1- Vous êtes Président de l'OBSERVATOIRE MAROCAIN DES POLITIQUES PUBLIQUES (OMPP). Pourquoi ce projet ? L'idée de l'OMPP a vu le jour après l'adoption de la nouvelle constitution qui a donné une grande importance aux mécanismes de contrôle des institutions et organismes publiques et qui les a qualifiés comme une condition indiscutable pour assurer la bonne gouvernance. Notre pays a besoin d'organismes indépendants d'analyse et d'évaluation des dispositifs et des pratiques mises en œuvre par les différents acteurs publiques. Nous vivons aujourd'hui l'aire de la polémique politique par excellence, et malheureusement le débat autour des politiques publiques et autour de la rentabilité des secteurs économiques et sociaux est très politisé. Quand les enjeux et appartenances politiques sont pris en considération, les jugements et les conclusions de chaque travail d'évaluation et de suivi tombent de la subjectivité. Dont la nécessité d'un centre d'études qui fait ce travail en se basant sur des principes et des méthodes de travail purement scientifiques. Les initiateurs de cette idée sont principalement des jeunes cadres et compétences marocaines installés dans les différentes villes du royaume et de plusieurs marocains résidents à l'étranger qui sont convaincu par cette idée et qui ont déjà formé des équipes de travail pluridisciplinaires prêtes à produire un travail de qualité. 2- Où en est-il aujourd'hui ? La charte du projet a été réalisée par une commission qui a reçu les propositions des chartes de tous les membres et qui a pris en considération tous les points de vue. Les objectifs, les mécanismes d'actions, l'organisation interne et même le plan d'action ont été bien définis en adoptant une approche participative entre tous les initiateurs du projet. La commission scientifique de l'observatoire a formaliser une méthodologie rigoureuse de suivi et d'observation. Notre premier rapport semestriel va être publié en Juin 2014. 3- Est-ce que l'OMPP a une couleur politique ? L'OMPP est un organisme indépendant qui appartient à une seule doctrine, c'est la doctrine cartésienne des sciences économiques. La plupart des initiateurs de ce projet n'appartiennent à aucune formation politique. Et même si certains membres fondateurs ont des appartenances politiques différentes. Ils enlèvent leurs casquettes de partis dès qu'il s'agit de l'OMPP. Je souligne que c'est un projet purement académique qui a pour objectif d'assurer un suivi de la situation macroéconomique et sociale du pays et tous les membres sont conscients que la valeur ajoutée de l'OMPP pour ce pays est loin de toute spéculation politique 4- Comment les initiateurs de cet observatoire comptent apporter leurs concours aux différents acteurs ? L'OMPP se veut une institution neutre qui remplira le rôle du suivit et d'évaluation des politiques publiques sectorielles : Politiques économiques (Industrie, Commerce international et services, Tourisme, Agricultures...) Politiques sociales : Santé, Education, Habitat, culture, Jeunesse et sport.... Politiques gouvernementales en justice, administrations publiques, Environnement... etc L'outil phare de suivit sera essentiellement le bulletin semestriel de l'Observatoire qui va donner des rapports de situations des réalisations des politiques dans ces secteurs. En plus du rapport semestriel, l'Observatoire va organiser des meetings, tables rondes, journées d'études pour donner des propositions concrètes et améliorer le débat public au tour de ce sujet. Il sera aussi présent dans les évènements organisés par les autres instances qui s'intéressent au même sujet. 5- Vous présentez l'OMPP comme une plateforme pour le suivi et l'évaluation des actions de politique économique et sociales des pouvoirs publiques et une force de proposition en matière de programmes et plans d'actions économiques et sociaux. Comment vous comptez procéder pour vous faire entendre et vous imposer ? D'abord, les membres de l'observatoire vont plaidoyer et faire un grand travail de sensibilisation dans les medias (journaux, télévisions, radios…) Et c'est la qualité et la subjectivité de nos rapports qui seront rédigés par une équipes constituée de plus d'une trentaine de jeunes compétences académiques et scientifiques, de cadres et d'hommes d'entreprises marocains encadrés par une poignée d'économistes qui donnera la valeur et la crédibilité nécessaires à nos rapports. Je précise que notre travail n'est pas de produire des chiffres macroéconomiques, mais il consiste plus à comparer les chiffres du HCP, du ministère des finances, de la banque centrale et même celles de la banque mondiale. Nous évaluerons les écarts entre ces chiffres, nous préciserons quelles sont les statistiques les plus proches de la réalité. Ensuite nous donnerons des conclusions, des recommandations et surtouts des diagnostiques et des états de lieux de réalisation des différents chantiers au Maroc. Comme vous le savez, il n'y a aucune statistique qui mesure l'avancement de réalisation des différentes politiques sectorielles (Plan EMERGENCE, Vision 2020, Plan Maroc numérique, Plan Maroc vert…). Notre pays souffre d'un manque énorme d'organismes d'étude, d'évaluation et de suivi permanant de notre tissu économique et social et l'observatoire a vu le jour pour répondre à cette cause 6- Quels sont vos projets en perspective ? Après sa première année, l'OMPP compte lancer son projet « vision 2025 ». C'est un projet qui essaye, en se basant sur les méthodes d'extrapolation scientifique de faire une projection dans le futur et établir un scénario et une vision de notre situation économique et sociale en 2025. Ce qui serait un peu spécial dans ce projet, c'est qu'une deuxième équipe va travailler en parallèle et va faire une enquête sur terrain pour nous dire comment les jeunes d'aujourd'hui imaginent le Maroc de 2025. Sûrement, en comparant les 2 résultats il y aurait un très grand écart entre les 2 visions, celles des jeunes qui « rêvent » d'un Maroc saint et sauf, et celle des économistes qui restent beaucoup plus réalistes. 7- Un dernier mot ? Je remercie tous les membres de l'OMPP qui ont fourni un grand effort et qui ont montré un grand engagement dans ce projet. Les conditions de travail sont extraordinaires et nous nous considérons comme une grande famille qui rêve d'un Maroc meilleur.