriques, de torsions. La sensation est parfois plus complexe : une main, un bête, des petits vers, des parasites, des insectes, un poids, soit sur les muqueuses : bucco-pharynx, anus, rectum, organes génitaux externes, vagin. Elles peuvent prendre les caractères d'un rapport sexuel et pareilles expériences sont racontées facilement avec des détails scabreux ou au contraire avec réticence et indignation. Des personnes ou le diable sont accusés. Des systèmes de défense sont imaginés : sous-vêtements de cuir ou de métal, pommades et vernis... *Les hallucinations psychomotrices Certains malades atteints d'hallucination motrice ou kinesthésique déclarent éprouver la sensation que tout leur corps est agité par des mouvements, alors qu'il n'en est rien. Ils ont l'impression qu'un de leurs membres s'est déplacé, alors qu'il n'a pas bougé. L'hallucination psychomotrice, au contraire, correspond à un mouvement que le malade déclare involontaire. Dans cette catégorie, peut être classée la sensation de la conservation d'un membre amputé et des mouvements qu'il accomplit. Le « membre fantôme » des amputés est une perception sans objet, ce qui est exactement la définition de l'hallucination… * Les hallucinations psychiques Elles sont généralement prises pour des transmissions de pensée : le malade a l'impression que sa pensée non exprimée est connue des autres. Son langage intérieur est répété « en écho de la pensée ». Les hallucinations psychiques sont verbales ou graphiques. Dans le premier cas, il y a ou réception ou émission. Dans le cas de la réception, des paroles venues d'ailleurs s'imposent au sujet. On observe alors trois conduites : soit une attitude d'écoute : lors d'une conversation, l'halluciné s'interrompt, prête attention, s'en excuse et se plaint qu'ils ne le laissent pas tranquille. Soit il se met à parler avec un interlocuteur absent, se tait comme pour recevoir une réponse et reprend la conversation. Soit encore il se bouche les oreilles avec du coton. Il s'agit le plus souvent de mots et non de sons, d'une personne connue par l'halluciné ou d'un homme public…, parfois d'une langue étrangère. Dans le cas d'une émission, l'halluciné articule avec ses lèvres, sa langue et tout son appareil locomoteur des mots, des propos qu'il ne prend pas à son compte. Il prétend qu'on se sert de sa langue avec une voix qui n'est pas la sienne. Parfois il établit un dialogue. Il accomplit un geste commandé par les voix soit passivement soit après discussion. Le discours lui est dicté avec immédiate obligation de le répéter à haute voix. Il le connaît seulement au fur et à mesure qu'il le prononce. Dans tous les cas, le langage est mécanique et le malade se sent agent conscient mais passif et asservi. D'extraordinaires observations d'hallucination verbale et verbo-motrice sont retrouvées dans les cas historiques de prophétie, de sorcellerie et de démonopathie. Toute hallucination peut conduire à la construction d'un délire. Les hallucinés, en particulier verbaux, ont souvent un psychisme perturbé par des sentiments de jalousie, de haine, de méfiance, d'angoisse. Les hallucinations du langage apparaissent chez les sujets dont la personnalité est plus ou moins sévèrement atteinte. A l'origine des hallucinations parlées, intervient l'abaissement du niveau de conscience, ce qui explique leur apparition fréquente et plus nette dans la période qui précède le sommeil.