Cette technique consiste à reconstituer les circonstances du suicide. Un travail d'enquête poussée qui contribuerait à mieux prévenir le passage à l'acte, selon des experts de l'Inserm. Mieux comprendre les circonstances d'un suicide et l'état d'esprit de la victime au moment de son acte pourrait contribuer à la prévention du suicide. Telle est la conclusion d'un rapport d'expertise publié jeudi par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). "Avec près de 11.000 décès enregistrés chaque année, la France est l'un des pays industrialisés les plus touchés par le suicide", écrivent les spécialistes. Et de souligner que le suicide "constitue la première cause de mortalité chez les jeunes". Au moins 90% des suicidés souffrent de troubles mentaux (trouble de l'humeur, trouble bipolaire, schizophrénie, abus ou dépendance à l'alcool, trouble de la personnalité) contre 27% dans un groupe témoin, selon des données publiées dans la littérature scientifique internationale. Ces différents facteurs de risque ont été identifiés en interrogeant minutieusement l'entourage de celui qui s'est donné la mort au moyen de l'"autopsie psychologique". Enquête sur le suicide Cette technique consiste à "reconstituer les circonstances psychologiques, sociales et médicales entourant le décès d'une personne suicidée". Détails de la mort, histoire familiale, conditions de travail, santé physique et mentale, éventuelles conduites suicidaires antérieures, réaction des proches sont ainsi décortiqués. Pratiquée dans plusieurs pays (Canada, Royaume-Uni, Finlande...), l'autopsie psychologique reste "très confidentielle" en France, relèvent les experts. Facteur de prévention pour l'avenir, l'écoute des proches endeuillés doit intervenir de préférence "entre deux et six mois après le suicide", c'est-à-dire une fois la période "la plus douloureuse du travail de deuil dépassée". Elle pourrait également jouer un rôle "thérapeutique" pour l'entourage, souligne le rapport. Evaluation requise La distinction entre tentative de suicide grave et suicide "s'estompe peu à peu", en particulier, "du fait de l'efficacité de plus en plus grande des services de réanimation", pointe par ailleurs le document. Autre piste à creuser pour améliorer la prévention : l'étude des marqueurs biologiques et la recherche de facteurs génétiques de "vulnérabilité", susceptibles de constituer un terrain de prédisposition au suicide indépendamment des troubles mentaux. "Œuvrer à la prévention du suicide est une priorité en santé publique et la méthode que représente l'autopsie psychologique peut y contribuer", concluent les experts. Reste à évaluer "sa faisabilité dans le contexte médical et juridique français et [à] définir les conditions de sa mise en pratique".