Qui sont les candidats à la célébrité ? Quelle est leur motivation ? Leur profil psychologique ? Le point sur les avantages et les inconvénients de faire la une des magazines… Dans nos sociétés modernes où les médias sont omniprésents, la réussite se mesure à la capacité de faire parler de soi. Car si beaucoup d'entre nous ne sont pas obsédés par le succès, les fous de gloire ont un moi idéal surdimensionné. Ce moi idéal, qui apparaît vers 3 ou 4 ans chez tout le monde, sous-tend l'ambition : il est donc nécessaire pour accomplir sa vie. Mais il peut aussi se mettre à déterminer la majeure partie de la vie psychique, au point qu'émergent les tendances exhibitionnistes et mégalomanes : dans ce cas, le futur adulte est bon pour la course au succès. Combler un manque Si vous avez manqué d'amour ou du regard bienveillant de votre mère, il y a de grandes chances que vous soyez en quête de reconnaissance. D'après Marie Haddou, psychiatre chargée des néo-célébrités du Loft, la première émission de téléréalité française lancée par M6 en 2001, «c'est la blessure narcissique qui est en jeu». Et dans ce cas, le fait de devenir célèbre s'inscrit dans un processus de réparation. Mais à l'inverse, l'enfant peut faire l'objet d'une projection parentale : «Tu seras tennisman, mon fils !». Dans ce cas, l'enfant se sent investi d'une mission et la célébrité vient combler un manque venant du père ou de la mère. Ce monde fondé sur le paraître, au lieu de l'être, a également son rôle à jouer. Amoureuse de son reflet, tel narcisse, la société valide toute reconnaissance médiatique, télé, journaux, etc., quel que soit le motif. « C'est frappant : les gens ont envie de passer à la télévision, pas tant pour ce qu'ils sont, mais pour ce qu'elle montre», poursuit la psy. D'où cet intérêt pour ces émissions de téléréalité où des gens s'exhibent non pour leur talent, mais uniquement pour avoir le sentiment d'exister. Comme si le fait d'exister trouvait sa raison d'être sous les sunlights. Côtés positifs, côtés négatifs A priori, l'argent et la reconnaissance sont les deux trophées de la célébrité. Il suffit de lire les journaux à potins pour voir que les stars s'éclatent : shopping de luxe, vacances aux Seychelles, ski en Suisse… La célébrité, en théorie, cela rapporte gros. Enfin, sous nos cieux, pas tant que cela, et cela explique aussi la lassitude et le désir de revanche, «d'exister» à l'étranger de «nos» stars. Mais si le star system, au Maroc, n'existe pas encore, une constante demeure : quand on est célèbre, les gens vous aiment. Dans les lieux publics, les fans veulent absolument embrasser, toucher l'objet de leur culte... «Cela renvoie à une relation archaïque où la mère vous touche et donc elle vous aime», commente la psy. Et cela fait du bien aux stars ! En revanche, la confusion entre l'image publique et privée guette la star, avec à la clé la perte de son identité. En effet, à force de n'être qu'une image, qu'un personnage public, le personnage privé s'efface. L'un des aspects négatifs de la célébrité est la perte de l'intimité. «Dans la vie, l'intimité permet de faire ce dont on a envie, d'être soi-même, naturel, authentique… de sortir du rôle social», commente Marie Haddou. La perdre rend très vulnérable. Lorsqu'on n'a plus du tout de moment à soi, on court le risque de se perdre. Attention aussi à la dépendance : «Les stars doivent envisager que leur célébrité puisse ne pas durer», précise la psy. Pour beaucoup d'entre elles, cette image doit être nourrie en permanence, car dans le cas contraire, elles peuvent sombrer dans une profonde dépression. Pour une star, il n' y a rien de pire que la traversée du désert.