C'est un jour ensoleillé comme on en voit beaucoup au mois de juin. M. Boundif, voulant profiter du beau temps pour faire une promenade, se décide à sortir de son appartement du quartier El Maârif, et voir de plus près les résultats de sa compagne contre ce voisin si mal réputé, et si haï par les amoureux de mère Nature… la pollution, ou la saleté en général. En parcourant les rues paisibles de son quartier, la première impression de notre cher ami était des plus favorables ; tout luisait de propreté, jusqu'aux poubelles. M. Boundif était aux anges, et son enthousiasme était tel, qu'il se décida à faire le tour du grand Casablanca pour sentir l'odeur de la propreté à chaque pas qu'il ferait. Hélas, il était écrit que la bonne humeur de ce cher monsieur ne durerait pas longtemps. Plus il s'éloignait de son aimable quartier, plus le décor se défigurait. Les ordures encombraient les rues, les voitures délabrées toussaient de la fumée noire, les usines plantées au milieu de zones habitées fumaient à flots tels des volcans déchaînés, le bruit de la circulation était insupportable…. Désespéré, M. Boundif cherchait comme un fou un peu de verdure, un peu de silence, mais en vain. Les gens le bousculaient, lui criaient dessus, et un garnement a même osé le traiter de sale bâtard. Comment !! lui, sale… c'était le mot à ne pas prononcer devant M. Boundif -la fin de l'insulte ne le touchait pas, puisqu'il savait qu'il était de la pure race des Boundif, et qu'il descendait directement du grand vizir Boundif qui étêtait tous ceux qui osaient salir l'honorable terre du royaume-. M. Boundif regrettait son doux et calme appartement, son paisible quartier, et il détestait toute cette populace qui ne comprenait rien à sa noble cause, et qui n'avait pas été touché par les films publicitaires qu'il avait tant peiné à préparer. Donc, furieux, il revint chez lui, et raconta tout ce qui lui était arrivé à sa bonne femme, et il conclut par cette sage parole : “Avant de nettoyer nos plages et nos rues, nettoyons d'abord le cerveau des gens.”, et sur ces belles paroles, M. Boundif prit sa boîte de cigarette où on pouvait lire, très difficilement, et après un examen minutieux, cette phrase “Les cigarettes tuent”, il prit une de ces cigarettes tueuses, l'alluma, et se mit à jeter des bouffées de fumée, content des sages paroles qu'il avait dites à sa chère femme, et se demandant comment elle avait pu attraper froid pendant un si beau temps, car la pauvre femme toussait à se déchirer la gorge.