Quand les jeunes défavorisés de Los Angeles s'expriment Après le breakdance, le look, le pooping et le newstyle, voici le krump ou la danse du ghetto. Le krump, c'est un coup de poing dans la danse, une alternative au hip hop, inspirée des danses africaines et inventée par les jeunes des ghettos de Los Angeles, pour échapper à la violence et aux gangs, c'est un univers fascinant qui dégage une énergie folle. Le krump est un véritable mode de vie et évite de faire des bêtises dans la rue. Les battle (duels, défis) remplacent les combats entre gangs et sont ouverts à tous et à toutes les morphologies. Les battle sont comme des « bals des rues ».les krumpers se cachent derrière un masque, ils sont libres de danser comme ils veulent. Les krumpers aiment se grimer, se peindre le visage. Un mélange d'autodérision et de tribalisme. Le parallèle est étonnant mais plein de sens : visages peint, corps dénudés qui se frôlent ou s'entrechoquent, affrontements mis en scène, codes à connaître et respecter. Le krump, c'est la face cachée de la vie d'un krumper, de ses peurs et de ses angoisses. C'est aussi le chemin vers plus d'estime de soi et vers la liberté. Quand on danse le krump, tout est possible, il n'y a pas de limites. Rize, le film qui a révélé le krump Rize débute sur un avertissement : « Aucune image de ce film n'a été accélérée ». La précision est de taille car tout au long du documentaire de David La Chapelle sur le krump, la virtuosité et la vitesse avec lesquelles les danseurs s'exécutent laissent pantois. Certaines scènes ont même été ralenties ( !) pour mieux apprécier la beauté des gestes qui composent le krump. A première vue, l'enchaînement frénétique de mouvements saccadés, qui fait bouger l'ensemble du corps, paraît incongru. Comme une crise d'épilepsie en musique... certains en arrachent mêmes leurs vêtements ou terminent en transe. Le photographe David LaChapelle a suivi les acteurs de ce phénomène urbain, né dans les quartiers pauvres et noirs, et en pleine explosion à Los Angeles. Il a su instaurer une relation de confiance qui lui permet de suivre les jeunes dans leur quotidien. Il avait commencé par un court-métrage sur le sujet, Krumped, en 2004. Rize en est la continuité. C'est aussi le premier long métrage de cet Américain né dans le Connecticut en 1969 et qui a photographié tous les grands noms du hip hop. « Le krump, c'est tellement différent de toutes les autres danses hip hop que l'on a connues jusqu'à présent. En voyant des danseurs krumper, j'ai eu le même choc que lorsque enfant à New York, j'ai vu du breaking pour la première fois », explique-t-il.