Au Maroc, le piratage bat son plein. Le pays est désormais une plaque tournante et semble être de plus en plus le terrain de prédilection des contrebandiers et des aventuriers de tous bords. Des Cd-rom à peine sortie sur le marché qui vous coûteront les yeux de la tête sous d'autres cieux ou dans les magasins ayant pignon sur rue sont disponibles pour quelques brochettes de centimes dans la boutique du coin. Il suffira pour ce faire d'un brin de curiosité et de quelques pas à défaut de bus ou de taxi. Vous n'avez donc plus le droit de ne pas être in dans un monde qui se mondialise. Les mordus de l'informatique s'en donnent à cœur joie au grand dam des ingénieurs de Microsoft ou d'ailleurs. Equiper son PC devient alors un jeu d'enfant à la portée de toutes les bourses : dictionnaires, encyclopédies, jeux, musique, programmes... impossible de ne pas trouver ce que l'on cherche devant le foisonnement incroyable de logiciels qui inondent le marché et qui rivalisent sans scrupules avec le cours des patates et des oignons. A Casablanca, avec l'incontournable Derb Ghallaf, tout comme à Oujda et son fameux souk Fallah, les Cd-rom gravés font le bonheur d'une clientèle assoiffée de nouveautés. Les lieux sont très achalandés et l'on dépense sans sourciller tellement les prix sont bas. 10 dirhams le CD, parfois moins et vous voilà repartis avec vos collections favorites. Et si vous ne trouvez pas par hasard ce que vous cherchez, ne vous faites pas de bile. On notera les références et vous serez servis le plus tôt possible et autant que faire se peut. Il paraît qu'ils ont l'esprit de l'entreprise ces ingénieurs de l'ombre et l'on ne peut que saluer leur disponibilité et leurs applications dans les services qu'ils rendent aux plus défavorisés. C'est un petit peu cela la mondialisation et après tout le piratage comme la charité doit commencer bel et bien par soi-même. Les citoyens à court d'argent pour peu qu'ils aient un petit ordinateur peuvent avoir accès à toute une gamme de produit des plus récents sans trop se serrer la ceinture ni les dents. Ainsi, la nouvelle version de Windows XP était disponible sur les étalages moins d'un mois après sa sortie au pays de l'oncle Sam et pour une bouchée de pain. Bill Gates va sûrement s'arracher les cheveux cette fois-ci, lui qui n'avait cessé de multiplier les déclarations sur la prochaine mise en œuvre d'un système anti-piratage performant. Toutes les prouesses technologiques de monsieur informatique à la fortune colossale sont tombées à l'eau et avec un fracas épouvantable. On ne peut que remercier ces braves gens qui militent pour mettre la connaissance et le savoir à la portée de monsieur tout le monde, loin de cet esprit d'entreprise avide de gain et qui ne cherche qu'à réaliser des chiffres d'affaires faramineux. La mondialisation a cela de grave qu'elle se désintéresse complètement de la personne humaine. Casque sinon casse-toi ! Le monde n'est pas une marchandise et le piratage des logiciels est une façon d'exprimer le refus de cette logique marchande qui se propage dangereusement et qui touchent les produits pharmaceutiques, les valeurs culturelles, la technologie, le sport, le sexe, le droit à l'information... des centaines d'ONG dans les quatre coins du monde se sont mobilisées pour tenter de stopper ces pratiques contraires à toute éthique humaine. Elles militent pour une société plus équitable et plus juste. Le piratage n'est qu'une facette de ce dépit généralisé qu'éprouvent les couches les plus défavorisées.