La généralisation de la mobilité - notamment avec le BYOD qui voit les entreprises laisser aux salariés la possibilité d'utiliser leur propre smartphone ou tablette - est à la source d'un profond bouleversement des informatiques d'entreprise. Qui doivent s'adapter pour suivre le rythme d'évolution des technologies grand public. Le phénomène du BYOD (Bring Your Own Device) s'inscrit dans une mutation bien plus large des informatiques d'entreprise, mutation consécutive au développement des usages grand public des technologies de l'information. Et qui se traduit par un changement de perception chez les salariés. Même s'ils comprennent qu'une infrastructure intégrée et sécurisée demande du temps, ils n'acceptent plus de travailler dans leur entreprise sur des équipements qui restent à la traîne de leurs usages à domicile. Cette évolution des utilisateurs vis-à-vis de leurs outils explique que certains d'entre eux soient prêts à amener leurs propres terminaux mobiles dans l'entreprise. Le BYOD s'inscrit donc bien dans un changement de paradigme, qui va bien au-delà d'une entreprise signant un chèque à ses salariés pour qu'ils achètent leur smartphone préféré. Pour la DSI, c'est un bouleversement. Plutôt que de fournir des moyens intégrés de bout en bout, elle doit désormais offrir des facilités, un catalogue de services de base mais aussi la capacité à connecter des terminaux de différentes natures (iPad, iPhone, terminaux Android...), avec pour chacun un set de services applicatifs. Surtout, elle doit être en mesure d'associer les facilités offertes non seulement au profil de l'utilisateur mais aussi au contexte dans lequel il se connecte (locaux de l'entreprise, aéroport, cybercafé, etc.). Une informatique forcément plus centralisée Cette conception oblige à repenser de fond en comble la sécurité, et à passer d'une politique consistant à dresser des barrières tout autour de l'entreprise à une autre basée sur l'analyse du contexte, une sécurité plus dynamique qui laisse un certain nombre de portes ouvertes en fonction du profil de risques que présente tel utilisateur à un instant t. La définition que nous avions de la sécurité, qui s'étendait jusqu'aux postes de travail des utilisateurs, devient obsolète. Du fait de l'arrivée de nouveaux points d'accès, hors du contrôle de l'entreprise - c'est le principe même du BYOD -, elle ne peut plus s'appliquer qu'à un ensemble plus petit. Ce qui a un impact sur l'endroit où vont résider les données. L'informatique d'entreprise "post-BYOD" est donc nécessairement plus centralisatrice. Concrètement, cela se traduit par une généralisation de la virtualisation des postes de travail ; cette technologie, apparue dès le début des années 90, permet de distribuer des environnements applicatifs en faisant abstraction de la nature des machines qui y accèdent. L'objectif étant d'aboutir à la création de "bulles applicatives" sécurisées, montant sur le terminal de l'utilisateur en fonction du scénario de connexion et n'y laissant aucune donnée une fois les opérations effectuées. Ce n'est qu'ainsi que la DSI pourra accompagner le rythme actuel de renouvellement de l'informatique grand public. Passer de façon transparente d'un terminal à l'autre Cette recentralisation n'est d'ailleurs pas mal vécue par les utilisateurs. D'abord parce que, pour eux, les applications d'entreprise ne constituent qu'une des destinations possibles sur leurs terminaux où se mélangent usages pro et perso. Ce qui signifie aussi que l'entreprise ne peut pas se montrer trop intrusive sur ces terminaux. D'autre part, les utilisateurs souhaitent qu'on leur offre la possibilité de passer d'un terminal à l'autre tout en retrouvant leur environnement habituel, un concept avec lequel ils sont aujourd'hui familiarisés. La virtualisation répond bien à ces deux impératifs. Passant par une compréhension très fine des différents usages des postes de travail, cette mutation des systèmes d'information se traduit par un projet assez lourd pour l'entreprise, d'autant qu'il implique des dimensions RH. Ce travail d'analyse est incontournable pour maximiser les bénéfices - en orientant l'utilisateur vers le terminal avec lequel il sera le plus productif - et éviter de multiplier les terminaux, ce qui est impossible en période de restriction budgétaire. Par ailleurs, la généralisation des terminaux mobiles, via les politiques dites BYOD, confère un nouveau potentiel aux utilisateurs, potentiel susceptible de modifier en profondeur l'organisation du travail. Ignorer ce potentiel et les possibles impacts des outils mobiles sur l'organisation des métiers reviendrait à passer à côté d'un des principaux bénéfices du BYOD. Par : http://technologies.lesechos.fr